Après le dépouillement de 95 % des suffrages, Bernardo Arevalo a remporté le second tour du scrutin présidentiel au Guatemala, dimanche, avec 59 % des voix. Il devance largement l’ancienne Première dame Sandra Torres (36 %).
Le Guatemala a tranché pour le renouveau. Le candidat surprise de l’élection présidentielle au Guatemala, Bernardo Arevalo, objet de tentatives de disqualification pendant la campagne électorale, a remporté dimanche le second tour du scrutin avec la promesse d’en finir avec la corruption dans un pays miné par la pauvreté et la violence. Le nouveau président prendra ses fonctions le 14 janvier 2024.
« Le peuple guatémaltèque a parlé haut et fort », a déclaré Bernardo Arevalo, 64 ans, à la presse après sa victoire en prononçant un discours fort contre la corruption.
Il a aussi indiqué que les présidents de deux pays voisins, le Mexicain Andrés Manuel López Obrador et le Salvadorien Nayib Bukele, l’avaient appelé pour le féliciter et discuter d’un programme commun.
Plus tôt, la présidente du Tribunal suprême électoral (TSE) Irma Palencia avait annoncé que Bernardo Arevalo avait obtenu 59 % des voix après le dépouillement de 95 % des suffrages, contre 36 % à sa rivale, l’ex-Première dame Sandra Torres.
Le président sortant de droite Alejandro Giammattei a rapidement réagi sur X (anciennement Twitter), félicitant Bernardo Arevalo et l’invitant « à entamer une transition ordonnée dès le lendemain de l’officialisation des résultats ».
« La victoire de M. Arevalo signifie la défaite de la vieille politique, du parti au pouvoir (…). Une autre ère commence pour notre pays et nous devrons nous mobiliser pour une transition pacifique », a noté l’analyste indépendant Miguel Angel Sandoval.
Le scrutin s’est déroulé sans qu’aucun « incident significatif » ne soit signalé, a indiqué le TSE, soulignant sans plus de précisions un « pourcentage historique de participation ».
Les quelque 3 500 bureaux de vote du pays ont fermé à 18 h, heure locale (minuit GMT).
Torres soutenue par les « forces traditionnelles »
Les deux candidats en lice, Bernardo Arevalo, 64 ans, et Sandra Torres, 67 ans, se réclament tous deux de centre gauche. Mais si le premier cristallise les espoirs de changement dans un pays profondément inégalitaire, sa rivale est considérée comme la représentante de l’establishment.
À la tête du parti Unité nationale de l’espoir (UNE), Sandra Torres a promis des programmes d’aide sociale et diverses subventions pour les pauvres. Cependant, elle a gagné le soutien de la droite et des évangélistes et multiplié les discours conservateurs.
« Les forces traditionnelles ont misé sur Torres, car Arevalo est considéré comme un risque pour la continuité du système », souligne auprès de l’AFP l’analyste politique Arturo Matute.
L’ancienne épouse de l’ex-président de gauche Alvaro Colom (2008-2012) bénéficie du soutien silencieux du président sortant Alejandro Giammattei, dont le mandat a été marqué par la répression contre les magistrats et les journalistes qui dénonçaient la corruption. Elle a aussi l’appui de la puissante élite économique alliée au gouvernement.
Les élites économiques inquiètes
Qualifié à la surprise générale lors du premier tour, Bernardo Arevalo cristallise les espoirs de changement, notamment chez les jeunes qui représentent 16 % des 9,4 millions d’inscrits.
« Nous avons été les victimes, les proies, de politiciens corrompus pendant des années », a-t-il déclaré mercredi. « Voter, c’est dire clairement que c’est le peuple guatémaltèque qui dirige ce pays, et non les corrompus », a-t-il assuré.
La spectaculaire percée de Bernardo Arevalo suscite des préoccupations parmi les élites économiques et politiques du pays, qui le voient comme un danger pour leurs intérêts, et le ministère public a multiplié les procédures à son encontre. Sur avis du parquet, un juge avait ordonné le 12 juillet la suspension de son parti Semilla pour de supposées irrégularités lors de sa création en 2017. La Cour constitutionnelle avait suspendu cette décision, annulée vendredi par la Cour suprême.
La veille, le procureur Rafael Curruchiche, sanctionné pour « corruption » par Washington, avait annoncé de possibles arrestations à venir de dirigeants de Semilla.
Communauté internationale et analystes considèrent les actions du ministère public comme une tentative d’écarter Bernardo Arevalo de l’élection.
AFP