Publiés en accéléré dans la revue Nature, des résultats d’une expérience récente effectuée sur des singes suggèrent qu’un vaccin multimérique à nanoparticules pourrait s’avérer efficace contre les coronavirus qui se lient aux récepteurs ACE2.
Dans une récente étude publiée dans la revue Nature qui a fait l’objet d’une relecture accélérée par les pairs, des chercheurs américains expliquent comment ils ont mis au point un vaccin multimérique efficace contre tous les coronavirus qui expriment le site de liaison permettant au virus de « s’accrocher » sur nos récepteurs ACE2.
Une publication un peu trop ambitieuse
Dans leur article, les chercheurs suggèrent que leur vaccin pourrait être un vaccin « pan-coronavirus », c’est-à-dire, lutter contre tous les coronavirus. Une dénomination qui n’a pas manqué de surprendre Branka Horvat, directrice de l’équipe Immunobiologie des infections virales au Centre international de recherche en infectiologie (Ciri) à Lyon : « Cette équipe est parvenue à mettre au point un vaccin qui contient une région de la protéine Spike des coronavirus (RBD, pour recepteur-binding domaine) qui se lie à nos récepteurs ACE2. Bien que ce travail présente la preuve de concept de faisabilité de la mise en place d’un vaccin qui protège contre plusieurs coronavirus, je trouve un peu prétentieux l’appellation pan-coronavirus. Un tel vaccin, par exemple, ne pourra pas être utile contre le MERS-CoV étant donné que ce dernier ne se lie pas à ACE2 et possède la région RBD différente, ni contre des autres coronavirus « pré-émergents », qui utilisent d’autres récepteurs pour entrer dans la cellule ».
Un vaccin à nanoparticules
Grâce à la ferritine nanoparticulaire obtenue à partir d’une bactérie, les scientifiques ont pu élaborer leur vaccin qui contient une région multimérique de la protéine Spike contenant 200 acides aminés. En plus de cela, le vaccin contient des agonistes de certains récepteurs cruciaux du système immunitaire inné absorbé dans de l’aluminium. « Ce vaccin est immunogène car il utilise la stimulation des récepteurs TL7 et 8, ce qui va induire une réponse immunitaire globale plus forte. Il n’en reste pas moins que la région peptidique présente dans le vaccin est courte et reste spécifique pour les coronavirus se liant à ACE2 », explique Branka Horvat.
La durée de l’immunité : l’angle mort de l’étude
Dans l’expérience, les singes vaccinés avec le vaccin à nanoparticules développent beaucoup plus d’anticorps neutralisants que ceux ayant reçu un vaccin ARN ou que des patients avec Covid-19. Après une infection intranasale ou intratrachéale à des coronavirus, le matériel génétique des virus ainsi que le virus infectieux sont absents des voies respiratoires inférieures et supérieures chez le groupe vacciné avec des nanoparticules. Enfin, lors d’analyses histologiques, on constate également une accumulation des cellules inflammatoires bien moindres dans des poumons chez ce groupe vacciné.
Malgré tout, un élément crucial n’est pas étudié par les investigateurs : la durée de l’immunité. « La question de la durée de l’immunité reste mitigée concernant les vaccins contre la Covid-19. Ici, les chercheurs n’étudient l’immunité des singes que pendant dix semaines suite à la première injection d’un vaccin. Cela aurait été intéressant de poursuivre l’étude pour mieux cerner la protection immunitaire conférée par ce vaccin », précise Branka Horvat.
Un projet intéressant mais des résultats à prendre avec précaution
L’ambition de cette équipe ne peut que rendre enthousiaste. Pour autant, Branka Horvat prévient que, avec la pandémie actuelle, « il est devenu très à la mode de survendre des résultats concernant les coronavirus ». Et la chercheuse de tempérer son propos : « Leur plateforme de développement vaccinale est très intéressante mais il faudra encore que ce type de vaccins montre son efficacité dans d’autres tests avant de pouvoir être accepté pour des tests cliniques chez l’Homme et constater s’ils sont plus avantageux que les vaccins déjà disponibles ou en cours de développement. Néanmoins, c’est une bonne chose que les essais se multiplient. Plus nous avons d’études, plus nous avons de chance de trouver des solutions efficaces contre les virus connus et émergents ».
Source: futura-sciences.com
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