Harry Belafonte s’est éteint ce 25 avril 2023 à New York à l’âge de 96 ans. L’artiste américain a mené plusieurs carrières de front. Acteur de formation, chanteur et « roi du calypso » bien sûr, mais aussi militant des droits civiques.
« Roi du calypso »
Né à Harlem à New York le 1er mars en 1927, fils d’une femme de ménage jamaïcaine et d’un cuisinier de navire, c’est sur cette île des Caraïbes qu’il a passé la majeure partie de son enfance. Et sans doute là qu’il a puisé l’inspiration pour ce qui allait devenir sa marque de fabrique : le « calypso ». Dans les années 1950, l’Amérique découvre ce style afro-caribéen, mélange de rythmes africains et de musiques européennes. L’artiste, qui excelle aussi dans les musiques folk et le blues, signe avec le label RCA Victor. La collaboration sera longue et fructueuse.
L’année 1956 est un tournant pour Belafonte. L’album Calypso sort et se vend à plus d’un million d’exemplaires. Le crooner au sourire lumineux est sacré « roi du calypso ». Le tube The Banana Boat Song reste encore aujourd’hui un des titres les plus connus du chanteur. Mais on peut aussi citer Mathilda, son premier single, Try to remember ou le piquant Mama Look a Boo Boo.
En parallèle de sa carrière musicale, Harry Belafonte continue de tourner. Au total, entre 1953 et 2006, Harry Belafonte a joué dans une dizaine de films, et en produit quelques-uns. À la fin des années 1950, la vedette a même une émission télévisée, le Tonight With Belafonte, pour laquelle il sera le premier Afro-Américain à recevoir un Emmy Award.
Des récompenses, Harry Belafonte n’en manque pas : en 1989, il a reçu les honneurs du Kennedy Center, en 1994 la Médaille nationale des arts et en 2000, un Grammy Award est venu saluer l’ensemble de son œuvre. Et il n’y a pas que sur les planches et au micro que Belafonte s’est distingué. L’Américain s’est aussi consacré à plusieurs causes et fut une figure engagée dans la défense des droits civiques.
Compagnon de lutte de Martin Luther King
Au milieu des années 1950, il fait la rencontre de Martin Luther King, avec qui il reste ami jusqu’à son décès. Ce qui lui a d’ailleurs valu d’être au cœur d’une dispute avec ses ayants-droits en 2008. Ces derniers lui reprochant d’être en possession des brouillons de deux discours du défenseur des droits civiques, dont celui qu’il devait prononcer à Memphis le 4 avril 1968, jour de son assassinat, et de la lettre de condoléances adressée par le président Johnson à la veuve du pasteur.
En 1960, le président Kennedy le nomme consultant culturel dans le Corps de paix, qui venait en aide aux pays en difficulté. Auparavant jamais échue à une personnalité. Parmi ses autres faits d’armes, en 1985, il contribue à la campagne We are the world pour l’Afrique. Puis devient ambassadeur itinérant pour l’Unicef. L’apartheid en Afrique du Sud et le Sida ont aussi fait partie de ses combats.
Mais ses prises de position ont parfois suscité quelques critiques. Harry Belafonte n’a jamais caché ses sympathies communistes et son attachement au régime cubain, critiquant maintes fois l’embargo américain.
C’est sûrement l’administration Bush qui s’est le plus attiré les foudres de ce militant offensif. Condoleeza Rice avait d’ailleurs répliqué à l’une de ses sorties sous-entendant que, comme au temps de l’esclavage, elle et Colin Powell étaient au service de George W. Bush : « Je n’ai pas besoin qu’Harry Belafonte me dise ce que c’est que d’être Noir. »
C’est donc sans surprise qu’en 2016, dans une vidéo, Belafonte, 89 ans, avait apporté son soutien à Bernie Sanders, lors des primaires américaines.
RFI