Après les «100 jours d’apaisement», Emmanuel Macron prône «l’ordre» et «le retour de l’autorité»

Emmanuel Macron a entamé, lundi 24 juillet, en Nouvelle-Calédonie sa tournée dans le Pacifique. À Nouméa, il s’est exprimé dans une interview dans les journaux de 13h de TF1 et France 2 pour clore la séquence politique entamée mi-avril après la crise des retraites, et qui a abouti à un remaniement ministériel la semaine dernière.

Emmanuel Macron vient de commencer une visite en Nouvelle-Calédonie au cours de laquelle il doit se pencher sur le casse-tête institutionnel du territoire d’Outre-mer, sur fond de menace de boycott d’une partie du camp indépendantiste. Ce déplacement coïncide avec la toute fin des « 100 jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action » qu’il s’était donné mi-avril pour relancer son second quinquennat après la crise des retraites. Lors de son interview accordée aux journaux télévisés de 13 heures des chaînes TF1 et France 2, il a défendu le bilan de cette période.

« On a fait le travail », a dit en substance le président de la République et « on a eu des résultats » sur la loi industrie verte, la loi de programmation militaire ou sur la réforme de la justice. Mais Emmanuel Macron le reconnaît, il y a eu des jours avec, et des jours sans. Selon lui, le contrat a été rempli et c’est ce qui justifie, de son point de vue, le maintien d’Elisabeth Borne à la tête du gouvernement, explique Aurélien Devernoix, du service politique de RFI.

Un choix de confiance envers Élisabeth Borne
De Nouméa, où il est en visite jusqu’à mardi, le président français a en effet renouvelé sa confiance à Élisabeth Borne. Celui qui avait demandé en mars à la Première ministre d’élargir sa majorité relative, après l’adoption de sa réforme contestée des retraites, a minimisé lundi l’échec de la cheffe du gouvernement. « Le gouvernement a avancé, décidé, fait passer des textes, été efficace, ce qui justifie ce choix de confiance pour Madame la Première ministre, et d’efficacité », a ajouté le président de la République.

Le chef de l’État a répété que « le cap du pays » était « l’indépendance et la justice ». « Face à tous ces grands dérèglements, le risque que nous avons, c’est de perdre l’indépendance militaire, technologique, industrielle, financière ». Concernant le projet de loi immigration, Emmanuel Macron a dit avoir « bon espoir » que les oppositions « républicaines » « aident à bâtir un texte », même s’il n’a pas exclu le recours au 49.3 pour le faire adopter, au nom de « l’efficacité ».

Le soutien à Élisabeth Borne est toujours du bout des lèvres et a minima. Mais on n’a pas l’impression qu’Élisabeth Borne soit si confortée que cela. Emmanuel Macron a également dit qu’il ne croyait pas aux coalitions formelles pour faire un nouveau gouvernement, c’est-à-dire un élargissement aux Républicains. Ce qui était pourtant l’objectif qui avait été fixé à Élisabeth Borne au début des 100 jours. La Première ministre n’arrive pas dans une situation très confortable pour la rentrée qui s’annonce.

Une « série de petites révolutions » dans l’Éducation nationale
Très attendu sur les réformes concernant l’école, désormais sous la houlette du nouveau ministre Gabriel Attal, le président Emmanuel Macron a réaffirmé qu’il y aurait « un professeur devant chaque classe » à la rentrée, grâce à « une série de petites révolutions ». Celles-ci passent par la réforme de la formation et une meilleure rémunération. Le chef de l’État a cité le « pacte enseignant », qui prévoit sur la base du volontariat le remplacement de professeurs absents par leurs collègues en échange d’une meilleure rémunération et a ajouté que l’Éducation nationale « continue à recruter » des contractuels pour assurer la rentrée.

Emmanuel Macron n’a en revanche pas annoncé des embauches supplémentaires dans l’Éducation nationale. Il a dit qu’il y avait notamment de nombreux profs remplaçants, des vacataires qui seraient de nouveau sollicités.

« L’ordre » et le « retour de l’autorité à chaque niveau »
Après les violences qui ont secoué la France à la suite de la mort du jeune Nahel, tué fin juin par un policier après un refus d’obtempérer, Emmanuel Macron a tenu un discours sans équivoque. Il a prôné « l’ordre, l’ordre, l’ordre » et le « retour de l’autorité à chaque niveau » après les violences urbaines. Répétant sa volonté d’ouvrir le chantier de « l’autorité parentale » avant la fin de l’été, Emmanuel Macron a également épinglé les « réseaux sociaux », plaidant pour « trouver un ordre public numérique qui permette de prévenir ces débordements ».

Interrogé sur les propos du patron de la police nationale, Frédéric Veaux, le chef de l’État semble vouloir contenter tout le monde. Il répond d’abord que « tout le monde doit respecter la loi », mais ajoute qu’il faut comprendre « l’émotion chez nos policiers qui ont eu le sentiment d’être confrontés à la violence la plus extrême ». Mais le président l’affirme : « Nul en République n’est au-dessus des lois ».

Sur le fond, il va y avoir la question du bilan à tirer des émeutes et des mesures à mettre en place. Emmanuel Macron a dit qu’il allait de nouveau solliciter beaucoup les maires, les élus locaux, et puis, qu’il voudrait faire quelque chose qui ne soit plus dans le cadre d’une stricte politique en direction des quartiers populaires.

Une « décision proportionnée » concernant l’augmentation du prix de l’électricité
« Cette hausse de l’été » est « importante pour beaucoup de nos compatriotes qui sont déjà dans la difficulté, mais je pense que c’est une décision proportionnée », a assuré Emmanuel Macron à propos de l’augmentation de 10% des prix de l’électricité au 1er août.

Il a promis de « continuer à accompagner dans les prochains mois » l’évolution du prix de l’énergie grâce à la production de « davantage d’électricité» et en finalisant « une réforme au niveau européen qui va permettre de réduire notre coût de l’électricité parce que la France a été pénalisée par les règles de calcul ».

Tenir les objectifs climatiques et réduire les émissions de CO2
La planification écologique a pris « 18 mois », insiste Emmanuel Macron, citant la rénovation thermique des bâtiments « si emblématique », l’importance de la biodiversité ou encore l’« économie circulaire ».

« Nous devrons faire deux fois plus vite » que les cinq dernières années durant les cinq années qui viennent pour réduire les émissions de CO2 et tenir les objectifs climatiques, a déclaré le chef de l’État, promettant d’investir « dès l’année prochaine », « plusieurs milliards d’euros en plus » dans l’écologie.

Il est à l’origine de délitement de la police et de la justice. Alors qu’elles devraient travailler de concert, elles semblent s’opposer aujourd’hui

AFP

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