L’épineuse question des relations entre le Maroc et l’Iran refait surface après les déclarations de ministre des Affaires étrangères iranien, Amir Abdollahian. Ce dernier a annoncé vouloir une réconciliation avec le Maroc, mais les sujets de divergence sont profonds.
Les relations entre Rabat et Téhéran sont rompues depuis le 1er mai 2018 à l’initiative du Royaume qui a reproché à l’Iran de soutenir et d’armer la milice séparatiste du polisario à travers son ambassade à Alger.
« Le Maroc dispose de preuves irréfutables, de noms identifiés et de faits précis qui corroborent cette connivence entre le polisario et le Hezbollah contre les intérêts suprêmes du Royaume », avait déclaré à l’époque le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, en expliquant cette décision.
Depuis cette date, les deux pays ne se parlent plus et la situation serait restée la même si Téhéran ne s’était pas rendu compte que l’Iran était devenu un Etat paria dans le monde. Depuis le début de l’année 2023, la République islamique tente tant bien que mal de retrouver (et de donner) une meilleure image sur la scène internationale.
La stratégie adoptée par le pays vise en premier lieu une réconciliation avec les pays musulmans en usant de la proximité religieuse, un élément qui facilite l’accès à près d’une cinquantaine de pays. En tête de liste, figurent les pays forts et stratégiques et c’est ainsi que s’est opéré un rapprochement et une réconciliation inattendue avec l’Arabie saoudite grâce à une médiation chinoise.
Plus récemment et à l’occasion de l’Aid Al Adha, le chef de la diplomatie iranienne a dévoilé lors d’une réunion avec des ambassadeurs de pays musulmans, que parmi les priorités de la politique étrangère du gouvernement iranien, figurait une attention particulière à la relation avec le monde islamique et les pays de la région.
«Nous nous félicitons du développement des relations et de la normalisation avec d’autres pays régionaux et musulmans, y compris la République arabe d’Egypte et l’Etat musulman et frère du Maroc», a déclaré Hossein Amir Abdollahian, faisant ainsi le voeu de voir un rétablissement des relations diplomatiques avec le Maroc.
Cette annonce a aussitôt précipité le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, pour prendre son téléphone et appeler son homologue, Ebrahim Raïssi, sous le prétexte d’un échange de voeux de l’Aid Al Adha mais surtout l’activation de la coopération entre les deux pays.
Les deux chefs d’Etats «ont convenu aussi de renforcer la coopération bilatérale et d’accélérer la tenue de la réunion de la grande commission mixte entre les deux pays», a indiqué un communiqué de la présidence algérienne.
Le régime algérien ne veut surtout pas perdre le soutien de Téhéran dans le dossier du Sahara et craint qu’une envie de reprise des relations diplomatiques avec le Maroc ne signifie un retrait de la reconnaissance de la pseudo rasd et l’arrêt systématique du plaidoyer de l’Iran en faveur du polisario à l’ONU.
En effet, le Maroc n’en attendra pas moins pour reprendre ses relations diplomatiques avec l’Iran. Il faut rappeler déjà que celles-ci ont été rompues en 2009, avant une reprise en 2014, ce qui fait que le Maroc est deux fois plus méfiant avec l’Iran.
Par ailleurs, le discours du Roi Mohammed VI de 2022, à l’occasion de la commémoration de La révolution du roi et du peuple avait été clair sur la question du Sahara pour le Maroc. « Le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international, et l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats que le Royaume établit », avait ainsi affirmé le souverain.
Le Maroc attendra donc un changement de position sur le Sahara incluant un retrait de la reconnaissance de la pseudo rasd, et des garanties d’une bonne foi de la part de l’Iran pour espérer qu’une relation de confiance soit installée sur le long terme. Téhéran aura donc la lourde de tâche de convaincre et de restaurer la confiance perdue.
Malgré les tensions persistantes et les griefs du Maroc qui semblent indiquer une décision de non-retour du côté marocain, les relations entre les deux pays ne sont pas vouées à rester inexistantes ad vitam aeternam. La preuve en est la réconciliation entre l’Arabie saoudite et l’Iran qui étaient pourtant des ennemis jurés et déclarés.
hespress