La question de l’autonomie des batteries des voitures électriques pourrait bientôt être de l’histoire ancienne. Une autoroute française teste la recharge des véhicules en roulant et ouvre la voie aux e-autoroutes.
Recharger sa voiture en roulant n’est plus du domaine de la science-fiction, c’est même une réalité en France. L’autoroute A10 tente l’expérience de la « route électrique » en s’appuyant sur deux technologies. Des bobines magnétiques seront glissées sous le bitume et rechargeront les batteries par induction, de la même manière que nos téléphones portables. En plus, un rail inséré au ras du bitume offrira la possibilité aux véhicules équipés de se brancher au sol.
Les premiers tests auront lieu en septembre 2023 du côté de Rouen, sur une piste fermée du Cerema. Cet établissement public sous la tutelle du ministère de la Transition écologique. Ces solutions seront ensuite installées sur quatre kilomètres de la voie de droite de l’A10 dans le sens Paris-Orléans, en amont de la barrière de péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines. L’expérience vise à « lever les dernières questions qui restent, avant de déployer ces technologies à grande échelle, sur des centaines ou des milliers de kilomètres », explique Louis du Pasquier, en charge du projet chez Vinc, à l’AFP. Évidemment, les chargeurs ne s’activeront qu’avec les véhicules compatibles.
L’expérience s’étalera sur trois ans pour un budget de 26 millions d’euros. Elle bénéficiera du soutien du plan public France 2030 via la Banque publique d’investissement (BPI).
Le début d’une révolution ?
Bien que récent, le concept des e-autoroutes n’est pas totalement nouveau. Il est même en test dans plusieurs pays et la Suède avait déjà présenté une route électrique en 2016. Depuis cette expérimentation, le projet s’est perfectionné et la Suède continue de montrer la voie dans le domaine, avec le lancement de la première route électrique au monde.
La France suit le mouvement et ces systèmes de « routes électriques » pourraient donner un coup d’accélération à la révolution en cours dans l’industrie automobile. Le dispositif est particulièrement prometteur pour les véhicules électriques, pas seulement en matière d’autonomie.
Le premier élément qui vient à l’esprit reste la possibilité pour ses voitures de rouler plus longtemps, sans s’arrêter pour recharger. Le véhicule électrique perdrait l’un de ses inconvénients principaux face aux modèles thermiques. L’autre intérêt des « routes électriques » pour ses véhicules serait la possibilité de ne pas embarquer des batteries trop lourdes. Ces dernières sont aussi réputées gourmandes en matériaux rares.
D’après une étude de l’université de Göteborg (Suède), ces routes du futur permettraient de réduire de 62 à 71 % l’autonomie nécessaire pour un usage normal des voitures et donc la taille de leurs batteries. À noter que l’autoroute du Mont-Blanc (Haute-Savoie) testera également bientôt une solution de « frotteur ». Les véhicules équipés d’un dispositif rétractable pourront collecter l’électricité depuis une piste d’alimentation insérée dans la couche de roulement de la chaussée. Initialement, cette idée a été développée par Alstom pour les tramways.
Des idées et plusieurs obstacles
Prometteuse, la « route électrique » sera par ailleurs essentielle pour électrifier rapidement les poids lourds. Ces derniers roulent encore massivement au diesel, selon des rapports rendus au ministère des Transports à l’été 2021. Néanmoins, plusieurs barrières technologiques viennent assombrir ce tableau si l’on en croit des rapports rendus au ministère. En effet, l’induction est peu puissante et coûteuse, tandis que le rail peut s’encrasser et poser des problèmes aux deux-roues, notamment.
En Allemagne, une autre solution faisant appel à une caténaire est actuellement en cours de test. Une approche similaire aux tramways, présentée comme « la plus avancée techniquement ». Cependant, elle n’alimente que les camions et les pylônes nécessaires en bord de route posent des problèmes de sécurité routière. Plus proche de nous, de nouvelles règles européennes prévoit la présence de bornes de recharge tous les 60 km sur les principaux axes.
France 24