Soudan: accalmie apparente à Khartoum à la suite d’un cessez-le-feu sous l’égide des États-Unis

Au Soudan, une légère accalmie semble être observée ce 25 avril 2023 dans les combats à Khartoum entre les forces armées du général Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemedti à la suite d’un cessez-le-feu de 72 heures obtenu sous l’égide des États-Unis, la veille.

Au Soudan, un cessez-le-feu de 72 heures a été décrété le 24 avril 2023 à minuit. Depuis une dizaine de jours, l’armée nationale conduite par le général al-Burhan affronte les Forces de soutien rapide (FSR), des paramilitaires dirigés par le général Hemedti. Le dernier bilan des Nations unies s’élève à 427 morts et 3 700 blessés.

Les deux parties ont accepté de respecter cette nouvelle trêve, la quatrième depuis le début des violences le 15 avril.

L’Arabie saoudite aurait aussi joué un rôle dans ces pourparlers, selon l’armée soudanaise
Cette trêve a été arrachée par les États-Unis après « 48 heures d’intenses négociations », a déclaré la veille le secrétaire d’État américain.

Selon l’armée soudanaise, l’Arabie saoudite aurait également joué un rôle dans ces pourparlers, sans qu’on en connaisse encore les détails.

En tout cas, depuis Nairobi, Anthony Blinken a indiqué que les efforts portaient maintenant sur l’obtention d’un cessez-le-feu permanent.

Pour cela, Washington est en train de se coordonner avec ses partenaires régionaux, internationaux ainsi que la société civile soudanaise, afin de créer un comité sur cette question.

Khaled Omar Youssef, porte-parole des Forces de la liberté et du changement, organisation phare de la révolution soudanaise, s’est félicité de cette annonce. Lui aussi souhaite que cela aboutisse à un arrêt définitif des combats, puis, à terme, à une transition démocratique vers un pouvoir civil.

L’armée et les FSR ont déclaré avoir accepté de faire taire les armes, notamment pour la création de couloirs humanitaires, pour permettre aux Soudanais et aux étrangers d’accéder à des ressources essentielles, à des soins, à des zones sécurisées, tout en continuant l’évacuation des ressortissants étrangers.

C’est très court. Et, de toute façon, pour que le les couloirs fonctionnent et pour qui il y ait des va-et-vient réguliers dans les deux sens sur un couloir, il faudrait une trêve beaucoup plus durable. Un couloir humanitaire n’implique pas forcément une trêve sur l’ensemble du territoire, mais il implique que le couloir lui-même soit un sanctuaire et qu’il soit respecté par les belligérants de manière durable. La difficulté dans le contexte soudanais, c’est que le conflit reste assez intense.

Il n’est pas toujours facile de joindre tous les acteurs. Il y a des questions de chaîne de commandement qui peuvent se relever flottante pour ce qui est des ponts aériens, il y a des bases importantes, des hubs comme Djibouti. Ça peut être aussi Ndjamena au Tchad qui peuvent jouer un rôle.

Après, pour ce qui est des frontières terrestres du Soudan, on peut penser à celle du Tchad et aussi celle de l’Éthiopie ou de l’Égypte. Les autres frontières sont avec des pays un peu plus instables et qui ne paraissent pas envisageables. Le Tchad est proche du Darfour, l’Éthiopie plus de l’Est, et l’Égypte du Nord, donc chacune peut avoir vocation à jouer un rôle. On pourrait imaginer des couloirs humanitaires terrestres de différents endroits pour venir en aide à différents partis du Soudan.

Jérôme Tubiana, conseiller aux opérations de Médecins Sans Frontières, sur la nécessité de couloirs humanitaires au Soudan

« Malgré le cessez-le-feu, nous avons entendu des bruits de bombardements »
Selon plusieurs habitants de Khartoum que RFI a pu joindre, la ville est plus calme que ces derniers jours, les combats semblent perdre en intensité.

Mais, malgré la trêve, tirs et bombardements se poursuivent. Tagreed Abdin, une Soudanaise de 49 ans, les a entendus cette nuit, puis dans la matinée. Elle habite à quelques kilomètres seulement de l’aéroport international. « Malgré le cessez-le-feu, nous avons entendu des bruits de bombardements et de tirs de manière intermittente tout au long de la matinée, assure-t-elle au micro de Pauline Le Troquier, journaliste à RFI. Là, c’est plus calme, mais ça s’arrête, puis ça recommence.

Les stocks sont épuisés dans la plupart des magasins. C’est difficile d’acheter de la nourriture, parce qu’on ne peut payer qu’en liquide et que les gens n’en ont plus beaucoup sur eux. De nombreuses personnes continuent à fuir. Beaucoup de mes amis sont déjà partis, mais certains ont quand même décidé de rester. C’est le cas de ma famille, avec mon mari et mes trois enfants. Nous allons rester à Khartoum tant que nous le pourrons. »

Malgré une légère accalmie donc, la situation des civils, elle, ne change pas au onzième jour des combats : les rues sont encore désertes aujourd’hui, des avions militaires volent au-dessus de la capitale, les pénuries alimentaires continuent dans les magasins. L’électricité et l’eau sont toujours coupées par endroit.

Pour les habitants de Khartoum, le calme observé ces dernières heures n’est pas bon signe : selon eux, les deux armées en profiteraient en réalité pour effectuer des mouvements de troupes, se ravitailler en armes, et se réorganiser en vue d’une reprise des combats, après la trêve annoncée.

RFI

You may like