C’est une première mondiale : un rein de cochon génétiquement modifié a fonctionné normalement et sans provoquer de rejet dans une expérience sur un humain. Un pas de plus vers les xénogreffes, un rêve de longue date pour les médecins qui espèrent répondre ainsi à la pénurie d’organes.
Les reins sont parmi les organes les plus fréquemment greffés par les médecins. En 2022, 3 376 personnes ont reçu une greffe de rein en France sur un total de 5 494 greffés, tous organes confondus. Malgré tout, cela ne suffit pas à satisfaire la demande de greffons rénaux et on estime que 40 % des personnes sur liste d’attente sont effectivement greffées entre un à trois ans après leur inscription ; c’est 15 % après cinq ans d’attente.
Pour faire face à cette pénurie d’organe, certains scientifiques travaillent sur les xénogreffes, la greffe d’organe d’origine animale sur un humain. En octobre 2021, des médecins américains ont réalisé la première xénogreffe d’un rein de cochon sur un humain. Aujourd’hui, des médecins de l’université de l’Alabama viennent de réitérer l’expérience et publient les détails dans Jama Surgery.
Une xénogreffe réussie
Un homme de 50 ans, en état de mort cérébrale, a été greffé avec deux reins de cochon génétiquement modifiés sur lesquels 10 gènes ont été knock-off ou knock-down pour les rendre plus compatibles avec l’organisme humain et limiter les risques de rejet. Après la xénogreffe, les reins de porc ont produit plusieurs litres d’urine et sont parvenus à filtrer la créatine, un déchet métabolique produit par les muscles. Ces deux paramètres suggèrent que les deux reins greffés remplissent parfaitement leurs fonctions.
Pour l’instant, les xénogreffes de rein réussies se comptent sur le doigt de la main et il n’est pas encore certains qu’elles soient sûres et efficaces pour la population générale et réalisables aussi facilement qu’une greffe classique.
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