Il existe plusieurs sous-types de dépression. Des chercheurs américains viennent d’en découvrir un nouveau qui pourrait concerner environ un quart des patients atteints de troubles dépressifs majeurs. Caractérisé par des déficits cognitifs, il faudra développer de nouveaux médicaments plus efficaces que les actuels pour le traiter.
La dépression est divisée aujourd’hui en plusieurs sous-types et les chercheurs en découvrent encore de nouveaux. Des scientifiques de l’université de Stanford (États-Unis) viennent ainsi d’identifier un sous-type de dépression qui pourrait toucher 27 % des patients souffrant de troubles dépressifs majeurs, soit pas moins de 5,7 millions de patients américains.
Les résultats de l’étude parue dans JAMA Network Open permettraient d’expliquer pourquoi les médicaments les plus courants pour traiter la dépression ne sont pas toujours efficaces.
Un sous-type de dépression qui affecte la cognition
La nouvelle catégorie de dépression est appelée « biotype cognitif » par les chercheurs car elle se caractérise par des déficits cognitifs au niveau de l’attention, de la mémoire et de la maîtrise de soi. Les patients concernés présentent par exemple des difficultés à planifier, à rester concentrés malgré les distractions et à supprimer les comportements dits « inappropriés ».
Pour l’étude, 712 patients souffrant d’un trouble dépressif majeur et sans traitement préalable ont reçu au hasard un antidépresseur couramment prescrit (parmi trois), ciblant la sérotonine. Avant le début du traitement, ils ont fait l’objet d’une évaluation clinique de leur état dépressif et ont passé des tests de mémoire verbale, de mémoire de travail, de vitesse de décision et d’attention soutenue. Huit semaines après le début du traitement, les patients ont subi les mêmes évaluations.
Les chercheurs ont constaté que pour les trois antidépresseurs administrés, les taux de rémission – l’absence de symptômes de dépression – étaient de 38,8 % pour les participants présentant le nouveau biotype et de 47,7 % pour ceux qui ne le possédaient pas.
Avant le traitement, quelque 96 participants ont subi des examens complémentaires d’imagerie cérébrale pendant qu’ils effectuaient des tâches cognitives d’attention et de rapidité.
« L’IRMf réalisée a montré que les personnes présentant le nouveau biotype cognitif avaient une activité significativement réduite dans le cortex préfrontal dorsolatéral et les régions cingulaires antérieures dorsales pendant la tâche demandée, par rapport aux niveaux d’activité des participants qui ne présentaient pas le biotype cognitif », écrivent les chercheurs.
Ensemble, ces deux régions du cerveau sont fortement impliquées dans les fonctions exécutives telles que la planification, la réalisation d’objectifs et l’attention soutenue.
LES PERSONNES PRÉSENTANT LE NOUVEAU BIOTYPE COGNITIF AVAIENT UNE ACTIVITÉ SIGNIFICATIVEMENT RÉDUITE DANS LE CORTEX PRÉFRONTAL DORSOLATÉRAL ET LES RÉGIONS CINGULAIRES ANTÉRIEURES DORSALES PENDANT LA TÂCHE COGNITIVE DEMANDÉE.
Pas de cas unique de dépression
« La dépression se manifeste de différentes manières selon les personnes, mais la découverte de points communs – comme des profils similaires de fonctions cérébrales – aide les professionnels de la santé à traiter efficacement les participants en individualisant les soins », a déclaré Leanne Williams, professeure de psychiatrie et de sciences du comportement.
En effet, les antidépresseurs courants (des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) sont moins efficaces pour les patients souffrant de dysfonctionnement cognitif, et il convient de trouver d’autres traitements plus adaptés.
Les chercheurs étudient maintenant un autre médicament, la guanfacine, qui cible spécifiquement la région du cortex préfrontal dorsolatéral et qui pourrait se révéler plus efficace pour les patients atteints du sous-type cognitif.
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