Les révélations de Nicolas Pottier sur le monde de l’arbitrage français

Dans le nouveau numéro de So Foot, en kiosque ce jeudi, l’actuel coordinateur fédéral de l’arbitrage amateur Nicolas Pottier sort du silence, après avoir porté plainte contre X pour viol, et harcèlement moral et sexuel dans le cadre professionnel et privé le 14 février dernier. Ancien grand espoir de l’arbitrage, Nicolas Pottier estime que sa carrière a été détruite par une cabale homophobe montée contre lui dans le monde de l’arbitrage à la fin des années 2000.

Il raconte avoir subi des menaces et des pressions par des corbeaux, notamment sous forme de messages anonymes sur les applications de rencontre gays, avant d’être brutalement mis au ban de l’arbitrage français : « Le fait que j’assume mon homosexualité a vite représenté un problème dans le milieu de l’arbitrage. J’étais une anomalie dans le système », explique l’ancien arbitre, qui a alors navigué pendant deux ans dans les eaux troubles de la dépression, et pensé plusieurs fois au suicide. C’est pour faire la vérité sur ces sombres épisodes que Nicolas Pottier a entamé un long combat judiciaire.

Aujourd’hui président du district fédéral de la Mayenne, c’est un homme déterminé qui veut que lumière soit faite sur les dérives de ce qu’il appelle la « décennie noire de l’arbitrage ». Selon lui, ce microcosme est gangrené par le copinage, les mensonges et les guerres de clans. Il explique surtout que l’homosexualité est devenue un facteur à double tranchant au sein de la fédération : parfois, elle sert à exclure et à faire chanter, comme dans son cas, d’autres fois elle peut aussi faciliter les carrières et les avancements.

« Dans la direction technique de l’arbitrage, il y a des homos, dans la commission fédérale de l’arbitrage, il y a des homos, chez les observateurs, il y a des homos, et tout ce beau monde instaure depuis dix ans un système de discrimination positive qui favorise les arbitres homos au détriment des autres », assène-t-il, en faisant notamment référence à l’affaire Daniel Galletti, le responsable des arbitres franciliens écarté à l’été 2022, car il promettait de bonnes notes en échange de messages sexuels.

« Mais là où le système brille vraiment par sa perversité, c’est que ces messieurs ne l’assument pas du tout ! Ils insistent pour que leur homosexualité reste secrète et cachée, pour ne pas être stigmatisés, et sont prêts à vous détruire si vous n’obtempérez pas. »

J’ai le sentiment de devoir prendre la parole, au nom de toutes les victimes silencieuses du monde du sport qui sont broyées par un système opaque, pervers et dépassé.

Des accusations lourdes que le Mayennais assume à visage découvert et avec courage. « J’ai le sentiment de devoir prendre la parole, au nom de toutes les victimes silencieuses du monde du sport qui sont broyées par un système opaque, pervers et dépassé, qui souffre de ses méthodes dictatoriales, de son organisation archaïque et de ses vieilles idées, explique-t-il dans notre article. Pour moi, c’est trop tard, mais j’ai envie de protéger les plus jeunes et les plus fragiles, et de libérer la parole, en leur montrant que la peur doit changer de camp. »

À la suite de la parution de notre article, la Fédération française de football a annoncé ce matin vouloir se constituer partie civile dans le cadre des procédures judiciaires à venir. Elle diligente par ailleurs une enquête interne confiée à un cabinet extérieur spécialisé, nommé Alcens. De quoi faire la lumière sur les zones d’ombre et les liaisons dangereuses de l’arbitrage français, qui reste marqué par les suicides de deux arbitres, Stéphane Duhamel en 2012, et Stéphane Moulin en 2020.

sofoot

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