Emmanuel Macron et ses ministres Gabriel Attal et Carole Grandjean se rendent ce vendredi dans un lycée professionnel pour souligner les avancées de la réforme
Un démarrage scruté. « C’est la première rentrée de la réforme des lycées professionnels, et de nombreuses avancées s’installent déjà », déclarait lundi, lors de la conférence de presse de rentrée du ministère de l’Education, Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels. Pour le prouver, Emmanuel Macron se déplace ce vendredi avec elle et Gabriel Attal au lycée professionnel de l’Argensol, à Orange (Vaucluse).
L’enjeu est de taille puisqu’un lycéen sur trois est inscrit en filière professionnelle (621.000 élèves à la rentrée 2022), et que ces élèves cumulent souvent des difficultés. Selon l’Elysée, « 40 % d’entre eux ont une maîtrise fragile du français, contre 6 % de leurs camarades des lycées généraux et techniques ».
Idem en maths. Après avoir décroché leur bac, la moitié d’entre eux choisit de poursuivre ses études, le plus souvent en BTS. Mais seule la moitié arrive à le décrocher en deux ans. Pour ceux qui se dirigent vers le marché du travail, seulement 53 % ont un emploi deux ans après l’obtention de leur diplôme.
Des cours de français et de maths en petits groupes
Le gouvernement a donc mis les moyens en investissant un milliard d’euros par an pour ces lycées. A cette rentrée, plusieurs changements voient donc le jour dans les 2.000 lycées professionnels de France. Pour que cette orientation ne soit plus par défaut, mais réponde à une vraie envie, des temps de découverte des métiers seront mis en place en 5e au collège.
Afin que les familles sachent à quoi s’attendre, des informations utiles sur les lycées professionnels figureront désormais dans Affelnet, la plateforme d’affectation au lycée : les taux d’insertion des anciens élèves, les possibilités de poursuite d’études…
Pour lutter contre le décrochage scolaire, souvent très élevé en lycée pro, des cours de français et de maths pourront être proposés en petits groupes. Des options verront aussi le jour. Désireux de supprimer les spécialités de bacs pro qui offrent de faibles débouchés, pour privilégier celles qui insèrent bien, le gouvernement a commencé à réviser la carte des formations. Celle-ci est menée par les académies, en lien avec les entreprises. « Dès cette rentrée, 80 nouvelles formations offrant 1.000 places sont proposées », indique l’Elysée.
Une indemnité pour les périodes en entreprise
Autre innovation pour améliorer l’insertion professionnelle des diplômés : un bureau des entreprises sera installé dans chaque lycée, afin « d’offrir un réseau à ceux qui n’en ont pas », a déclaré Carole Grandjean lundi. Dès septembre, les lycées accueilleront aussi leurs anciens élèves s’ils n’ont pas trouvé d’emploi, afin de les aider à s’insérer. A cette rentrée, des spécialités seront proposées après le bac pour conduire à un niveau bac +1. « Cette année, 5.000 places seront proposées dans ces formations », a précisé la ministre lundi.
Et pour valoriser le travail des élèves, à compter du 1er janvier 2024, ils toucheront une petite gratification pendant leurs périodes en entreprise : 50 euros par semaine en seconde, 75 euros en 1re et 100 euros en terminale.
Une réforme toujours contestée
Mais du côté des syndicats, cette réforme fait toujours grincer des dents. Sigrid Gerardin, secrétaire générale du Snuep-FSU, le syndicat de l’enseignement professionnel, dénonce d’abord « l’objectif de fermetures massives des filières tertiaires à la rentrée pour en ouvrir sur les secteurs en tension ».
Et selon elle, certaines des annonces de la réforme risquent de ne pas voir le jour. « Une partie de la réforme n’existera pas si beaucoup d’enseignants refusent le pacte, comme par exemple les groupes à effectifs réduits en français et en maths, les options, les formations à bac +1 », a-t-elle déclaré ce jeudi lors de la conférence de presse de rentrée du syndicat. Des manifestants ont prévu un comité d’accueil énervé pour la visite du président et de ses ministres. Qui devront, à n’en pas douter, rentrer dans l’arène pour tenter de convaincre.
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