Que se passe-t-il dans le cerveau lorsque nous imaginons le futur ?

Une recherche du neuroscientifique Joseph Kable, de l’Université de Pennsylvanie, a révélé que deux sous-réseaux cérébraux sont à l’œuvre. L’un est axé sur la création du nouvel événement, l’autre sur l’évaluation positif ou négatif de l’événement. 

Dans les moments calmes, le cerveau aime vagabonder en laissant libre cours à ses pensées. S’active alors le réseau cérébral du « mode par défaut » (MPD) — comprenant le cortex préfrontal ventromédian et le cortex cingulaire postérieur ainsi que des régions des lobes temporaux et pariétaux médians, tels que l’hippocampe.

Seulement, lorsqu’il s’agit d’imaginer l’avenir, ce réseau se divise en deux parties complémentaires, d’après une étude publiée dans le Journal of Neuroscience. Ainsi, l’une aiderait à créer et à prédire l’événement imaginé — ce que les chercheurs appellent la fonction « constructive » –, l’autre évalue si cet événement nouvellement construit est positif ou négatif — ce qu’ils appellent la fonction « évaluative ».

Modèle anatomique et fonctionnel du réseau du « mode par défaut » (2019). Chaque gommette, par sa taille et sa couleur, indique l’importance de cette région dans le réseau en mode par défaut. VMPFC : cortex préfrontal ventromédian ; AMPFC : cortex préfrontal antérieur médian ; DPFC : cortex préfrontal dorsal ; PCC : cortex cingulaire postérieur ; PPC : cortex pariétal postérieur ; C : noyau caudé ; Rsp : cortex rétrospénial ; T : thalamus ; BF : cerveau antérieur basal ; VLPFC : cortex préfrontal ventro-médian ; Amy : amygdale ; MidB : mésencéphale ; PH : région parahippocampique ; MTG : gyrus temporal ; TP : pôle temporal ; CbH : hémisphère cérébelleux (cervelet) ; CbT : tonsil cérébelleux. © Modèle cérébral de Schotten, CC by-sa 4.0

Laissez libre cours à votre imagination !

Pour mieux cerner les régions impliquées dans la construction et l’évaluation d’événements imaginaires, l’équipe de chercheurs a analysé les activations cérébrales de treize femmes et onze hommes, à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf).

Les participants avaient alors sept secondes pour lire l’une des 32 propositions telles que « Imaginez que vous soyez assis sur une plage chaude sur une île tropicale » ou « Imaginez que vous gagnez à la loterie l’année prochaine ». Ils ont ensuite eu 12 secondes pour réfléchir au scénario, suivies de 14 secondes pour évaluer la vivacité et la valence.

« La vivacité est le degré auquel l’image qui vient à l’esprit a beaucoup de détails et à quel point ces détails apparaissent subjectivement au lieu d’être vagues. La valence est une évaluation émotionnelle. Dans quelle mesure l’événement est-il positif ou négatif ? Est-ce quelque chose que vous voulez voir se produire ou non ? », précise le neuroscientifique Joseph Kable.

Quand l'impensable devient banal : la Covid-19, qui a tant retourné le monde, fera sans doute partie de nos vies pour toujours, en devenant un virus saisonnier. © Jorm S, Adobe Sotck
Les réseaux de mode par défaut ventral et dorsal sont modulés de manière dissociable

Un sous-réseau appelé « réseau dorsal du mode par défaut » a été influencé par la valence. En d’autres termes, il était plus actif pour les événements positifs que pour les événements négatifs. Mais il n’était pas du tout influencé par la vivacité de l’évènement. Il semble ainsi être impliqué dans la fonction évaluative.

L’autre sous-réseau, le « réseau ventral du mode par défaut », était plus actif pour les événements très vivants que pour les événements sans détails précis. Mais il n’a pas été influencé par la valence. Cela montrerait que cette zone est impliquée dans la construction de l’imagination.

Un avenir toujours surprenant

Ces deux sous-réseaux permettent concrètement d’anticiper, de planifier et de prendre de bonnes décisions. Mais, malgré tous leurs efforts d’anticipation, le futur reste surprenant, selon Kable. En effet, « si vous aviez décrit à quoi ressemblerait la vie de quelqu’un avant la pandémie — travailler à domicile, porter un masque chaque fois que vous sortez et ne plus pourvoir engager de contact social — cela l’aurait épaté. Et pourtant, une fois que nous avons des expériences réelles, ce n’est plus si étrange ». Pour lui, cela démontre que nous avons encore beaucoup à découvrir sur nos capacités imaginatives.

Source: futura

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