Les Etats-Unis ont autorisé jeudi la vente sans ordonnance d’une pilule contraceptive, une première dans le pays, qui espère ainsi faciliter son accès notamment pour les jeunes filles.
La pilule concernée, Opill, sera disponible dans les pharmacies, les commerces de quartiers et supermarchés ainsi que sur internet, a annoncé l’Agence américaine des médicaments (FDA).
Cette décision doit « réduire les barrières à l’accès » à cette méthode de contraception, en permettant de l’obtenir « sans devoir d’abord voir un professionnel de santé », a souligné la FDA dans un communiqué.
Plus d’une centaine de pays autorisent déjà la vente libre de pilules contraceptives, selon la coalition d’organisations Free the Pill (« libérez la pilule »).
Mais cette mesure intervient dans un contexte particulier aux Etats-Unis, où le droit à l’avortement subit l’assaut renouvelé des conservateurs et est désormais interdit dans plusieurs Etats.
« Si utilisée comme indiqué, la contraception orale quotidienne est sûre et plus efficace pour prévenir des grossesses non désirées que les méthodes de contraception disponibles actuellement sans ordonnance », a déclaré Patrizia Cavazzoni, responsable au sein de la FDA.
L’agence américaine prévient que cette pilule ne doit pas être prise par des femmes ayant déjà eu un cancer du sein.
– Prix à déterminer –
Cette pilule à progestatif seul (sans oestrogène) est produite par la société pharmaceutique HRA Pharma, récemment rachetée par Perrigo. Elle était déjà autorisée aux Etats-Unis sur ordonnance depuis plusieurs décennies.
Elle sera disponible en vente libre dans les magasins américains « à partir du premier trimestre 2024 », a précisé Perrigo dans un communiqué. Le prix n’a pas encore été annoncé.
Celui-ci devra être « abordable et couvert par les assurances » santé, a souligné Free the Pill dans un communiqué, en qualifiant la décision de la FDA d' »historique ».
Obtenue après deux décennies de plaidoyer en ce sens, elle pourrait « transformer l’accès à la contraception », a souligné cette coalition d’experts.
Selon les autorités sanitaires, près de la moitié des 6,1 millions de grossesses annuelles aux Etats-Unis ne sont pas désirées. Or celles-ci sont liées à davantage « d’issues négatives », selon la FDA, dont un plus grand risque de ne pas recevoir des soins prénataux, d’accouchements prématurés, et de complications de santé pour le bébé une fois né.
La décision de la FDA pourrait notamment avoir un impact important pour les adolescentes, selon les experts, celles-ci pouvant avoir davantage de difficulté à se rendre chez le médecin, notamment si elles ne peuvent que le faire seules.
Cette mesure pourra également faciliter l’accès « à ceux faisant face à davantage de barrières dans notre système de santé, dont les personnes LGBTQIA+, les personnes de couleur, et ceux travaillant pour joindre les deux bouts », a déclaré la médecin Lin-Fan Wang, citée dans le communiqué de Free the Pill.
En mai, un comité consultatif d’experts réuni par la FDA avait unanimement voté en faveur de l’autorisation de la vente sans ordonnance de cette pilule, en estimant que les bénéfices surpassaient les risques.
La pilule contraceptive, qui doit être prise quotidiennement à la même heure, empêche une femme de tomber enceinte lors de rapports sexuels. Elle se distingue de la pilule abortive, elle-même au centre d’une bataille aux Etats-Unis, qui est pour sa part prise une fois une grossesse confirmée, afin de l’interrompre.
afp