Le débat sur la possibilité de ralentir ou d’arrêter le processus de vieillissement passionne. De nombreux travaux sont en cours pour comprendre comment vivre plus longtemps tout en étant en bonne santé. Dans une étude récente, une équipe de chercheurs européens a étudié le rôle d’une enzyme dans le vieillissement chez cinq espèces différentes, y compris les humains, et a démontré comment la manipulation de cette molécule pourrait prolonger la durée de la vie.
L’ARN polymérase II est une enzyme présente dans toutes les cellules. Elle joue un rôle important dans le vieillissement en modifiant le processus de transcription de l’ADN en ARN. La transcription de l’ADN en ARN puis sa traduction en protéines est un mécanisme indispensable au bon fonctionnement de notre organisme.
Des chercheurs de l’université de Cologne, de l’université de Médecine de Göttingen et de l’University College de Londres ont étudié les modifications du mode de fonctionnement de l’ARN polymérase II lors du vieillissement chez différents organismes tels que les nématodes, les drosophiles, les souris, les rats et les humains. Leurs travaux ont été publiés dans Nature.
Modifier génétiquement l’ARN polymérase II
Les auteurs ont constaté que la vitesse de fonctionnement de l’ARN polymérase II augmentait avec l’âge et que la fidélité de la transcription diminuait chez toutes les espèces.
Ces erreurs de transcription peuvent conduire à la survenue de maladies telles que des cancers. Les chercheurs ont également pu mettre en évidence que la modification génétique de l’ARN polymérase II chez les vers et chez les drosophiles permettait d’augmenter leur durée de vie de respectivement 10 % et 20 %. De même, les interventions visant à allonger la durée de vie chez les souris, les drosophiles et les vers par l’inhibition de la signalisation de l’insuline et la restriction alimentaire ont ralenti la vitesse de la polymérase II.
ET S’IL ÉTAIT POSSIBLE DE RALENTIR LE VIEILLISSEMENT GRÂCE À DES MANIPULATIONS GÉNÉTIQUES ? © PIYASET, ADOBE STOCK
Augmenter le nombre d’histones
La structure de la chromatine, composée d’histones et de brins d’ADN, joue un rôle important dans la vitesse de la polymérase II. Les cellules plus âgées contiennent moins d’histones, ce qui permet à la polymérase de se déplacer plus rapidement. Lorsque les chercheurs ont augmenté le nombre d’histones dans les cellules, la vitesse de la polymérase II a diminué ainsi que le nombre d’erreurs de transcription. La conséquence directe a été l’augmentation de l’espérance de vie des mouches et du potentiel de division des cellules humaines.
Cette étude permet de mieux comprendre les mécanismes de vieillissement et de confirmer que l’ARN polymérase II joue un rôle important dans ce processus. De plus, elle montre que les mécanismes de vieillissement peuvent être similaires chez des espèces très différentes, comme l’Homme et le ver. À terme, ces résultats pourraient peut-être déboucher sur des applications ayant pour objectif de ralentir le vieillissement, voire de prolonger la vie des humains.
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