La première phase de recrutement de l’OM confirme la montée en gamme du club phocéen ces deux dernières années. Celle-ci s’accompagne cependant d’interrogations économiques, alors que Frank McCourt vise l’équilibre des comptes à l’issue de la saison 2023-2024.
Tout va très vite dans le football, dit le célèbre poncif, et ce n’est pas l’Olympique de Marseille qui risque de le ringardiser. Tout est allé très vite ces dernières semaines, ces derniers jours, à l’OM où les légères inquiétudes ont laissé place à une grande excitation, provoquée par un mercato qui commence à avoir de l’allure.
Quelques heures seulement après l’annonce du départ de Dimitri Payet, les supporters marseillais ont, pour certains, pu essuyer leurs larmes en apprenant l’officialisation de l’arrivée de Pierre-Emerick Aubameyang. Une belle pioche, même à 34 ans, après deux premières recrues séduisantes sur le papier, Geoffrey Kondogbia et Renan Lodi. Et avant le petit dernier, Ismaïla Sarr, dont le transfert a été confirmé par le club ce lundi soir.
Ce ne sont pas les noms les plus ronflants, mais ce sont des noms qui claquent pour la Ligue 1, le cinquième championnat européen (peut-être même bientôt le sixième). En quelque sorte, ce début de recrutement permet de se rendre compte que l’OM a parcouru du chemin en un peu plus de deux ans et depuis la fin de l’ère Jacques-Henri Eyraud. Une montée en gamme, voire une nouvelle dimension, avec des ambitions et aussi quelques interrogations.
Du beau monde sur la Canebière
Marseille peut désormais compter sur d’autres atouts que sa grande histoire et son étoile pour se montrer attractif. C’est à mettre au crédit du président Pablo Longoria et du directeur du football Javier Ribalta, qui ont du réseau, des idées et une certaine capacité à vendre un projet sportif aux joueurs convoités.
Ce qui n’est pourtant pas simple quand l’entraîneur change chaque été : après Jorge Sampaoli et Igor Tudor, Marcelino va tenter d’infuser sa méthode au sein de l’effectif marseillais. Dans un tel contexte, ce n’est pas rien de parvenir à séduire un attaquant comme Aubameyang, en échec à Chelsea, mais qui compte près de 100 matchs européens avec Lille, Dortmund, Arsenal, le Barça et donc les Blues (46 buts, 15 passes décisives).
Même chose avec Geoffrey Kondogbia et Renan Lodi, qui était un solide titulaire à l’Atlético de Madrid en 2021-2022, ou encore Ismaïla Sarr, qui aurait pu choisir de rester en Angleterre, comme beaucoup de joueurs aiment le faire.
Dans la même veine, son compatriote sénégalais Iliman Ndiaye, attaquant de Sheffield United, pourrait prochainement rejoindre la Canebière, selon L’Équipe. En fil rouge, le feuilleton Alexis Sanchez, dont on ne sait toujours pas s’il compte rempiler pour une saison à Marseille.
Avec déjà plus de 30 millions d’euros dépensés pour une dizaine de millions d’euros de vente, si l’on compte les départs de Luis Suarez, Arkadiusz Milik et Nemanja Radonjic, l’OM se donne les moyens de ses ambitions. Mais lesquelles ? Il serait trop présomptueux de prétendre concurrencer le Paris Saint-Germain pour le titre de champion de France, surtout après une saison historique qui a vu Marseille échouer à douze unités d’un médiocre PSG.
Le premier objectif à très court terme sera de voir les poules de la Ligue des champions, alors que l’OM sait qu’il faudra écarter le Panathinaïkos ou le Dnipro lors du troisième tour préliminaire pour atteindre les barrages, où les Phocéens pourraient croiser un plus gros morceau, comme Braga, les Rangers ou le PSV.
L’enjeu est bien sûr sportif, mais aussi économique : une qualification en C1 devrait rapporter plus de 20 millions d’euros à Marseille, soit une somme non négligeable pour un club qui prend des risques pour mener à bien sa stratégie.
Qui veut gagner des millions ?
En privé et même parfois en public, Pablo Longoria n’a jamais caché qu’une place en Ligue des champions était vitale pour l’OM, qui a au moins vu le Tribunal arbitral du sport lever l’interdiction de recrutement dans l’affaire Pape Gueye. Cette épée de Damoclès n’a pas empêché les dirigeants marseillais d’être très actifs lors des deux dernières fenêtres de transferts estivales (environ 170 millions d’euros), malgré des ventes moins importantes (environ 45 millions d’euros).
Ni de distribuer des salaires importants, avec une masse salariale record en 2021-2022 (plus de 135 millions d’euros). L’économie de celui de Payet pour la nouvelle saison sera précieuse, mais les émoluments d’Aubameyang ou Kondogbia sont également très importants (700 000 euros mensuels pour le Gabonais, selon plusieurs sources).
Ces prises de risques, plutôt assumées, pourraient coûter cher en cas d’échec sur le terrain, même si les dirigeants olympiens savent que les trois premiers de Ligue 1 seront directement qualifiés pour la phase de classement de la Ligue des champions new-look prévue pour 2024-2025. Des rentrées d’argent seront essentielles pour répondre positivement à la requête principale du propriétaire Frank McCourt, c’est-à-dire être à l’équilibre dans les comptes de la saison 2023-2024.
Pour rappel, l’OM avait bouclé l’exercice 2021-2022 avec 31 millions d’euros de pertes, malgré des aides précieuses de l’État et le retour à la normale après la pandémie. Des questions de gros sous intimement liées au volet sportif : l’OM a besoin d’entrer dans un cercle vertueux économiquement afin de poursuivre son évolution sportive.
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