Les modèles l’avaient envisagé. Désormais, des données satellitaires le confirment. La couleur des océans du monde change. Sous l’effet du réchauffement climatique.
Le changement de couleur évoqué n’est pas visible à l’œil nu. Mais les satellites peuvent le mesurer. Le spectroradiomètre imageur à résolution moyenne (Modis) embarqué à bord du satellite Aqua le fait depuis plus de vingt ans maintenant. Pas seulement sur les couleurs bleues ou vertes, mais, sur sept longueurs d’onde du spectre visible.
Et l’analyse de ces données montre une tendance claire. Supérieure à la variabilité naturelle d’une année à l’autre. Les régions proches de l’équateur, par exemple, sont devenues plus vertes.
Les chercheurs ont ensuite comparé leurs résultats à ceux donnés par un modèle développé il y a quelques années – voir notre précédent article ci-dessous -, un modèle qui simule l’évolution de la couleur des océans en fonction de nos émissions de gaz à effet de serre. Et les prévisions du modèle se sont avérées presque identiques aux données du monde réel recueillies ici par les chercheurs.
DES CHERCHEURS DU MASSACHUSETTS INSTITUE OF TECHNOLOGY (MIT, ÉTATS-UNIS) ONT SUIVI LES CHANGEMENTS DE COULEUR DE L’OCÉAN DEPUIS PLUS DE VINGT ANS EN ANALYSANT LES MESURES PRISES PAR LE SPECTRORADIOMÈTRE IMAGEUR À RÉSOLUTION MOYENNE (MODIS) À BORD DU SATELLITE AQUA.
La couleur des océans n’est pas anodine
De quoi confirmer l’effet du changement climatique sur la couleur des océans. Comme une nouvelle façon de nous alerter sur toutes les manières dont nous impactons notre environnement. Car les changements de couleur dans les océans sont le reflet de changements qui apparaissent dans les écosystèmes marins de surface. Dans les communautés de phytoplancton, notamment.
Les chercheurs ne sont pas encore capables de préciser de quelle façon exactement. Mais ce qu’ils savent, c’est qu’un changement dans les communautés de phytoplancton peut avoir un impact majeur. Car le phytoplancton est à la base du réseau trophique marin. Il nourrit le krill qui nourrit les poissons qui nourrissent les oiseaux et les mammifères marins.
Le phytoplancton participe aussi à l’absorption par l’océan d’une partie du dioxyde de carbone (CO2) qui se trouve dans notre atmosphère. Et donc à la réduction du réchauffement climatique. Mais les différents types de plancton qui potentiellement donnent des couleurs différentes à l’eau ont des capacités différentes à le faire.
Que les plus poètes d’entre nous se rassurent. Ils pourront encore longtemps rêver de la couleur des océans. Mais pour les autres, la question est donc en train de prendre un virage des plus sérieux. Car ce qui était resté jusqu’ici de l’ordre de la prévision d’un modèle pour le futur s’avère être d’ores et déjà une réalité. Un changement de plus, qui se produit plus vite que les chercheurs l’avaient initialement envisagé.
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