Les scientifiques percent le secret de cet ingrédient qui change les propriétés de la peinture à l’huile à la Renaissance

Une étude vient de révéler un ingrédient secret dans les peintures les plus connues de la Renaissance : le jaune d’œuf ! C’est la première fois que son usage est démontré : auparavant, des traces avaient été trouvées, sans que l’on soit en mesure de déterminer s’il s’agissait d’un ajout volontaire ou d’une contamination.

Dans une étude récente publiée dans Nature communications, des chercheurs se sont penchés sur les techniques de peinture durant la Renaissance. Ou plus précisément, sur un ingrédient secret, soupçonné mais jamais prouvé jusqu’à aujourd’hui : le jaune d’œuf. Présent sous forme de protéines, il aurait été utilisé dans différentes peintures à l’huile.

Jusqu’à aujourd’hui, des traces avaient été retrouvées sur de nombreux tableaux, mais sans que l’on sache les attribuer à un ajout volontaire : « Dans les peintures à l’huile de Sandro Botticelli, Léonard de Vinci et d’autres maîtres de la Renaissance italienne, ainsi que dans la peinture à l’huile du nord, par exemple les peintures de Cologne de la fin du Moyen Âge, et ceux d’Albrecht Dürer, Johannes Vermeer, Rembrandt et bien d’autres », décrit l’étude.

L’équipe de scientifiques a alors entrepris de recréer une peinture à l’huile contenant des protéines de jaune d’œuf, afin de palier ce manque de connaissances. « Il existe très peu de sources écrites à ce sujet et aucun travail scientifique n’a été réalisé auparavant pour approfondir le sujet », a déclaré l’auteure principale de l’étude à CNN Ophélie Ranquet. Et l’expérience a été concluante ! « Nos résultats montrent que même avec une très petite quantité de jaune d’œuf, vous pouvez obtenir un changement étonnant des propriétés de la peinture à l’huile, démontrant à quel point cela aurait pu être bénéfique pour les artistes. »

Le jaune d’œuf sert de rempart contre l’humidité et le vieillissement
La peinture créée contient de l’eau distillée, de l’huile de lin, du pigment et une petite quantité de jaune d’œuf. Les chercheurs ont utilisé deux pigments différents dont on sait qu’ils étaient utilisés durant la Renaissance : le blanc de plomb, aussi appelé blanc de Saturne, et le bleu outremer. Ce type de peinture obtenue, sans ce nouvel ingrédient, présente des inconvénients, comme une sensibilité accrue à la lumière et l’humidité.

« L’ajout de jaune d’œuf est bénéfique car il peut ajuster les propriétés de ces peintures de manière drastique, a continué Ophélie Ranquet, par exemple en montrant le vieillissement différemment : il faut plus de temps pour que la peinture s’oxyde, à cause des antioxydants contenus dans le jaune ».

En enrobant les pigments, les protéines de jaune d’œuf serviraient aussi de rempart contre l’humidité, et le froissement (formation de « rides » sur certains tableaux) dû au séchage : « Le pigment blanc de plomb est assez sensible à l’humidité, mais si vous le recouvrez d’une couche de protéines, cela le rend beaucoup plus résistant, ce qui rend la peinture assez facile à appliquer », a ajouté Ophélie Ranquet. Bien que la peinture créée par les chercheurs ne soit qu’une expérience et ne corresponde pas exactement à celles utilisées des siècles auparavant, il s’agit tout de même d’« une preuve de concept, démontrant que ces liants protéiques peuvent être des additifs importants », conclut l’étude.

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