Monaco au Final Four de l’Euroligue, symbole d’un basket français qui reprend des couleurs

Le club de Monaco dispute vendredi soir la demi-finale de l’Euroligue, la plus prestigieuse des compétitions européennes de basket. La fin d’un long tunnel pour le basket français, trente ans après le seul titre tricolore de champion d’Europe conquis par Limoges en 1993.

Que l’attente fut longue pour les passionnés de basket français. Vingt-six ans qu’ils attendaient de revoir un club du championnat de France disputer le Final Four de l’Euroligue, événement réunissant, le temps d’un week-end, les quatre équipes demi-finalistes de la plus prestigieuse coupe d’Europe de basket.

L’AS Monaco affronte, vendredi 19 mai à Kaunas, en Lituanie, le club grec de l’Olympiacos pour une place en finale, disputée dimanche, face au vainqueur du duel 100 % espagnol entre le Real Madrid et le FC Barcelone. Un retour au plus haut niveau européen pour le basket français.

« C’est vraiment une excellente chose de voir Monaco au Final Four. Pour nous, c’est un signe qui ne trompe pas sur la qualité de notre basket. Leur présence dans le dernier carré de l’Euroligue, c’est aussi une récompense pour le travail de structuration des clubs que nous avons accompli ces dernières années », se réjouit Alain Béral, président de la Ligue nationale de basket (LNB) depuis 2011.

Avant Monaco, il faut remonter à 1997 avec l’ASVEL (Association sportive de Villeurbanne Éveil lyonnais) pour trouver trace d’un club français à ce stade de la compétition. Une époque où parvenir au Final Four de l’Euroligue était presque devenue une habitude pour les représentants du championnat de France : le CSP Limoges y participe ainsi trois fois dans les années 90 (1990, 1993, 1995), devenant même, le 15 avril 1993, le premier club français tout sport confondu à être sacré champion d’Europe.

Aucun club français en Euroligue entre 2016 et 2019

Mais avec l’arrêt Bosman – qui consacre la libre-circulation des sportifs européens – en 1996, les meilleurs joueurs français quittent peu à peu l’Hexagone vers les meilleurs championnats européens, puis vers les États-Unis et la NBA. Les années 2000 et 2010 donnent alors à voir un curieux paradoxe pour le basket français : ses joueurs n’ont jamais été aussi nombreux à rejoindre l’élite mondiale, son équipe nationale n’a jamais autant raflé de médailles dans les compétitions internationales (9 médailles entre 2000 et 2022, dont le titre de champion d’Europe en 2013), mais ses clubs deviennent la risée de l’Europe.

Durant cette période, les meilleures équipes françaises (Limoges, ASVEL, Pau-Orthez) connaissent des difficultés financières. La hiérarchie du championnat de France est sans cesse bousculée, si bien que onze clubs différents participent entre 2007 et 2014 à l’Euroligue, une compétition où gagner un match relève désormais presque de l’exploit.

« Une victoire en Euroligue pour un club français, c’est toujours un grand moment », lançait même Philippe Hervé, l’entraîneur de Limoges, au soir d’un succès en 2015 face à Milan.

Le CSP ne passera pas cette saison-là la première phase de la compétition, dont le format a évolué à plusieurs reprises. Mais quelle que soit la formule, le bilan français reste implacable : entre 2000 (ASVEL) et 2022 (Monaco), aucun représentant tricolore n’a participé aux playoffs, la phase finale de la compétition.

Pire, aucun club français n’est même invité entre 2016 et 2019 quand l’Euroligue, organisée par une société privée depuis 2000, s’est resserrée pour devenir une ligue à moitié fermée avec des membres permanents (Real Madrid, FC Barcelone, Fenerbahçe, Olympiacos, Panathinaïkos…).

« Faire découvrir le basket français à un nouveau public »

« Pour exister en Euroligue, c’est simple, il faut un budget conséquent qui puisse vous permettre de signer des grands noms et de doubler tous les postes. Une équipe comme Monaco, c’est quasiment deux cinq majeurs », souligne Alain Béral, en référence au terme employé pour désigner les cinq joueurs démarrant la rencontre.

Plus gros budget du championnat de France avec 20 millions d’euros, Monaco a notamment pu se payer à l’été 2021 une star de l’Euroligue, l’Américain Mike James, et piquer à l’ASVEL l’été dernier un Français revenu de NBA en 2021, Élie Okobo.

En France, de tels moyens font figures d’exception : si l’ASVEL s’en approche avec un budget à 15 millions, le budget moyen se situe plutôt aux alentours de 7 millions d’euros. Mais Monaco reste toutefois encore très éloigné des plus grosses écuries de l’Euroligue. Le Real et le Barça disposent ainsi d’un budget de 40 millions d’euros.

Peu importe, la « Roca Team » – surnom de l’équipe de Monaco – a prouvé cette saison qu’elle pouvait battre les plus grands d’Europe, permettant au basket français de mettre fin à des années de disette.

« Entre Monaco qui va au Final Four et le phénomène Victor Wembanyama, futur premier choix de la draft NBA, nous avons vraiment vécu une année exceptionnelle, confirme le patron de la LNB. Que ce soit dans les salles ou à la télévision, cela nous a permis de faire découvrir le basket français à un nouveau public qui a été séduit par le spectacle proposé. »

Trente ans après le sacre limougeaud, Monaco a l’occasion ce week-end de rendre cette saison 2022/2023 encore plus historique. Mais, quoi qu’il arrive, les Monégasques ont déjà réussi un exploit : les amoureux du basket français se sont remis à rêver.

france24

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