Soigner une maladie de l’intestin en ingérant des vers parasites, une approche thérapeutique déconcertante. Pourtant, des scientifiques pensent que cela pourrait aider les personnes atteintes de colite ulcéreuse.
On estime qu’environ 600 millions de personnes dans le monde sont infestées par des ankylostomes, des vers parasites qui s’installent dans les intestins, notamment de la population des pays pauvres des régions tropicales. Pourtant des chercheurs néo-zélandais pensent qu’en avaler une petite quantité pourrait être bénéfique aux personnes atteintes de colite ulcéreuse.
Dans leur étude pilote publiée dans Inflammatory Bowel Diseases, ils ont donné à la moitié des 20 volontaires une gélule contenant 30 larves d’ankylostomes (Necator americanus) tandis que l’autre moitié a reçu un placebo. Comment a évolué leur état de santé au bout d’un an de suivi ?
LA TÊTE D’UN ANKYLOSTOME ILLUSTRÉE EN 3D.
Des vers parasites qui soignent l’intestin ?
Les vers parasites se sont bien développés dans les intestins des volontaires puisque les scientifiques ont trouvé des œufs dans leurs selles, mais ils n’ont pas réussi à changer drastiquement l’état de santé des patients.
En effet, 40 % des patients infestés sont en rémission clinique un an plus tard ; c’est 50 % pour le groupe placebo. Pas d’effet significatif sur ce paramètre précis.
Comme il s’agit d’une maladie chronique, les patients touchés par la colite ulcéreuse peuvent rester en rémission pendant plusieurs mois jusqu’à ce que les symptômes réapparaissent lors d’une crise ou un flare-up. Des médicaments sont disponibles pour prévenir ces crises douloureuses qui diminuent la qualité de vie des patients. Les vers parasites n’ont pas permis de réduire significativement le temps entre deux crises en comparaison avec le placebo.
Mais les scientifiques restent confiants malgré les résultats mitigés obtenus à l’issue de cette toute petite étude. « Un des points clés de l’étude est qu’une seule dose d’ankylostome peut rester dans le corps plusieurs années, si ce n’est plus. Cela signifie que si les ankylostomes sont efficaces pour prévenir les rechutes, vous pouvez être infecté et potentiellement ne plus avoir besoin d’un traitement quotidien […] Je pense que c’est là que réside la force de cette approche », explique Thomas Mule, premier auteur de l’étude.
Si l’infestation par les vers a été bien tolérée, avec des désagréments apparus environ six à huit semaines après le début de l’expérience et qui se sont résorbés plusieurs semaines après, il faut tout de même encore prouver leur efficacité dans une étude à plus grande échelle.
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