Le navire humanitaire Ocean Viking a secouru 55 personnes dont 5 femmes et 12 mineurs, au large de la Libye ce jeudi. Comme souvent, les passagers traversaient la Méditerranée à bord d’une embarcation en fibre de verre « surchargée et impropre à la navigation », selon l’ONG SOS Méditerranée.
Les sauvetages se multiplient dans la Méditerranée centrale depuis plusieurs semaines. Ce jeudi 10 août, l’Ocean Viking de l’ONG SOS Méditerranée a porté secours à 55 personnes, dont 5 femmes et 12 mineurs non accompagnés, au large de la Libye.
Le navire humanitaire, qui venait de repérer à la jumelle l’interception d’un autre bateau de migrants par les garde-côtes libyens, a décidé de venir en aide à cette barque surchargée et en fibre de verre, donc « impropre à la navigation » selon elle. « Les personnes étaient parties de Sabratah en Libye dans la nuit », a précisé SOS Méditerranée.
Témoins hier de l’interception par les garde-côtes libyens d’1 embarcation avec une 20aine de personnes, nous venons de secourir 55 personnes dont 5 femmes et 12 mineurs non accompagnés, d’1 barque en fibre de verre surchargée et impropre à la navigation, repérée à la jumelle. pic.twitter.com/Qh6nx0FHJ7
— SOS MEDITERRANEE France (@SOSMedFrance) August 10, 2023
« Toutes les personnes sont maintenant saines et sauves à bord du bateau de SOS Méditerranée », déclare l’ONG dans un communiqué. Ce vendredi, le navire remontait la côte tunisienne au large de Lampedusa, selon les données du site Vessel Finder.
Tentatives de traversées massives
Les tentatives de traversées depuis l’Afrique du Nord se multiplient depuis plusieurs semaines, malgré des conditions météorologiques très variables. Samedi dernier, les garde-côtes italiens ont secouru 57 survivants après le naufrage de deux embarcations samedi, au large de Lampedusa, alors que la mer était déchaînée. Une trentaine d’autres passagers sont portés disparus.
Ce mardi, un autre naufrage a fait 41 morts dans le détroit de Sicile alors que seuls 4 migrants ont pu être secourus. Les rescapés avaient dérivé pendant quatre jours avant d’être récupérés par un navire de marchandise maltais.
Ces tentatives de traversées sont d’autant plus dangereuses que les navires humanitaires sont soumis à de nouvelles règles restrictives par le gouvernement italien de Giorgia Meloni. Depuis début 2022, un décret impose notamment aux navires de demander immédiatement un port de débarquement vers lequel ils devront se diriger « sans délai » après une intervention de secours, plutôt que de rester en mer pour venir en aide aux occupants d’autres embarcations en danger comme c’est actuellement le cas.
Sans compter les nombreux contrôles administratifs pour les navires humanitaires. Le 11 juillet, l’Ocean Viking a ainsi été immobilisé pendant 10 jours à cause de problèmes concernant les « radeaux de survie », un « point qui n’avait pourtant jamais été relevé » au cours de sept contrôles précédents, selon l’ONG. Le bateau a finalement pu reprendre la mer le 21 juillet.
Une année particulièrement meurtrière en Méditerranée
Depuis le discours xénophobe du président tunisien Kais Saied et les expulsions de plusieurs centaines de migrants subsahariens aux frontières libyennes et algériennes début juillet, des centaines d’exilés ont tenté de traverser la Méditerranée centrale qui reste la route maritime la plus meurtrière vers l’Europe. Au moins 1 848 migrants y sont morts depuis le début de l’année, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), contre 1 417 sur l’ensemble de l’année 2022.
En y ajoutant les décès en Méditerranée occidentale (200 entre le Maroc et l’Espagne) et orientale (49 entre la Turquie et la Grèce), le bilan dépasse déjà 2 000 morts depuis le début de l’année.
Avec les crises politiques en Tunisie et au Niger qui génèrent des déplacements de populations, l’année 2023 pourrait se présenter comme l’une des pires qu’a connue la Méditerranée depuis 2016 où 5 136 migrants avaient péri en mer.
La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.
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