L’enfant terrible du pacifique est de retour. El Niño est un épisode climatique qui arrive tous les 2 à 7 ans. Il se caractérise par une montée de la température de l’eau à la surface d’une partie de l’océan Pacifique. Conséquences : la température globale de la planète augmente, ce qui multiplie les sécheresses et les inondations dans certaines régions du monde, mais aussi les risques sanitaires.
Même si El Niño est connu pour favoriser ces événements extrêmes, il ne faut pas le confondre avec le réchauffement climatique. Les effets d’El Niño, ce sont des sécheresses en Australie ou en Indonésie ou bien encore des pluies torrentielles au Pérou.
Contrairement au réchauffement climatique causé par les activités humaines, El Niño est un événement naturel observé depuis des milliers d’années dans le Pacifique. El Niño a commencé début juillet et durera maximum 18 mois. Comme à chaque fois que le phénomène se produit, ses effets ne seront ressentis qu’à partir de l’année suivante.
« Il est très peu probable que l’événement El Niño soit aujourd’hui l’explication des départs et la propagation des feux que l’on a vu à Hawaï et au Canada, qui sont davantage imputables aux températures élevées, à l’état de sécheresse des sols et de la végétation, et à des vents qui ont été, comme à Hawaï, particulièrement forts pendant plusieurs jours », explique Françoise Vimeux, climatologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Dans le Pacifique, si El Niño se superpose au réchauffement climatique, les conséquences, notamment sur la biodiversité, peuvent être aggravées. « Si on a des territoires dans lesquels il y a des récifs coralliens qui sont déjà en mauvaise santé, à cause du réchauffement climatique et du réchauffement des eaux sur le long terme, une température ponctuelle trop élevée pourrait par exemple aboutir à la mort de ces récifs coralliens.
Et puis ça en serait fini des coraux dans ces territoires », poursuit Françoise Vimeux, de l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Si on ne peut pas atténuer El Niño, les baisses d’émissions de gaz à effets de serre, elles, contribueraient à diminuer le réchauffement climatique.
De graves conséquences sanitaires
Mais qui dit hausse des températures, dit conditions idéales pour favoriser certaines maladies. Souvent véhiculées par des moustiques, la dengue, le choléra ou encore le paludisme sont plus susceptibles de se développer.
« Les vecteurs qui les transmettent – c’est-à-dire les moustiques – vont trouver des conditions parfaites pour se reproduire. On est en train de voir des cas de dengue, par exemple, dans des endroits où on ne les voyait pas avant, décrypte le docteur Maria Neira, directrice du Département santé publique et environnement à l’OMS. Par exemple, au Kenya, dans des montagnes où les températures ne permettaient pas ces transmissions, maintenant, on a une augmentation des cas de malaria.
Les pays surpeuplés, les pays qui ont des systèmes sanitaires précaires, les pays où il n’y a pas de conditions d’assainissement, comme les pays d’Afrique, sont des pays qui vont être très affectés. » Maria Neira se dit aussi très inquiète des cas de malnutrition liés à une incapacité de produire les aliments.
De plus, les fortes chaleurs dans les régions du monde concernées peuvent aussi avoir des conséquences sur la qualité de l’air. « Les personnes qui souffrent déjà des maladies respiratoires chroniques vont de plus en plus souffrir. Ce n’est pas seulement une question environnementale ou une question d’une planète qu’on veut protéger, non, ce sont nos poumons, c’est notre santé et c’est la qualité de vie qui est en jeu », estime aussi Maria Neira.
Il est impossible pour l’instant de prédire l’intensité ou la durée de l’actuel El Niño. Mais selon les dernières prévisions, il devrait atteindre son paroxysme au cours de l’hiver 2023-2024.
RFI