L’enquête a révélé que la mort était due à une infection nosocomiale contractée lors de l’injection de nutrition par voie intraveineuse. Ainsi, la thèse d’une faute humaine a été confirmée.
La nouvelle lui tomba dessus comme un coup de massue : la mort suspecte de son bébé, un des 15 nouveaux-nés décédés, un certain 8 mars 2019 au Centre de maternité de La Rabta à Tunis, fit, alors, totalement basculer sa vie. Ainsi, s’en souvient encore Ammar, ce papa, quadragénaire, n’ayant jamais oublié la dépouille de son nourrisson qui lui fut remise dans une boîte en carton et le jour de son enterrement, indignement, au cimetière El Jellaz, à quelques encablures de l’hôpital maudit. Sitôt surpris par cette erreur médicale sans précédent, Abderraouf Cherif, alors ministre de la Santé, avait, le lendemain, présenté sa démission, dans un silence strident.
Le drame qui a fait trembler l’opinion
Cette scène macabre humiliante était telle qu’elle fut dénoncée et partagée sur les réseaux sociaux. Aussi, l’image si choquante fit le tour des médias nationaux et internationaux. Ce fut, alors, le drame de trop qui a fait trembler l’opinion nationale, suscité une profonde émotion et soulevé un grand débat sur un secteur de santé publique mal en point. En fait, l’enquête a révélé que la mort était due à une infection nosocomiale contractée lors de l’injection de nutrition par voie intraveineuse.
Ainsi, la thèse d’une faute humaine a été confirmée. Sauf que le juge d’instruction chargé du procès avait émis, en avril 2021, des actes d’accusation pour homicide involontaire contre trois prévenus, à savoir la directrice du centre de maternité et de néonatologie de La Rabta, du directeur de la maintenance et du chef de service de la pharmacie de l’hôpital.
Toutefois, on n’a vu depuis aucune arrestation exécutée. Au fil des jours et des mois, le père Ammar a du mal à digérer son malheur. Sa jeune épouse, Houda, était restée, longtemps, traumatisée, sous le choc d’un mauvais souvenir. «La perte de notre cher et regretté bébé nous a beaucoup peinés », s’exprimaient, émus, ces parents sinistrés. Selon eux, avoir un garçon n’a rien d’équivalent. «Notre joie était à son comble. Jours et nuits, nous comptions le temps qui reste pour étreindre notre premier bébé. Mais, hélas, nos espoirs sont tous partis en fumée.
Que Dieu nous accorde patience et réconfort», c’étaitent les premiers mots amèrement prononcés à chaud. Ce couple n’a pourtant jamais imaginé que son rêve ait, si vite, tourné au cauchemar, et que son nouveau-né ait les jours aussi courts. Passés les mois et les années, ils ont pris leur mal en patience. Sans rien de nouveau sur leur procès qui a trop tardé.
Le verdict !
Plus de quatre ans déjà, l’affaire des nouveaux-nés refait, aujourd’hui, surface, ayant révélé tous ses secrets. Et ce n’est que vendredi dernier, 7 juillet, que le tribunal de première instance de Tunis a, finalement, rendu son verdict, tant attendu. En effet, deux inculpés précités ont été, ce alors, condamnés à huit mois de prison dans chaque affaire, soit chacun d’eux écope de 10 ans au total, pour homicide involontaire commis par négligence conformément à l’article 217 du code pénal.
Le troisième, qui est le directeur de la maintenance à l’hôpital, a été, quant à lui, acquitté, avait déclaré, aux médias, l’avocat chargé de l’affaire, Mme Toumi Ben Farhat. Par ailleurs, a-t-il ajouté, la peine est assortie d’un dédommagement de 30 mille dinars pour chaque famille. Cela pourrait mettre du baume au cœur, un bon signe révélateur d’une justice encore en mesure de pouvoir trancher.
Il y aura encore des audiences !
Suite à quoi, Ammar et sa femme se sont sentis plus que jamais soulagés, comme s’ils se débarrassaient d’un fardeau si lourd et affligeant. «Ce jugement nous a rendus encore plus confiants en la justice, bien que tout porte à croire que l’enquête ouverte, au début, allait finir par être enterrée et nos droits seraient ainsi jetés aux oubliettes », s’expriment-ils. Toutefois, Mme Ben Farhat a indiqué que ce jugement fera l’objet d’un recours en appel par le comité de défense des accusés. Soit, il n’a pas d’effet exécutoire immédiat, à vrai dire.
Ceci étant, l’affaire ne semble pas définitivement close. Certes, il y aura encore des audiences. En réaction à ce verdict jugé sévère infligé au chef de service de la pharmacie, le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens avait posté sur sa page facebook un communiqué exprimant son étonnement, estimant que son affilié avait, depuis sa prise de fonction, alerté sur toutes les défaillances constatées. Son avocat avait, à l’époque, déclaré avoir présenté tous les documents dégageant son client de toute responsabilité pénale et morale.
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