Des milliers de personnes fuient les feux de forêt dans le Nord canadien

Des milliers de personnes se sont ruées vers le petit aéroport de Yellowknife jeudi tandis qu’une longue file de voitures empruntait la seule autoroute, fuyant les feux de forêts qui menacent l’une des plus grandes villes du Grand Nord canadien.

Plus de 20.000 personnes ont reçu dans la soirée de mercredi l’ordre d’évacuer la capitale des Territoires du Nord-Ouest du Canada, menacée par un important brasier à une quinzaine de kilomètres de ses murs.

« L’autoroute était complètement bloquée » à la sortie de la ville mercredi soir, raconte Julie Downes, habitante de Yellowknife, à l’AFP par téléphone, décrivant plusieurs feux « de la taille de maisons » léchant le bord de la route.

« Nous, les habitants du Nord, nous sommes des réfugiés du changement climatique », ajoute la voix tremblante la femme qui a fui avec son mari et leurs trois chiens.

Le Canada connaît depuis le printemps une saison des feux qui bat tous les records. Le pays est confronté ces dernières années à des événements météorologiques extrêmes dont l’intensité et la fréquence sont accrues par le réchauffement climatique.

En tout, plus de la moitié de la population du territoire est sous ordre d’évacuation.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs vidéos montrent des véhicules roulant de nuit à travers l’épaisse fumée des feux, guidés par des véhicules de patrouille en direction de la province voisine de l’Alberta, où plusieurs centres d’accueil ont été mis en place, mais dont le plus proche se trouve à 1.150 kilomètres de Yellowknife.

Des habitants quittent en voiture la ville de Yellowkife pour échapper aux feux, le 16 août 2023 (UGC/AFP - Jordan Straker)Des habitants quittent en voiture la ville de Yellowkife pour échapper aux feux

« Je n’ai jamais eu à conduire dans de pareilles circonstances », rapporte à l’AFP Nadia Byrne, une autre habitante ayant quitté la ville mardi soir par crainte que la situation ne dégénère.

Elle a dû laisser son mari policier derrière elle et décrit la scène comme ayant été la plus « effrayante » de sa vie. « Tout semble irréel en ce moment, je ne me serais jamais attendue à une telle situation », ajoute la jeune femme de 24 ans, se disant très « stressée » et « anxieuse ».

« C’était un peu la panique dans la ville quand l’ordre d’évacuation a été annoncé », renchérit Sylvia Webster, la trentaine, alors qu’elle finit de préparer ses affaires pour partir.

« Mais aujourd’hui, tout le monde est plus calme », ajoute cette graphiste, consciente qu’elle « risque de tout perdre » car sa maison est à la limite de la ville, là où des coupe-feux ont été érigés et des arbres coupés.

Plusieurs vols commerciaux et militaires vers le sud étaient aussi prévus au départ de Yellowknife jeudi.

Dans la ville, les véhicules s’entassaient dans les stations-services, laissant des quartiers presque déserts alors que dans les airs, les Canadairs volaient au ras des maisons.

– Un brasier aux portes de la ville –

La ville est menacée par « un brasier à l’ouest » et « sans pluie, il se peut que le feu gagne les environs de la ville ce week-end », a déclaré mercredi soir Shane Thompson, ministre de l’Environnement des Territoires du Nord-Ouest, en ordonnant l’évacuation des résidents.

Des précipitations sont attendues dans les jours à venir, les premières ce mois-ci. Mais elles devraient arriver avec des orages et éclairs, menaçant de déclencher de nouveaux incendies.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau doit réunir un groupe d’intervention dans la journée de jeudi.

La veille, il a indiqué que les forces armées étaient toujours déployées pour porter assistance à la population de la région.

Plusieurs avions et hélicoptères ainsi qu’une centaine de militaires ont ainsi été mobilisés pour aider aux évacuations.

Séparés de plusieurs centaines de kilomètres les uns des autres, les villages de la région sont « particulièrement difficiles » à évacuer par voie terrestre, expliquait plus tôt cette semaine Mike Westwick, du service des feux territorial.

Avec Yellowknife, il s’agit de la deuxième fois qu’une grande ville canadienne est évacuée en raison de feux de forêt. En 2016, 100.000 personnes avaient dû fuir Fort McMurray, en Alberta.

Plus tôt dans l’année, des banlieues d’Halifax, sur la côte atlantique, ont également été évacuées.

Plus de 1.050 feux ravagent actuellement le Canada d’est en ouest, dont 236 dans les Territoires du Nord-Ouest. Près de 14 millions d’hectares – environ la superficie de la Grèce – ont brûlé dans le pays depuis le début de la saison, soit près du double du dernier record datant de 1989.

Et la saison risque encore de durer deux mois, prévenaient les autorités la semaine dernière.

AFP

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