Démonstrations aériennes et juteux contrats : le salon du Bourget est de retour

Le président français a arpenté, lundi, les allées du salon du Bourget pour l’ouverture de cette messe de l’aéronautique mondiale, qui se tient jusqu’au 25 juin au nord de Paris. Dès le premier jour de ce grand rendez-vous, la compagnie indienne IndiGo et l’avionneur français Airbus ont fait sensation en annonçant la plus grosse commande de l’aviation civile de l’histoire.

Emmanuel Macron s’est rendu, lundi 19 juin, au salon du Bourget afin de mettre en valeur ce secteur, qui est le premier contributeur à la balance commerciale française. 

Le président français est arrivé sur place vers 10 h à bord d’un H160, le dernier-né de la gamme d’Airbus Helicopters. Clin d’œil appuyé de l’Élysée à la nécessaire décarbonation du secteur aérien face à l’urgence climatique, l’appareil était avitaillé à 30 % de carburant d’aviation durable (SAF de son acronyme en anglais), d’origine non fossile, selon un journaliste de l’AFP accompagnant le chef de l’État.

Au sol, les premières délégations étrangères civiles ou en uniforme arpentaient les allées en direction des chalets des industriels, là où tout se passe dans le plus grand secret.

Dès l’aube, des visiteurs ont convergé vers cette fête biennale de l’aérien, organisée jusqu’au 25 juin. Cet événement est le plus important du genre au monde en termes de visiteurs : quelque 320 000 personnes sont attendues, le grand public y ayant accès à partir du vendredi 23 juin seulement.

La plus grosse commande de l’aviation civile pour Airbus

L’événement est avant tout l’occasion de finaliser des contrats pour les 1 130 entreprises françaises présentes, du géant Thales à la start-up Aura Aero. Le motoriste Safran a donné le tempo, lundi matin, en annonçant l’installation de quatre lignes de production en France et en Grande-Bretagne de moteurs électriques pour équiper les petits avions.

Il a été suivi dans l’après-midi par l’annonce de la compagnie aérienne IndiGo qui a conclu avec Airbus la plus importante commande de l’aviation civile en volume, avec un total de 500 avions monocouloirs.

« J’ai le plaisir et l’honneur d’annoncer qu’IndiGo a conclu avec Airbus un contrat pour l’achat de 500 appareils de la famille A320 », a déclaré Pieter Elbers, directeur général de la jeune compagnie à bas coûts basée à New Delhi, qui détient actuellement 55 % de son marché intérieur.

« Personne n’a jamais effectué une commande de cette importance, et elle témoigne du potentiel de l’aviation indienne », a ajouté M. Elbers, transfuge de la compagnie néerlandaise KLM, sur l’estrade d’une salle de presse bondée du chalet d’Airbus au premier jour du salon du Bourget.

L’avionneur européen n’actualise plus ses prix catalogue depuis 2018, et son président exécutif, Guillaume Faury, a refusé de communiquer un montant au contrat révélé lundi. Mais, selon le dernier tarif connu, cette transaction pourrait atteindre la bagatelle de 55 milliards de dollars.

La commande concerne des appareils devant être livrés entre 2030 et 2035, aussi bien des A320neo que des A321neo, d’une capacité en sièges plus importante, mais la proportion des deux versions n’est pas encore gelée, a souligné M. Elbers. « Aujourd’hui, IndiGo exploite environ 300 appareils, et 480 autres doivent être livrés d’ici à la fin de la décennie », a-t-il encore précisé, d’une voix altérée par l’émotion.

Renouvellement des flottes : Airbus et Boeing vont devoir suivre la cadence

Emmanuel Macron avait déjà annoncé, vendredi, un plan de 2,2 milliards d’euros pour accompagner la maturation des technologies permettant de réduire l’empreinte carbone de l’avion. Celle-ci passe notamment par le développement des SAF. Au salon du Bourget, le chef d’État s’est fait présenter sur le stand d’Airbus la feuille de route technologique pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

Le rassemblement du Bourget est présenté comme « le salon de la reprise » après la pandémie, qui a asséché les finances des compagnies aériennes, durablement désorganisé les chaînes d’approvisionnement des fabricants et obligé d’annuler l’édition 2021.

Le taxi aérien Volocopter 'Volocity' est exposé au salon international aéronautique et de l'espace à l'aéroport de Paris-Le Bourget, le 18 juin 2023
Le taxi aérien Volocopter ‘Volocity’ est exposé au salon international aéronautique et de l’espace à l’aéroport de Paris-Le Bourget, le 18 juin 2023 

Alors que le trafic aérien mondial est en passe de retrouver son niveau d’avant-Covid, les compagnies aériennes cherchent à renouveler leurs flottes par des avions plus rentables, qui consomment moins de carburant et émettent donc moins de CO2 pour répondre à l’injonction d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Et face à des avionneurs, dont les créneaux de livraisons sont quasi-pleins jusqu’en 2029, les compagnies anticipent leur croissance, alors que le trafic aérien mondial devrait doubler à cet horizon.

Un avion Air France à côté de maquettes des fusées Ariane 1 et Ariane 5, au salon international aéronautique et de l'espace à l'aéroport Paris-Le Bourget, le 18 juin 2023
Un avion Air France à côté de maquettes des fusées Ariane 1 et Ariane 5, au salon international aéronautique et de l’espace à l’aéroport Paris-Le Bourget

L’enjeu est majeur pour les deux avionneurs Airbus et
Boeing, confrontés aux difficultés de leurs chaînes de fournisseurs à suivre les remontées en cadence pour livrer les appareils.

AFP

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