Les vaccins contre le cancer seront prêts pour 2030, selon Moderna

Selon des experts du Groupe Moderna, des millions de vies pourraient être sauvées grâce à une série de nouveaux vaccins révolutionnaires contre le cancer, les maladies cardiovasculaires et auto-immunes d’ici 2030. Faisons un point sur les prochaines perspectives en termes de vaccination.

Dans un centre de vaccination éphémère, une infirmière injecte une dose de vaccin contre le Covid-19 dans le bras d’un patient.

Ces trois dernières années de pandémie n’auront pas seulement été délétères pour nos systèmes de santé. L’effet incubateur de cette période sur le développement des technologies médicales n’est pas négligeable. Les études sur la vaccination se sont révélées particulièrement prometteuses grâce à la mobilisation mondiale autour du développement du vaccin Covid-19. « Notre approche globale de la recherche et du développement en matière d’ARNm a connu une grande avancée.

En un an, nous avons acquis des connaissances scientifiques dignes d’une décennie », déclare un porte-parole de Pfizer. Le laboratoire a déjà commencé à recruter pour un essai clinique de phase avancée d’un vaccin antigrippal à base d’ARNm, et vise d’autres maladies infectieuses, dont le zona, en collaboration avec BioNTech. Cette technologie, si elle est étudiée depuis au moins deux décennies, a connu un coup d’accélérateur en 12 à 18 mois grâce au succès du vaccin Covid.

Si des financements continuent d’être attribués à la recherche, les chercheurs du laboratoire Moderna sont confiants, et affirment être en mesure d’offrir des vaccins à ARNm, pour « toutes sortes de maladies » dans un délai de cinq ans. En effet, le mode de synthétisation chimique des vaccins à ARNm (comparé à la fabrication biologique des vaccins traditionnels), rend possible sa production massive et rapide.

Début 2023, Moderna a annoncé lancer durant l’année la phase III d’un essai portant sur son vaccin contre le mélanome (cancer de la peau) à base d’ARNm. Administré en même temps que le médicament d’immunothérapie existant Keytruda, il a permis de réduire de 44 % le risque de décès ou de réapparition du cancer, par rapport à l’administration de Keytruda seul. Le Dr Paul Burton, directeur médical de la société pharmaceutique Moderna, a déclaré à The Guardian développer cette technique de vaccins à ARNm personnalisés à différents types de tumeurs, et de maladies d’ici 5 ans à 10 ans.

Un vaccin pour chaque tumeur ? C’est la promesse des laboratoires
« Les vaccins à ARN personnalisés contre le cancer ont la propriété d’activer et d’entraîner les lymphocytes T à mieux reconnaître et détruire les cellules cancéreuses », explique l’équipe de Moderna à Sciences et Avenir. La molécule d’ARN messager synthétique injectée ordonne aux cellules saines de fabriquer des protéines, les antigènes qui n’existent que chez les cellules cancéreuses.

Notre système immunitaire va ensuite s’entrainer à reconnaitre ces protéines comme étant « ennemies ». Les lymphocytes T, une fois bien entrainés, seront plus efficaces pour détecter et combattre les cellules cancéreuses porteuses des mêmes protéines, sans abîmer les cellules saines à proximité (qui elles ne portent pas ces fragments de protéines).

Pour personnaliser le vaccin à chaque tumeur spécifique, les médecins prélèvent d’abord une biopsie de la tumeur du patient et l’envoient à un laboratoire, où son matériel génétique est séquencé afin d’identifier les antigènes qui ne sont pas présentes dans les cellules saines. Après avoir identifié les antigènes les plus prometteurs, leurs ARNm sont ensuite fabriqués et intégrés dans un vaccin personnalisé.

Le vaccin à ARNm anticancéreux et personnalisé se distingue des autres types de vaccins, car composé en fonction du profil spécifique de chaque patient, il peut contenir jusqu’à 34 protéines cibles (contre une seule pour un vaccin classique). Injecté en plusieurs fois en parallèle du traitement de la maladie, il n’a pas seulement une vocation préventive.

En février 2023, la Food Drug Administration (FDA) des Etats-Unis a accordé la désignation de thérapie innovante, au vaccin anticancéreux personnalisé de Moderna, accélérant ainsi son examen réglementaire et sa potentielle mise sur le marché.

Un modèle applicable à plusieurs types de maladie
Mais les cancers ne sont pas les seules cibles des nouveaux vaccins à ARNm. Paul Burton a également annoncé une unique injection contre plusieurs infections respiratoires. Ce vaccin permettrait aux personnes vulnérables d’être protégées contre le Covid, la grippe et le virus respiratoire syncytial (VRS). Les laboratoires visent également d’autres maladies infectieuses comme le virus Zika, ou le cytomégalovirus.

Trois essais préliminaires de trois vaccins expérimentaux à ARNm contre le VIH ont également été lancés par l’Institut national de la santé des États-Unis. Si les maladies infectieuses sont les cibles idéales pour ces vaccins, Moderna développe également une thérapie inhalée à partir d’ARNm contre la mucoviscidose.

D’autres technologies vaccinales ont également bénéficié de la pandémie. C’est le cas des vaccins à protéine recombinante, tels que le vaccin Covid fabriqué par la société de biotechnologie américaine Novavax. Ce vaccin aide le système immunitaire à penser qu’il est confronté à un virus, en inoculant seulement la protéine d’ancrage de ce virus. Le vaccin à ARNm, lui, inocule le « mode d’emploi » de fabrication de cette protéine directement aux cellules du patient, tandis qu’un vaccin à virus inactivé consiste à injecter au patient le virus inerte.

Les perspectives vaccinales sont prometteuses pour la prochaine décennie, qui pourrait se conclure par un moyen de prévention personnalisé contre tous types de cancer. Toutefois, les chercheurs sont prudents, ces avancées restent conditionnées à la poursuite des financements alloués à la recherche pendant la crise sanitaire.

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