Quelque 5 000 spectateurs ont assisté samedi à un « concert-test » du groupe Indochine à Paris, dont les résultats épidémiologiques seront observés de près en vue d’une reprise de la vie culturelle en France après plus d’un an de pandémie de Covid-19.
Pour le plaisir et pour la science : 5 000 personnes se sont réunies samedi 29 mai pour danser au son des tubes d’Indochine et retrouver l’ambiance du live, dans la fosse de l’AccorHotels Arena de Bercy, à Paris, lors d’un concert très attendu par un secteur durement éprouvé par le Covid-19. Le rassemblement était doublé d’une étude scientfique.
« Nous, on veut vivre… encore plus fort. » Samedi soir, les paroles de la chanson « Marilyn » avaient une résonance particulière pour la foule, privée de lives depuis des mois et à qui Nicola Sirkis a demandé de « faire du bruit » pour les soignants, les chercheurs. Et pour rendre hommage « à tous les morts du Covid ».
Pour les spectateurs de moins de 45 ans, l’âge maximal retenu pour participer à l’expérience destinée à évaluer les risques de contagion, ce retour de la musique « live » avait un avant-goût de liberté.
« C’est incroyable, ça fait plus d’un an qu’on n’a pas eu de concerts, plus d’un an qu’on n’a rien fait », a déclaré à Reuters Sandra Terrin, une Parisienne de 22 ans. « C’est un peu le ‘retour à la vie normale’, et du coup on est un peu moins déprimés. Le fait de revoir des gens, des concerts, de la musique, ça nous fait vraiment plaisir. »
Pas de distanciation, mais masque obligatoire. Et pour respecter le couvre-feu toujours en vigueur à 21 h, le concert gratuit a démarré à l’heure du thé, avec une première partie électro assurée dès 17 h par Étienne de Crécy, figure de la « french touch », avant l’arrivée de Nicola Sirkis et sa bande.
Indochine, groupe vétéran formé en 1981, qui remplit les stades et dont les tubes, de « L’Aventurier » à « J’ai demandé à la lune », ont traversé les générations, remonte sur scène après avoir dû reporter d’un an (au printemps-été 2022) la tournée de ses 40 ans, à cause de la crise sanitaire.
Première tardive en France
L’expérimentation, déjà réalisée ailleurs en Europe, était devenue un serpent de mer en France, où elle avait été reportée plusieurs fois. Elle s’est finalement déroulée sur fond de nette amélioration de la situation sanitaire et à deux jours de l’ouverture de la vaccination pour tous les adultes.
Mais l’enjeu reste important pour le secteur du spectacle, qui voit la reprise en pointillé, malgré le feu vert depuis le 19 mai aux concerts assis, avec distanciation.
Pour l’instant, les festivals debout ont été autorisés cet été, mais avec une limite d’une personne tous les 4 m2. Nombre de festivals ont déjà jeté l’éponge (Solidays, Eurockéennes), seuls de rares événements se tenant, le plus souvent en format assis et avec jauge (Francofolies, Printemps de Bourges, Vieilles Charrues).
Un festivalier pour 4 m2, « ça veut dire diviser la jauge par 12. Pour un secteur qui vit de la billetterie, c’est intenable », juge Malika Séguineau, la directrice générale du Syndicat du spectacle musical et de variété (Prodiss), qui porte le projet avec l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) pour le volet scientifique, avec le soutien du gouvernement.
Résultats dans un mois
L’étude doit permettre de démontrer que s’ils sont testés négatifs au Covid-19 en amont, les spectateurs ne courent pas plus de risque de se contaminer au concert qu’en temps normal.
L’expérimentation, dont les premiers résultats sont attendus fin juin, n’était ouverte qu’aux 18-45 ans qui ne présentent pas de risques de formes graves (obésité, hypertension) en cas de contamination.
Sur 20 000 volontaires, un groupe de 7 500 personnes a été sélectionné après un premier test antigénique négatif réalisé entre mercredi et vendredi dans l’arène de Bercy, transformée pour l’occasion en laboratoire géant.
Tous les spectateurs ont été testés négatifs au Covid-19 ces derniers jours et devaient faire un test salivaire en arrivant à Bercy et conserver le masque pendant le concert. Ils seront de nouveau testés dans une semaine afin qu’une comparaison puisse être établie avec un groupe de contrôle de 2 500 personnes qui a assisté au concert derrière son écran.
Enfin, des caméras ont été installées pour mesurer tout au long du concert si le masque est toujours bien porté.
Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine
Un avant-goût du pass sanitaire
L’expérimentation a aussi pour but de tester l’inclusion du test négatif dans l’application TousAntiCovid, préfigurant le pass sanitaire, qui a été adopté par le Parlement cette semaine et qui sera notamment exigé à partir de la prochaine étape du déconfinement, le 9 juin, pour accéder aux événements de plus de 1 000 personnes. Les spectateurs devront pour cela présenter soit une attestation de vaccination, soit un test PCR ou antigénique négatif, soit un certificat de guérison du Covid-19.
Lucas Baunèche, 22 ans, veut croire que le concert-test va permettre d’accélérer la reprise de la vie culturelle. « Beaucoup de gens mettent beaucoup d’espoir sur cette expérience pour voir si ça va être concluant ou pas sur le fait de rouvrir les salles de spectacle, les concerts et tous ces genres d’événements », a-t-il dit avant d’assister au concert d’Indochine. « Je pense que ça va faire avancer les choses. On voit que nos voisins européens ont fait la même chose et que ça a été plutôt concluant donc il n’y a pas de raison que ça se passe mal ici ! »
Les expériences précédentes, en Espagne ou au Royaume-Uni, n’ont pas montré de risque élevé de contamination. Mais les résultats rassurants du premier concert-test européen, réalisé à Barcelone en décembre (500 personnes), peuvent être difficilement extrapolés, ont prévenu les chercheurs dans leur étude publiée vendredi, en raison des « conditions strictes » de sa réalisation, alors que le virus circulait faiblement.
Source:
1 Commentaire