Jusqu’au 3 septembre 2023, l’exposition Yaoundé Rétrospective retrace l’histoire et l’évolution de la capitale camerounaise à travers des photos rares, datant parfois de la Première Guerre mondiale. Présentation.
Une exposition de photos retrace les 100 ans de la ville de Yaoundé, jusqu’au 3 septembre prochain à l’hôtel Hilton de Yaoundé. Elle est organisée par Lawrence Chi et Fabien Ngon, les coordonnateurs du pôle photographie du ministère de la Culture.
L’exposition Yaoundé Rétrospective présente ainsi des clichés rares de la capitale camerounaise, datant parfois de la Première Guerre mondiale.
« J’ai traversé ces différents clichés avec beaucoup d’émotions »
Ces photos suscitent le sourire des visiteurs. Sur un tableau, une image de Charles Atangana Ntsama, chef des Ewondos, à la sortie de la messe en 1917. Plus loin, deux Européens posent à côté d’un véhicule lors de la course automobile de Yaoundé. Nous sommes en 1951.
Religion, commerce, transport ou encore habitat : c’est toute l’histoire de la capitale camerounaise qui est retracée. Lawrence Chi explique : « C’est pour dire que la photographie existe au Cameroun depuis le 20e siècle. Quand monsieur Goethe [George E. Goethe, NDLR] s’installe au Cameroun au début des années 1915, il est venu avec la photographie et depuis lors la photographie existe au Cameroun… »
Plus de cent ans d’histoire racontée avec des images rares, parfois récupérées chez des particuliers. L’événement attire du monde. Tandji, un jeune passionné de photographie, vient de parcourir les dizaines de clichés exposés : « J’ai traversé ces différents clichés avec beaucoup d’émotions, de voir ce qu’étaient les endroits que nous traversons aujourd’hui il y a 50 ans… vraiment de la nostalgique. À l’instant où je vous parle, j’ai la chair de poule. »
Après avoir visité l’exposition, Emmanuel, responsable culturel au bureau du gouverneur de la région du centre, se dit marqué par l’évolution de la capitale camerounaise depuis un siècle : « Nous avons passé en revue pratiquement 100 ans de l’histoire de la ville de Yaoundé, toute chose qui nous fait croire qu’on a fait du chemin avec les infrastructures nouvelles qui ont été implantées dans la ville. »
Comme l’attestent les clichés, depuis le siècle dernier, la ville de Yaoundé s’est agrandie et modernisée.
«Nous sommes passés d’une ville relativement formelle à une ville totalement informelle, à un grand désordre»
Yaoundé s’est modernisée avec le temps. Comme la majorité des capitales africaines, la ville est très sollicitée par sa propulation de près de 6 millions d’habitants aujourd’hui.
Elle s’agrandit, les nouveaux quartiers poussent comme des champignons. Pour Stéphane Akoa, chercheur et enseignant à l’École supérieure d’architecture du Cameroun, l’urbanisation de Yaoundé ne respecte pas les règles en la matière : « À l’entrée des années 1980 et plus encore dans les années 1990, une grande anarchie a prévalu dans les modes d’établissement d’une part, mais aussi effectivement, par les directions que prenait la ville, à la fois l’absence de respect des normes de construction, l’absence de respect d’un schéma d’occupation des sols avec des formats de bâtiments, des hauteurs limitées ou réglementées par exemple, l’alignement des constructions le long des chaussées. »
Il conclut : « Tout cela a cessé d’être respecté et d’être sanctionné quand il y avait un manquement à la règle. Et nous sommes passés d’une ville relativement formelle à une ville totalement informelle – y compris dans les secteurs attribués au service public et à l’administration – ,à un grand désordre. »
RFI