Polémique en cours en pleine campagne électorale au Gabon. Les électeurs participeront à un triple scrutin historique samedi : présidentielle, législatives et locales. Alors que la campagne touche à sa fin, des enregistrements audio ont été diffusés sur Internet, où deux des principaux opposants auraient des conversations évoquant leurs stratégies, alliances, soutiens extérieurs, et intérêts communautaires. Mais la coalition se défend et dénonce une « utilisation infâme de l’Intelligence artificielle ».
La première salve est venue de Gabon Première. Dans son journal lundi 21 août soir, la chaîne publique a diffusé un enregistrement audio présenté comme une conversation entre Albert Ondo Ossa, aujourd’hui candidat unique de la plateforme Alternance 2023, et Alexandre Barro Chambrier, chef du parti RPM et membre de la coalition.
Les deux hommes évoquent une stratégie, des alliances dans des pays étrangers, le besoin d’une mobilisation des Gabonais ou encore d’un rapport de force avec le pouvoir. Au moins trois autres enregistrements, toujours entre les deux hommes, ont ensuite été diffusés sur les réseaux sociaux.
Le pouvoir est aussitôt monté au créneau. Le ministre gabonais de la Jeunesse et des Sports Franck Nguéma, qui a posté certains extraits sur le réseau social X (ancien Twitter), a déclaré « s’insurger » contre ce qu’il estime être des « propos ahurissants » mettant « en grave danger l’unité nationale ».
L’opposition dénonce une « utilisation infâme de l’Intelligence artificielle »
Le porte-parole de la présidence Jessye Ella Ekogha a lui dénoncé « un audio qui fait froid dans le dos », et accusé les opposants de « fomenter un soulèvement populaire »
Alternance 2023 a fermement réagi. Dans un communiqué, la plateforme s’est dite « écœurée » et a dénoncé une « manipulation honteuse », initiée par le pouvoir. La coalition d’opposition déclare que cette conversation n’a jamais eu lieu et qu’il s’agirait en fait d’un « montage éhonté », réalisé grâce à l’« utilisation infâme de l’Intelligence artificielle ».
La plateforme conclut ne souhaiter ni violence, ni coup de force, et demande au procureur d’entamer des poursuites.
RFI