Après plusieurs mois de vives tensions, l’archevêque de Strasbourg Luc Ravel quitte ses fonctions. «La paix étant le bien suprême (…), j’ai présenté ma démission au Saint Père, pour qui je prie tous les jours», a-t-il écrit dans un communiqué transmis à l’AFP. L’ecclésiastique ne révèle pas les motifs de sa démission mais laisse entendre que son éviction serait liée à sa gestion des dossiers liés aux violences sexuelles dans l’Eglise.
«J’ai toujours agi au plus près du droit et de ma conscience, en ayant beaucoup consulté à chaque décision, pour prendre des mesures difficiles, mais qu’on m’aurait reproché ultérieurement de ne pas avoir prises, au vu des éléments en ma possession», affirme-t-il. «Les implications pénales d’un certain nombre de dossiers relèvent de l’institution judiciaire», poursuit-il. «Pour le reste, le secret pontifical, que nous avons à respecter, relève du Nonce apostolique»
Le prélat était arrivé en 2017 à la tête de cet archevêché, l’un des plus prestigieux de l’épiscopat français. Il a été vivement critiqué pour sa gestion financière calamiteuse et son peu d’ancrage local – «Nous avons ressenti un intérêt très peu manifeste pour l’Alsace, les Alsaciens et les prêtres», décrivait ainsi à Libération le curé Etienne Uberall.
Luc Ravel a également été critiqué pour son autoritarisme et des choix pastoraux contestables : dès son arrivée, il avait soutenu l’idée du «grand remplacement» en évoquant la fécondité des «croyants musulmans» et en fustigeant l’IVG. Il a ensuite installé en Alsace la Congrégation de la miséricorde divine, dont l’un des objectifs est la conversion des musulmans.
Une pétition sur Change rédigé par «de nombreux chrétiens en souffrance» demandait son départ et avait réuni plus de 800 signatures ce week-end. Ses seuls soutiens publics émanant de militants de l’Action française, Mgr Ravel était de fait de plus en plus isolé et sa démission était attendue.
Il est censé présenter conjointement sa démission au pape et au président de la République : en Alsace-Moselle, le concordat de 1801 est toujours en vigueur. De ce fait, l’archevêque de Strasbourg est nommé simultanément par le Saint-Siège et par un décret signé par la présidence de la République, publié au Journal officiel.