L’Algérie a organisé la 11ème réunion du Comité des chefs d’Etats-majors et des ministres de la Défense de la région d’Afrique du Nord (NARC) avec la présence du polisario. Deux pays se sont faits remarquer par leur présence et deux autres par leur absence. Décryptage.
Dans une nouvelle tentative d’impliquer les pays d’Afrique du nord dans le dossier du Sahara marocain, l’Algérie a organisé une réunion de chefs militaires nord africains d’un comité relevant de l’Union africaine en faisait asseoir à la même table le chef militaire de la milice séparatiste extrémiste du polisario.
L’Algérie a saisi cette occasion pour donner une tribune au polisario qui a fait passer des messages anti-marocains menaçant l’intégrité territoriale du Royaume, un narratif tronqué et trompeur, devant les représentants de la Libye et de l’Egypte.
« Le Maroc continue de violer les droits de l’Homme et le droit international humanitaire dans la partie occupée du Sahara occidental et entrave continuellement les efforts des Nations unis et le processus de décolonisation », a déclaré Mohamed El Ouali Akeik, désigné en novembre 2021 chef des milices du polisario.
Cette déclaration trompeuse intervient alors même que c’est le polisario qui est empêtré dans des affaires de viols, meurtres, tortures et disparitions forcées devant les tribunaux internationaux et que le processus de décolonisation du territoire a été achevé en 1975 avec la Marche verte qui a chassé l’occupant espagnol du territoire marocain.
« Toutes ces pratiques coloniales n’ont fait que contribuer à déstabiliser davantage la sécurité et la stabilité dans la région. Le retour de la tension et l’instabilité dans la région trouve son origine dans la rupture du cessez-le-feu provoquée par le Royaume du Maroc », a ajouté celui dont le groupe terrorise des milliers de captifs Sahraouis marocains en Algérie.
Le polisario avait envoyé en novembre 2020, des membres de son groupe armé pour bloquer le passage de camionneurs civils à El Guerguerat, saisir et revendre les marchandises, pendant plus de 20 jours avant d’annoncer la rupture du cessez le feu lorsqu’ils en ont été chassés sans usage de la force. Le processus a été documenté par l’ONU.
Ce discours usant des propos fallacieux et tendancieux ont été prononcés devant le chef d’état-major adjoint des forces armées égyptiennes, le général de division Essam El Gamal, et le chef d’état-major général du gouvernement d’unité nationale libyen, le lieutenant-général Mohammed Ali Al-Haddad.
Ladite réunion est la 11ème que tient le Comité des chefs d’état-major et la dixième du Conseil des ministres de la Défense des États membres du NARC, relevant de la région d’Afrique du Nord.
Ce comité militaire relevant de l’Union africaine (UA) dont le Maroc ne fait pas partie, a été créé en 2005, c’est-à-dire avant le retour du Maroc au sein de l’UA. L’Algérie en avait profité pour hisser la milice du polisario en tant que membre fondateur.
Deux pays n’ont pas pris part à cette réunion organisée à Alger et ont brillé par leur absence malgré un effort médiatique soutenu de la part de l’Algérie pour donner de l’écho à l’événement et faire impliquer malgré eux, l’Egypte et la Libye.
Mais c’est une tentative qui ne saurait être que vaine, car les positions des deux pays à l’égard du Maroc sont on ne peut plus claires. L’Egypte, soutient l’intégrité territoriale du Maroc et cela a été réitéré il y a un an, lors d’une visite du ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri, à Rabat.
Concernant la Libye, sa situation actuelle et les conditions de division interne sont propices à l’ingérence de l’Algérie qui exploite cette faiblesse pour influencer des dirigeants militaires libyens, tandis que le Maroc a prôné de son côté une approche institutionnelle, politique, en soulignant son attachement à une solution libyo-libyenne.
Enfin, pour l’absence de la Tunisie et de la Mauritanie, plusieurs théories sont possibles et elles vont de l’amélioration des relations entre le Maroc et la Mauritanie, jusqu’à un signe envoyé par Tunis pour détendre les tensions provoquées par son président Kais Saied avec l’accueil du leader du groupe séparatiste polisario, Brahim Ghali, à l’occasion du sommet Japon Afrique (TICAD) qui avait créé un précédent diplomatique et jeté un froid sur les relations entre la Tunis et Rabat.
Il se pourrait aussi que le président tunisien se soit rendu compte du piège tendu par l’Algérie et l’absence de tout signe d’une bouée de sauvetage économique face à la situation compliquée vécue actuellement par Tunis. Cependant, aucun de ces deux pays n’a communiqué les raisons de son absence.
Pour sa part, le média mauritanien Anbaa info, a relevé que cette absence est « intéressante » puis que les deux pays sont membres fondateurs de ce comité et qu’ils ont assisté à toutes ses réunions précédentes, y compris celles préparatoires à cette dernière édition.
Le média a soulevé l’hypothèse de l’intérêt porté par les Etats-Unis à Nouakchott et Tunis et mentionné des « accords de sécurité secrets » et d’autres annoncés qui pourraient être à l’origine d’une consultation préalable et de réunions à caractère sécuritaire, notamment dans la région du Sahel.
hespress