Contrairement à ce que l’on peut lire partout, les batteries amovibles à l’ancienne ne vont pas faire leur retour dans nos smartphones. L’Union européenne exige des constructeurs qu’ils facilitent le remplacement d’une batterie, pas qu’ils revoient complètement le design de leur appareil.
Après l’USB-C obligatoire, les batteries amovibles ? Le sujet n’est en réalité pas nouveau, puisqu’il a été voté par le Parlement européen le 14 juin 2023, dans un objectif de réduire les déchets électroniques. Pourtant, depuis le 20 juin, Twitter s’emballe. Beaucoup semblent convaincus que l’Europe exige un retour en arrière, avec des dos qui se déclipsent et des batteries qui se retirent en quelques secondes.
Cependant, ce n’est aucunement ce qu’explique le document de 537 pages, que Numerama a pu consulter. L’Europe veut des batteries faciles à réparer, pas des batteries amovibles.
Une mesure de bon sens, pas une obligation
Le terme amovible n’est utilisé qu’une seule fois dans le document fourni par le Parlement européen, qui donne une définition très large du sujet. La grande majorité de son contenu se concentre sur les déchets électroniques, en incitant les constructeurs à faire attention à cet aspect, pour ne pas produire des batteries inutilement.
L’Union européenne semble plus préoccupée par l’énergie consommée pour produire une batterie que par le design des smartphones, qui arrive vraiment en second plan (voire troisième).
Ce que demande l’Union européenne, c’est que les constructeurs permettent le remplacement d’une batterie par soi-même sans passer par un réparateur officiel.
Grâce, notamment, à des kits « do it yourself » (fais-le toi-même). L’Europe souhaite qu’un utilisateur puisse commander une batterie de remplacement, ouvrir son smartphone et la changer tout seul, grâce à des outils simples d’utilisation.
Dans les faits, c’est déjà possible aujourd’hui avec la plupart des appareils. Cette mesure n’est pas exclusive aux smartphones, mais à tous les appareils portables, comme les ordinateurs.
L’Union européenne définit ainsi sa vision des batteries faciles à remplacer : « Une batterie portable doit être considérée comme amovible par l’utilisateur final lorsqu’elle peut être retirée à l’aide d’outils disponibles dans le commerce et sans nécessiter l’utilisation d’outils spécialisés, à moins qu’ils ne soient fournis gratuitement, ou d’outils propriétaires, d’énergie thermique ou de solvants pour la démonter.
Les outils disponibles dans le commerce sont considérés comme des outils disponibles sur le marché pour tous les utilisateurs finaux sans qu’ils aient à fournir la preuve d’un quelconque droit de propriété et qui peuvent être utilisés sans aucune restriction, à l’exception des restrictions liées à la santé et à la sécurité. »
Pour que la législation européenne soit bien appliquée, il faudra peut-être apporter quelques changements dans la fabrication des smartphones. Aujourd’hui, la colle est souvent utilisée pour que la batterie reste bien en place. Elle est facile à retirer et facultative ensuite, mais on peut imaginer que l’Europe exige des constructeurs qu’ils ne collent rien dans le futur.
En revanche, que la batterie ne soit pas accessible sans un tournevis et une ventouse, ça ne semble pas du tout d’actualité. L’emballement autour de ce sujet est exagéré, puisque rien ne va dans ce sens.
Dans son communiqué de presse, l’Union européenne ne mentionne pas le terme « batterie amovible ».
« Concevoir des batteries portables dans les appareils de manière à ce que les consommateurs puissent eux-mêmes les retirer et les remplacer facilement » est la seule inscription du Parlement européen sur le sujet, qui ne fixe des échéances que pour le recyclage des batteries. Bref, le dos du prochain iPhone ne devrait pas être retirable.
Enfin, quid des vols de smartphones à l’heure des batteries plus faciles à retirer ? Ce sujet fait peur sur Twitter, avec des messages partagés des milliers de fois sur les risques provoqués par l’Union européenne.
Vous l’avez sans doute compris, l’UE ne va pas faire revenir les batteries amovibles, donc la question ne se pose même pas. Mais, même si elle se posait, penser que cela rendrait les téléphones plus faciles à voler est une méconnaissance du sujet.
Les smartphones de dernière génération embarquent généralement une « réserve » de secours, qui leur permet de partager leur localisation même sans batterie. La polémique du jour n’en est donc pas réellement une, puisqu’il ne se passe rien de tel.
numerama