Plus de 100 000 traversées ont été recensées entre la France et le Royaume-Uni depuis 2018, estime le gouvernement britannique. Alors que le Premier ministre martèle son intention de mettre fin aux arrivées de bateaux, les tentatives de passage sont toujours nombreuses. Plus de 100 migrants ont été secourus par les services français entre mercredi et jeudi.
Avec 755 personnes exilées débarquées jeudi 10 août, à bord de 14 bateaux selon les statistiques du Home Office, le nombre total d’arrivées de migrants au Royaume-Uni depuis 2018 vient de dépasser le cap des 100 000 personnes. Ce chiffre de 755 est le plus haut jamais atteint depuis le début de l’année 2023.
Mardi, les chiffres du gouvernement britannique indiquaient que 99 960 personnes avaient atteint les côtes britanniques à bord de « small boats » depuis 2018.
755 migrants in 14 boast crossed the Channel yesterday – the highest daily total this year – taking the number over the past five years beyond 100,000. pic.twitter.com/DkaNb9uNnf
— Simon Jones (@SimonJonesNews) August 11, 2023
L’année 2022 a été une année record avec 45 755 personnes arrivées par bateau. Depuis le début de l’année 2023, 15 071 personnes ont déjà foulé le sol britannique.
Le Premier ministre Rishi Sunak s’est donné comme priorité de mettre fin aux arrivées de bateaux de migrants. Si, entre les mois de janvier et mai 2023, les traversées de la Manche avaient chuté de 20 % par rapport à l’année dernière, les données sont aujourd’hui reparties à la hausse.
Près de 8 150 migrants répartis dans 180 embarcations ont tenté de traverser la Manche entre début juin et fin juillet contre environ 7 700 sur la même période en 2022, selon les chiffres de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.
« Plus on met d’effectifs, plus ça part »
Londres et Paris ne lésinent pourtant pas sur les efforts déployés pour enrayer les traversées. Les effectifs policiers et les technologies de surveillances ont été augmentés sur les côtes françaises.
Mais « plus on met d’effectifs, plus ça part. C’est quand même fou », confiait début août une source policière à InfoMigrants. « Ce n’est pas parce que nous sommes là qu’ils arrêtent de partir. En revanche les passeurs changent de stratégie et privilégient des départs en plus grands nombres, comme ça seuls quelques bateaux sont empêchés », complétait le fonctionnaire.
Et surtout, « la surveillance policière n’entame pas la détermination des exilés », confirmait en décembre à InfoMigrants Amélie Moyart, coordinatrice d’Utopia56 à Grande-Synthe. « La traversée de la Manche, c’est la dernière étape. Même terrifiés […] ils prendront la mer. Et tant qu’il n’y aura pas d’accueil digne en France, et des routes sécurisées vers le Royaume-Uni, il y aura des drames », regrettait-elle.
[#Opération] de sauvetage et d'assistance de soixante-six personnes au large du Pas-de-Calais. Coordonné par le #CROSSGrisNez pic.twitter.com/Kh6ksodJ17
— Préfecture maritime Manche et mer du Nord (@premarmanche) August 10, 2023
Chaque fenêtre météo favorable à des départs provoque des tentatives de traversées. Entre le mercredi 9 et le jeudi 10 août, 66 migrants, à bord de deux embarcations au large de Berck, ont été secourus par les services de secours français, a indiqué jeudi dans un communiqué la Préfecture maritime.
Mercredi soir, 70 personnes ont été interceptées par les forces de l’ordre alors qu’elles tentaient de prendre la mer sur un bateau gonflable depuis la plage du Portel, près de Boulogne-sur-Mer. La scène, qui s’est déroulée sous les yeux des touristes présents sur la plage, a été filmée par drone par un particulier. « Dans le chaos ambiant, une quinzaine [de personnes] ont tout de même réussi à prendre la mer », a indiqué La Voix du Nord qui publie la vidéo sur son site internet.
Pour s’assurer de pouvoir quitter les côtes malgré la forte présence policière sur les côtes, les exilés partent de plus en plus sur le littoral, soulignait récemment un rapport réalisé par l’association Utopia 56. « Les personnes partent de toujours plus loin. Nous avons reçu des appels de groupes sur tout le littoral, de la frontière belge jusqu’à Berck, soit une zone d’environ de 130 km de côte multipliant parfois la distance de traversée par 3 ou 4 et augmentant énormément les risques », indique le rapport.
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