La saga judiciaire entre un ancien chef du SPVM et la Ville de Montréal se poursuit: Philippe Pichet, qui avait été suspendu de son poste en 2017, poursuit désormais son employeur pour harcèlement psychologique.
Philippe Pichet, qui a dirigé le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de 2015 à 2017, a déposé deux plaintes au Tribunal administratif du travail (TAT) contre la Ville de Montréal, en janvier 2021 et décembre 2022.
«On l’a isolé chez lui à rien faire en lui donnant des mandats bidon», a expliqué son avocat, Me Daniel Rochefort.
L’ex-chef du SPVM avait finalement renoncé officiellement à son poste en juin 2018, à la suite d’une entente avec la Ville prévoyant qu’il serait réintégré comme inspecteur-chef. Il n’a toutefois jamais occupé ce poste.
M. Pichet est toujours à l’emploi du corps policier, mais est en congé de maladie depuis plusieurs mois.
Dans une décision rendue récemment, le juge administratif François Caron a toutefois statué que tous les événements survenus avant cette entente ne pourraient être utilisés comme preuve de harcèlement dans le dossier devant le TAT.
Allégations
Philippe Pichet soutient cependant qu’une quinzaine d’événements de harcèlement psychologique seraient aussi survenus après 2018. M. Pichet estime que la Ville de Montréal lui a enlevé son bureau, son arme et son badge. Il affirme qu’il n’a plus le droit de parler à aucun policier du SPVM.
L’ancien numéro 1 de la police à Montréal allègue également que son employeur a diminué son salaire unilatéralement.
Selon des documents judiciaires déposés dans un autre dossier, le salaire de M. Pichet est passé de 260 000$ à 166 000$ en 2021, lorsqu’il est devenu admissible à la retraite.
Philippe Pichet a toutefois gagné 201 000$ l’an dernier, selon une demande d’accès à l’information obtenue par notre Bureau d’enquête. Seulement 150 employés de la Ville de Montréal gagnent annuellement plus de 200 000$.
M. Pichet, qui devait rencontrer Le Journal hier, s’est finalement désisté à la dernière minute.
Il sera éventuellement appelé à témoigner lors des audiences au TAT.
Multiples recours
En parallèle, Philippe Pichet a introduit en 2021 une demande ordonnant sa réintégration dans un poste d’inspecteur-chef et déclarant qu’il avait fait l’objet d’un congédiement déguisé.
«Cette transaction [en juin 2018] s’est négociée sous la pression, et ce dans un délai de quelques jours, car le processus de destitution ne s’est jamais interrompu, faisant craindre [à Philippe Pichet] la perte de son emploi», peut-on lire dans une contestation de destitution déposée le printemps dernier.
Il poursuit également ses anciens employeurs en dommages-intérêts pour 2,9 millions de dollars.
journaldemontreal