Le Soleil, un allié pour notre santé mais aussi un danger

Le Soleil est synonyme de bien-être, de moral au plus haut, de régulation de nos horloges biologiques et de processus physiologiques vitaux. Mais revers de la médaille, le bronzage parfait, les expositions répétées peuvent mener au déclenchement d’un cancer. Alors Soleil passionnément, mais avec modération !

Une prise de risque certaine par 40°C et sous un soleil de plomb pour ces deux vacanciers en plein bronzage alors que la région est frappée par une canicule. Adélaïde, Australie-Méridionale, Australie, décembre 2022.

Bien sûr, sans Soleil, pas de vie. Notre étoile n’est pas qu’un objet céleste régissant un système planétaire aux dimensions astronomiques, c’est aussi un lien jusqu’au plus profond de nos corps. Peau, vitamines, mécanismes physiologiques, et bien-être, le Soleil est un incontournable pour notre santé.

D’étonnantes réactions physiologiques entraînées par le Soleil
Notre vie est suspendue à son rayonnement, à la chaleur et aux ressources qu’il prodigue. Quand il entre dans une phase d’éruptions solaires maximales, gare à notre électronique et nos satellites, et nos systèmes de communications. Mais ce que l’on sait moins : le risque d’infarctus augmente après une éruption solaire chez les personnes les plus fragiles.

Oscillations et rythmes du champ magnétique terrestre seraient synchronisés avec nos rythmes cardiaques et cérébraux. Autre réponse physiologique étonnante : une personne sur quatre présente un réflexe photo-sternutatoire en passant de l’ombre au soleil. Ces individus sont pris d’éternuements incontrôlables quand ils s’exposent soudainement à la lumière du soleil.

Encore plus étrange : les simples écoute et lecture du mot « soleil » provoque une rétractation de nos pupilles. L’image mentale de notre étoile suffit-elle à déclencher ce réflexe photomoteur ?

De la vitamine D au bout de chaque rayon de soleil
Notre squelette peut lui dire un grand merci : notre exposition au Soleil, et plus particulièrement aux rayonnements ultra-violet B (UV B) sur notre peau, enclenche la fabrication de vitamine D par notre organisme. Sans cette vitamine qui est en fait une hormone, nous nous exposons à des problèmes d’ostéoporose ou de rachitisme chez les enfants.

La vitamine D permet l’absorption par les intestins du calcium, la régulation de la présence de celui-ci dans le sang, les organes mais surtout la minéralisation osseuse. 15 à 30 minutes par jour d’exposition des bras et du visage au soleil d’avril à octobre pour couvrir 50 à 70% de nos besoins en vitamine D. A tel point que les confinements de 2020, dictés par la pandémie de Covid, ont certainement privé de leur dose de rayons UV une bonne part de la population.

L’ensoleillement étant jugé insuffisant sous nos latitudes, les autorités sanitaires françaises préconisent une supplémentation en vitamine D pour les nourrissons.

Sans vitamine D, les ennuis de santé commencent
Les bienfaits du Soleil pour nos os, on le sait tous. Mais qui aurait imaginé que cette vitamine D synthétisée grâce aux rayons solaires pouvait également jouer un rôle important dans le fonctionnement cérébral ? Des carences en vitamine D chez des personnes âgées pourraient entraîner un déclin cognitif, et de maladie d’Alzheimer. Et que dire de notre système immunitaire ? Dans le cas de l’asthme, on constate qu’une exposition au Soleil atténue les carences en vitamines D et par ricochet la gravité des crises.

Soleil et horloge biologique
Des relations entre l’ensoleillement et notre rythme circadien abondent dans notre expérience quotidienne comme dans les travaux de chercheurs. Qui n’a pas expérimenté un sommeil de moindre qualité au moment du passage à l’heure d’été ? On cumule alors la « perte » d’une heure de sommeil et un ensoleillement croissant de jours qui s’allongent. Chez certains d’entre nous, le manque de luminosité en hiver entraîne une dépression légère appelée « trouble affectif saisonnier ».

Cette dépression saisonnière que la médecine a longtemps prise pour un mythe se manifeste par de la fatigue souvent intense, sommeil et appétit augmentent, avec une prise de poids et une appétence particulière pour les aliments sucrés. L’insuffisance de lumière plonge dans un état qui rappellerait l’hibernation chez certains animaux : l’horloge biologique est dérégulée, et il y a une forte sécrétion d’hormone du sommeil, la mélatonine.

