Les 3 raisons qui expliquent la surchauffe des océans

La chaleur record des océans qui dure depuis le printemps est liée à trois causes principales : si la première cause paraît évidente, le réchauffement climatique, les deux autres risquent de vous étonner.

Plus qu’un simple pic, la surchauffe des océans n’est pas un phénomène nouveau : la température moyenne de surface des océans bat chaque année un nouveau record, mais cette fois-ci l’écart des températures par rapport à la moyenne a pris un véritable envol depuis le mois de mars, avant d’atteindre un pic incroyablement élevé le 1er avril : 21,1 °C.

Comme toujours au cours du mois de mai et juin, la température moyenne redescend progressivement en raison de l’arrivée de l’hiver dans l’hémisphère sud. Elle atteignait 20,9 °C le 13 juin, une valeur toujours très au-dessus de la normale (20,2 °C) calculée sur la période 1982-2011. Le phénomène naturel El Niño (un réchauffement cyclique du Pacifique) a pu jouer un rôle dans cette hausse globale, celui-ci n’explique pas la majeure partie du pic actuel de chaleur.

Le réchauffement climatique a franchi un nouveau palier en 2023
Le réchauffement climatique lié aux émissions de gaz à effet de serre est la principale raison qui permet d’expliquer un pic de chaleur aussi élevé dans les océans. Ces derniers subissent de plein fouet les conséquences du réchauffement planétaire, car ils absorbent un quart des émissions de CO2, et 60 % du rayonnement solaire qui parvient sur Terre.

Plus encore, les océans absorbent 90 % des excès de chaleur du système climatique. Selon le Giec, l’influence humaine est le principal facteur de l’augmentation de température des océans que l’on observe depuis les années 1970.

Une absence de vent et de sable dans l’Atlantique
Le rayonnement solaire a justement joué un rôle important lors de ce printemps 2023. Des conditions météo spécifiques ont permis à certains océans de se réchauffer plus que d’autres, et en particulier l’océan atlantique. L’orientation et la faible intensité des vents a notamment empêché les particules de sable du Sahara de former des nuages au-dessus de l’Atlantique.

Moins de sable en suspension dans l’atmosphère entraîne forcément un ciel plus dégagé, et donc un océan plus chaud. Les alizés ont soufflé beaucoup moins forts sur l’Atlantique, comme l’explique le météorologue Guillaume Séchet : « la houle étant particulièrement faible du fait de l’absence d’alizés, la surface de l’océan s’apparente presque à un lac. Or, des eaux calmes réfléchissent beaucoup plus la lumière que des eaux houleuses ».

La diminution de la pollution issue des cargos
La pollution atmosphérique a nettement diminué depuis les années 1980, et en particulier au-dessus de l’océan atlantique. Les particules de pollution ont pour effet de bloquer une partie des rayons solaires qui arrivent sur Terre : une atmosphère très polluée au-dessus des océans a pour conséquence d’atténuer le réchauffement de ces masses d’eau.

Grâce à la loi américaine Clean Air Act de 1970, le milieu des transports, comme l’aviation et les transports maritimes, entre autres, a été contraint de faire de gros efforts. Les cargos qui circulent dans les océans rejetaient auparavant de grandes quantités de dioxyde de souffre, ce qui n’est quasiment plus le cas dorénavant. Les transports maritimes ont ensuite dû s’adapter à de nouvelles restrictions en 2020, limitant encore plus leur pollution.

Si les effets positifs sur l’environnement et la santé sont indiscutables, le problème est désormais l’association du réchauffement toujours plus intense avec un ciel plus dégagé : voilà pourquoi la hausse des températures de l’eau a fait un bond en l’espace de quelques dizaines d’années.

Les océans n’ont jamais été aussi chauds !
Un record avait déjà été atteint au mois d’avril dernier et, en ce mois de mai, bis repetita. La température des océans du monde a encore grimpé.

Le dernier rapport du Service européen Copernicus pour le changement climatique (C3S) vient de tomber. Même si l’Europe semble avoir été épargnée cette fois, le mois de mai qui vient de s’achever pointe à la deuxième place des mois de mai les plus chauds jamais enregistrés dans le monde. À seulement 0,1 °C du record. Mais c’est surtout la température des océans qui affiche un niveau jamais atteint jusqu’ici à cette période de l’année. Plus 0,25 °C par rapport aux moyennes de la période 1991-2020 !

En avril dernier déjà, les températures à la surface de l’océan avaient atteint un record. Et rappelons que, sur ces 40 dernières années, la tendance est à une hausse de 0,6 °C. Une tendance qui devrait encore être amplifiée par l’émergence d’un signal El Niño du côté du Pacifique. Car le phénomène fait généralement grimper un peu plus encore les températures, aussi bien en mer que sur terre.

Des records inquiétants
Le record, soulignent les chercheurs, est valable non seulement pour les latitudes comprises entre 60° nord et 60° sud, mais aussi pour toutes les mers libres de glace du globe. Ils ajoutent qu’au-dessus de la mer, les températures ont également été supérieures à la moyenne. Un autre record pour un mois de mai. Même s’il est resté assez proche de celui précédemment établi en… mai 2020. La région de l’Antarctique a particulièrement été touchée.

Les conséquences attendues pourraient être lourdes. Des vagues de chaleur marines qui fragilisent la biodiversité et les écosystèmes. Ou encore une fonte accélérée des calottes glaciaires. Pour la troisième fois déjà en ce début d’année 2023, d’ailleurs, l’étendue de la banquise antarctique a atteint une valeur mensuelle record pour la période à 17 % en dessous de la moyenne.

« Les océans sont en feu » : la température record en avril inquiète les chercheurs
Les océans n’ont jamais été aussi chauds qu’en ce début avril 2023, et cette chaleur record s’inscrit dans une tendance durable qui inquiète les chercheurs. Cette anomalie de la température des océans est généralisée et aura des conséquences sur le climat terrestre des prochains mois.

futura

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