Sans surprise, Miguel Diaz-Canel, candidat unique à sa réélection, a remporté un second et dernier mandat de président mercredi à Cuba, avec 97,66 % des voix. Il a été chargé d’accélérer la lente réforme économique initiée par son prédécesseur Raul Castro, il n’a pas réussi à enrayer la crise que traverse l’île depuis 2018.
Miguel Diaz-Canel, 62 ans, a sans surprise été réélu mercredi 19 avril à la tête de l’île communiste de Cuba pour un second et dernier mandat, dans un pays où l’opposition est illégale et qui traverse sa pire crise économique en trois décennies. La candidature unique de cet ingénieur en électronique de formation a recueilli 97,66 % des voix des 470 membres de l’Assemblée nationale.
« Compte tenu des résultats annoncés, je déclare Miguel Mario Diaz-Canel Bermudez président de la République », a déclaré Esteban Lazo, le président de l’Assemblée nationale en présence de Raul Castro, 92 ans.
Miguel Diaz-Canel, Premier secrétaire du PCC depuis 2021, a été en 2018 le premier civil à prendre les rênes du pays après les présidences des frères Fidel (1926-2016) et Raul Castro, au pouvoir depuis le triomphe de la révolution cubaine en 1959. Il a été chargé d’accélérer la lente réforme économique initiée par son prédécesseur et mentor politique Raul Castro (2008-2018).
Mais il n’a pas été capable d’enrayer la crise que traverse Cuba depuis 2018. Elle est la pire depuis trois décennies, avec des pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant, dues au renforcement de l’embargo américain en place depuis 1962, et aux conséquences de la pandémie de Covid-19 que le gouvernement a combattu avec des vaccins conçus et développés nationalement.
Début 2021, il a mis en œuvre une vaste réforme monétaire mettant fin au taux d’un dollar pour un peso cubain qui prévalait depuis des décennies, mais elle a engendré d’importantes distorsions dans l’économie nationale. Il a également encouragé le travail indépendant et autorisé les PME, mais ces mesures se sont révélées insuffisantes pour améliorer la situation économique.
« Il n’a pas fait une transition complète et globale vers une économie mixte », juge l’expert cubain en relations internationales Arturo Lopez-Levy, basé aux États-Unis. « Certains changements économiques (prévus) n’ont pas eu lieu, et d’autres ont laissé beaucoup de scepticisme quant à leur mise en œuvre. »
La réforme monétaire a provoqué une spirale inflationniste et une forte dévaluation du peso, soulevant un fort mécontentement dans la population. La monnaie cubaine est passée en deux ans de 24 à 120 pesos pour un dollar au taux officiel, tandis que sur le marché noir elle est cotée à 185 pesos pour un dollar.
« Rares réussite »
Miguel Diaz-Canel s’est dit « mécontent » de ne pas avoir pu « promouvoir un ensemble d’actions plus efficaces pour résoudre ces problèmes » économiques, lors d’une récente interview à La Havane avec la chaîne de télévision libanaise al-Mayadeen, jugée proche de la Syrie et de l’Iran.
Pour l’opposant Manuel Cuesta, l' »évidence » de sa « réélection » intervient « au milieu d’une double crise économique : celle du modèle et celle des pouvoirs politiques étatiques chargés de trouver des solutions appropriées ».
L’une des « rares réussites » de Miguel Diaz-Canel a été « la transition vers un régime dirigé par une nouvelle génération née après 1959, qui ne porte pas le nom de Castro », estime Jorge Duany, de l’Université internationale de Floride. Il souligne cependant que son « plus grand échec a été la mauvaise gestion des manifestations » de juillet 2021, les plus importantes sur l’île depuis 1959.
Elles ont fait un mort et des dizaines de blessés. Plus de 1300 personnes ont en outre été arrêtées et près de 500 condamnées à des peines allant jusqu’à 25 ans de prison, selon l’organisation de défense des droits de l’Homme Cubalex, basée à Miami. La crise a entraîné l’exode sans précédent de plus de 300 000 Cubains au cours de la seule année 2022.
Miguel Diaz-Canel a su tirer les ficelles de la transition entre la génération historique et celle qu’il représente, mais selon Arturo Lopez-Levy, il a été piégé par son propre slogan selon lequel il représente la « continuité », alors que « ce que le pays demande (…) est un changement continu ».
AFP