Pourquoi la Turquie de Yilmaz a tout pour être la sensation de l’Euro

Au moment de miser une petite pièce – au sens propre ou au sens figuré, selon les envies – il est de bon ton de ne pas faire comme tout le monde et de tenter le pronostic un peu risqué, celui que tout le monde ne fera pas. La France, la Belgique voire l’Allemagne ou le Portugal? Trop évident. C’est peut-être le moment d’opter pour la Turquie, qui ouvre le bal ce vendredi à l’Euro, face à l’Italie.

Le doux souvenir de 2002

Pas de titre majeur au palmarès de la sélection turque, mais quelques faits de gloire. Notamment la troisième place à la Coupe du monde 2002, après une élimination 1-0 face au Brésil de Ronaldo en demi-finale. A l’époque, le sélectionneur de la bande d’Hakan Sükür se nomme… Senol Günes. Oui oui, c’est aussi l’actuel entraîneur de la Turquie.

Chef d’orchestre de ce qui est, encore aujourd’hui, considéré comme l’apogée de la sélection, le technicien avait cédé sa place en 2004. Il y a deux ans, la Turquie a rappelé son guide – ou son « soleil », traduction de son patronyme – pour remplacer Mircea Lucescu, après la relégation de l’équipe dans la poule C de la Ligue des nations. Sa mission est déjà accomplie, avec la qualification pour cet Euro, avant de songer à la Coupe du monde 2022.

Concernant l’Euro, le meilleur résultat de la Turquie reste une demi-finale en 2008, perdue 3-2 face à l’Allemagne en Suisse. L’équipe turque n’a par ailleurs pris part à la compétition qu’à quatre reprises jusque-là. En 2016, les Turcs avaient pris la porte dès la phase de poules.

« Il y a eu des hauts et des bas mais beaucoup de travail a été fait. Une nouvelle génération est arrivée, entourée de leaders, avec des joueurs qui évoluent en Ligue 1, en Bundesliga, en Premier League. Ils amènent du caractère, de la puissance, se réjouit pour RMC Sport l’ancien international Hamit Altintop. Voir l’équipe créer la surprise à l’Euro, c’est tout à fait possible. »

Les Turcs avaient fait mal aux Bleus

La Turquie a décroché son billet pour l’Euro en terminant deuxième de son groupe, juste derrière l’équipe de France (deux points d’écart seulement). Mais les Turcs auront bien malmené les Bleus au passage, avec quatre points pris face aux hommes de Didier Deschamps en deux matchs, dont cette victoire 2-0.

La dernière défaite de la Turquie remonte à novembre dernier, avec un 2-0 encaissé en Ligue des nations face à la Hongrie. Mais parmi les dernières sorties de la bande de Yilmaz, un impressionnant 4-2 face aux Pays-Bas lors des éliminatoires pour la Coupe du monde au Qatar. Derrière, les Turcs avaient enchaîné sur un 3-0 en Norvège. Par contre, plus étonnant, un 3-3 improbable contre la Lettonie. Lors de la courte préparation, l’équipe bis s’est contentée d’un triste nul contre la Guinée, avant un succès 2-0 face à la Moldavie.

Yilmaz, taille patron

© ICON Sport

Grand artisan du sacre du LOSC en Ligue 1, Burak Yilmaz n’a pas attendu son arrivée en France pour s’ériger en cadre de sa sélection. Le serial buteur de 35 ans a impressionné tout le monde à Lille mais avant cela, il justifiait déjà son surnom de « kral » (« roi » en turc) avec Besiktas, Fenerbahçe, Galatasaray ou Trabzonspor. En sélection, c’est le patron.

D’ailleurs en Turquie, sa réussite française n’a étonné personne. « Si je suis impressionné par ses performances? Non, répond Mevlut Erding à RMC Sport. J’ai joué avec lui en sélection, je le connais du championnat turc… On l’appelle le roi. Ici en Turquie, personne ne doutait des qualités de buteur de Burak. »

Le talent et un atout de plus: la rigueur. « Il a bientôt 36 ans et le connaissant personnellement, c’est un professionnel hors pair, il a une hygiène de vie extraordinaire et il s’entraîne tout le temps », ajoute Mevlut Erding. Le secret de la longévité. Capitaine, l’attaquant a claqué son premier triplé… très récemment, face aux Pays-Bas lors du 4-2 des éliminatoires pour le prochain Mondial, avec notamment un coup franc direct.

Titulaire lors de quatre des six matchs de la sélection en 2021 (à chaque fois avec le brassard) « Kral Burak » a inscrit cinq buts. Il vient notamment de marquer en match préparatoire contre la Moldavie. Autant dire que tout baigne. Depuis ses débuts en sélection (2006), il marque tous les deux-trois matchs en moyenne et compte 29 réalisations en 67 sélections.

Autour de lui, du talent et un savant mélange entre jeune garde prometteuse et joueurs expérimentés: ses coéquipiers lillois Yusuf Yazici et Zeki Celik, l’impressionnant défenseur de Leicester Caglar Soyuncu ou le meneur de jeu de l’AC Milan Hakan Calhanoglu.

Quel parcours à l’Euro?

© ICON Sport

Dans une poule accessible avec une Italie renaissante, le pays de Galles et la Suisse, la Turquie débute à Rome, avant deux matchs à Bakou. Une ville qui est « presque comme à la maison », sourit Hamit Altintop.

En terminant à l’une des deux premières places du groupe A, les Turcs pourraient affronter le deuxième du groupe B (Danemark, Finlande, Belgique, Russie) ou du groupe C (Pays-Bas, Ukraine, Autriche, Macédoine du Nord) en huitième de finale. Donc, si la logique est respectée, une équipe encore à sa portée. Dans un Euro qui se déroule avec un an de retard et dans un contexte particulier, il y a vraiment une carte turque à jouer.

Source: msnsport.bfmtv.com

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