Vivre sans lumière est de l’ordre de l’extrême. Une situation d’adaptation nécessaire étudiée sur des cobayes humains célèbres : les équipes de recherches en Antarctique qui travaillent pendant une nuit longue de six mois, le célèbre spéléologue Michel Siffre resté 60 jours dans une grotte en 1962, et plus récemment les 14 volontaires de la mission Deep Time, confinés dans une grotte ariégeoise en 2021.

Des thérapies lumineuses
On sait, depuis, qu’il faut aux patients un certain type de lumière artificielle pour réparer ce que provoque l’absence de lumière solaire. La luminothérapie consiste en l’exposition du patient à une lumière artificielle blanche, mais aussi bleue à large spectre, filtrant les rayons ultraviolets (UVA et UVB). Elle a fait ses preuves en matière de dépression saisonnière, des troubles de veille et sommeil, et depuis peu, les chercheurs la testent dans le cas de dépressions classiques en complément des antidépresseurs.

Il ne faut pas la confondre avec la photothérapie qui projette des rayons ultraviolets, utilisée en dermatologie pour soigner plusieurs maladies de peau comme le psoriasis, de l’acné, vitiligo ou l’eczéma.

D’autres approches thérapeutiques utilisant la lumière artificielle sont en train de s’imposer pour des pathologies : photothérapie dynamique contre des cellules cancéreuses, neuro-illumination intra- ou extra-crânienne afin de ralentir la progression de maladies neurodégénératives, optogénétique.

Bronzage : à consommer avec beaucoup de modération
Le Soleil, c’est un peu comme le sel ou l’alcool : toujours avec modération ! Estivants, enfants comme professionnels soumis à des expositions solaires intenses du fait d’activités en extérieur, nous devrions tous protéger notre peau et nos yeux du soleil. Les peaux claires comme les peaux plus sombres.

Le bronzage est une dégradation irréversible opérée par le soleil. La peau réagit en fonçant sous l’effet du soleil, grâce à un pigment, la mélanine fabriquée ou bien stimulée selon le type d’ultra-violets reçus. Elle est cruciale pour que peau et derme absorbent ces rayons. Ceux-ci sont des rayons ultra-violets A et B (UVA et UVB) qui pénètrent le derme pour les premiers ou restent au niveau de l’épiderme -la peau- pour les seconds.

Les UVA accentuent le vieillissement cellulaire en endommageant les fibres de collagène et d’élastine du derme, les UVB sont à l’origine de l’érythème solaire, le fameux coup de soleil qui occasionne des brûlures à ne pas prendre à la légère. « Préparer sa peau » pour un « bronzage de base » avant la saison estivale, à coup de séances en cabine solaire ou de compléments alimentaires, est vu comme « une ineptie » par les dermatologues.

Pour se protéger des rayons solaires, mieux vaut s’enduire de crèmes solaires -pour une protection effective, quasiment un tube de 50 ml par personne !- de se couvrir, de se méfier encore plus du soleil les jours de pics de pollution.

L’usage des crèmes nécessite de bien comprendre les indices de protection solaire qu’elles offrent en fonction du type de peau. Ces produits sont à utiliser rapidement avant la dégradation de certains de leurs composants en substance toxique. Et quant à fabriquer sa propre crème solaire, s’abstenir !

Soleil, cancérogène avéré
En 2004, l’Institut national du Cancer, fraîchement inauguré, lançait sa toute première campagne contre le mélanome, le cancer le plus grave de la peau. Aujourd’hui encore, nous envisageons avec trop de légèreté notre exposition au soleil avec des phénomènes de modes ou de comportements tels que le sunburn art, la tanorexie, ou encore allégations sur le bronzage en cabine qui ne présagent rien de bon.

L’excès d’exposition peut entraîner de nombreuses pathologies : insolation, effets sur les yeux immédiats ou retardés, allergies, vieillissement cutané, cancers cutanés. Il suffit de cinq coups de soleil graves avant l’âge de 20 ans pour augmenter fortement les risques de cancer de la peau d’un individu adulte.

Chaque année au mois de mai, une campagne de détection est organisée en France afin d’alerter et de dépister les deux grands types de cancers de la peau : les carcinomes, la grande majorité, et le mélanome, plus rare mais plus grave. Le Soleil quand on oublie toute modération peut s’avérer néfaste.

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