En Equateur, le gouvernement cède petit à petit sa forêt vierge aux compagnies pétrolières. La jungle amazonienne va-t-elle laisser la place aux puits de pétrole ? Ce serait compter sans Nemo, « la gardienne de la forêt » dont « Envoyé spécial » a fait le portrait. A la tête d’un mouvement de résistance, elle a fait plier l’Etat.
En Equateur, le gouvernement cède petit à petit sa forêt vierge aux compagnies pétrolières. Pour éviter à sa région du Pastaza la déforestation et les ravages environnementaux qui s’ensuivent, une communauté d’Indiens waorani a attaqué le gouvernement en justice.
En juillet 2019, elle a remporté une victoire historique devant les tribunaux : empêcher la mise aux enchères de son territoire. « Envoyé spécial » a fait le récit de ce combat à travers le portrait de « Nemo, la gardienne de la forêt ». En voici un extrait.
Sans internet ni téléphone, un mode de vie autosuffisant dans la jungle
En Equateur, la souveraineté territoriale des communautés autochtones est reconnue par la loi, mais l’Etat reste propriétaire du sous-sol. Le gouvernement a divisé la jungle en blocs que, petit à petit, il propose à l’industrie pétrolière. En 2019, c’était le tour du bloc 22, où vivent des tribus d’Indiens waorani. Mais grâce à la ténacité d’une jeune femme, la population est entrée en résistance contre le projet de l’Etat… et elle a gagné.
Nemonte Nenquimo, alias Nemo, s’est donné pour mission de protéger ces milliers d’hectares de forêt vierge. Ce que la jeune femme veut défendre, c’est aussi un mode de vie autosuffisant. Dans cette jungle sans internet ni téléphone, on vit de chasse et de pêche – de ce qu’offre la nature.
Des terres extorquées contre quelques promesses… et une poignée de bonbons
Avant de mettre un terrain aux enchères, la loi oblige l’Etat à obtenir l’accord de la population par une consultation. La jeune femme n’était pas au village quand des fonctionnaires du gouvernement sont venus en 2012 pour faire signer des documents aux habitants. Ceux-ci n’ont pas compris qu’ils cédaient leurs terres… contre une poignée de bonbons et des promesses d’écoles et d’hôpitaux.
A son retour, elle a eu besoin de toute son énergie pour pousser les villageois à porter plainte. Nemo et sa communauté ont finalement réussi à faire reconnaître qu’ils avaient été dupés.
Capybaras, jaguars, coatis, tortues charapa… une faune d’une richesse exceptionnelle
Ce qui a été déterminant face au tribunal, c’est aussi le travail colossal que Nemo et son frère ont fourni pour cartographier les richesses naturelles de la région, avec l’aide de deux ONG. Cinq années à arpenter la forêt pour répertorier la flore et la faune – capybaras, jaguars, tapirs, tortues charapa, poissons carachama… Ils ont même installé des caméras dans les arbres pour capter le passage des animaux sauvages. Des éléments essentiels, dit Nemo, « pour que le monde visualise la richesse de notre jungle et réalise que cela ne peut pas être détruit ».
Source: francetvinfo.fr
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