La justice ivoirienne a prononcé le divorce de l’ancien couple présidentiel, ce jeudi 29 juin, après deux ans de procédure.
C’est par un communiqué de presse signé de l’avocat de l’ancienne première dame, Simone Gbagbo, que la nouvelle a été rendue publique. « Ce jour, 29 juin 2023, la justice ivoirienne a exaucé le vœu de monsieur Laurent Gbgabo en rendant la décision de divorce entre les époux Gbagbo », écrit maître Ange Rodrigue Dadjé.
« Le divorce a été prononcé aux torts exclusifs de monsieur Laurent Gbagbo, pour adultère caractérisé et notoire, abandon de domicile conjugal et injures graves à l’encontre de madame Simone », ajoute-t-il, sans donner plus de détails sur les modalités de ce divorce ni ses implications financières.
Le 30 septembre 2022, l’ex-président avait obtenu le dégel de ses comptes et le versement de sa rente viagère due aux anciens chefs de l’État – pour un montant total qui pourrait avoisiner les 3 millions d’euros. Pour l’heure, ni les conseils de Laurent Gbagbo, ni ceux de son parti, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) ne se sont encore exprimés sur le sujet.
Un couple fracturé depuis des années
Près de deux ans après son retour en Côte d’Ivoire, le 17 juin 2021, à la suite de son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), qui le poursuivait pour crimes contre l’humanité, l’ex-président a enfin obtenu la séparation d’avec son ancienne épouse et compagnonne de lutte, avec qui il avait cofondé le Front populaire ivoirien (FPI).
Officialisée juste après son arrivée à Abidjan, la procédure de divorce était entamée depuis plusieurs années déjà. Dès son transfert à La Haye, en 2011, Laurent Gbagbo avait informé ses enfants de sa volonté de se séparer et avait proposé à Simone un divorce à l’amiable. Mais l’ancienne première dame avait alors souhaité attendre la fin de leurs procédures judiciaires respectives, étant elle-même incarcérée en Côte d’Ivoire pour son rôle dans la crise postélectorale de 2010-2011. Elle ne sera amnistiée et libérée qu’en 2018.
Si le duo politique a perduré pendant leurs années communes au pouvoir, de 2000 à 2011, dans les coulisses, le couple, lui, s’est délité, au point que chacun avait ses propres appartements au sein de la résidence présidentielle de Cocody-Ambassades.
Depuis les années 2000, Laurent Gbagbo a pour compagne l’ex-journaliste Nady Bamba. Longtemps restée dans l’ombre, celle-ci est désormais au premier plan et l’accompagne lors de ses déplacements et rencontres officielles. On lui prête également une influence politique, notamment lors de la création du PPA-CI.
Malaise à l’aéroport d’Abidjan
Le retour de l’ancien président en Côte d’Ivoire a accéléré sa procédure de divorce avec Simone Gbagbo. Le 17 juin 2021, elle est bien présente – contre sa volonté – à son arrivée à l’aéroport d’Abidjan. Elle se fraye un chemin vers lui, l’enlace et lui glisse quelques mots. Elle lui demande aussi de s’agenouiller pour prier. Gbagbo refuse et lui demande de s’en aller d’un geste sec de la main. La scène, filmée, suscite un certain malaise.
De nombreux Ivoiriens expriment alors leur sympathie pour Simone – alors que l’ex-première dame a longtemps été perçue comme la plus radicale du couple.
Quelques mois plus tard, en octobre 2021, quand Gbagbo décide de laisser le FPI à Pascal Affi N’Guessan et de créer le PPA-CI, Simone voit comme une injure la place qui lui est réservée dans ce nouveau parti. Malgré plusieurs tentatives de médiation, notamment par l’intermédiaire de Hubert Oulaye, qui sera désigné président exécutif du PPA-CI, l’ex-première dame décide de se séparer de ses anciens camarades. En septembre 2021, elle lance le Mouvement des générations capables (MGC), qu’elle transforme en parti politique un an plus tard. Plusieurs anciens ministres et cadres du FPI lui sont restés fidèles.
Ces derniers mois, Simone Gbagbo s’est rapprochée d’anciens leaders de l’ex-bloc de gauche, tels Pascal Affi N’Guessan ou Charles Blé Goudé. Lors d’une « fête des libertés » à Bouaké, le 30 avril, elle avait prôné la réconciliation entre les Ivoiriens. À l’approche des élections locales, prévues le 2 septembre, elle prêche également pour une Commission électorale indépendante (CEI) sans partis.
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