Cancer du poumon : un vaccin qui augmente l’espérance de vie chez les patients

Le cancer du poumon est le 3e cancer le plus fréquent en France. Pour la première fois, un vaccin thérapeutique a montré des résultats sur la survie de patients atteints de cancers du poumon « non à petites cellules » avancés métastatiques.

Bonne nouvelle : une société de biotechnologie de Nantes (OSE Immunotherapeutics) a présenté ce 11 septembre, les résultats positifs de son vaccin thérapeutique baptisé Tedopi, chez des patients atteints de cancer avancé du poumon. « C’est le premier vaccin contre le cancer à montrer des résultats positifs sur la survie chez des patients atteints d’un cancer du poumon “non à petites cellules” avancé ou métastatique », annonce le Pr Benjamin Besse, directeur de la recherche clinique de Gustave Roussy (IGR, Villejuif).

Tedopi est ce qu’on appelle un « vaccin thérapeutique » : ce sont des injections d’immunothérapie qui boostent le système immunitaire et l’aide à se défendre contre les cellules cancéreuses. Il n’est pas destiné à tous les patients qui reçoivent le diagnostic de cancer du poumon mais à ceux qui récidivent, avec des métastases qui résistent aux traitements existants et qui ont déjà réagi positivement à une immunothérapie.

L’essai clinique de phase 3, dont les résultats ont été présentés dans la revue Annals of Oncology montrent que ce « vaccin » réduit le risque de décès de plus de 40% par rapport à une chimiothérapie. Cela représente un gain de survie moyen d’environ 3 mois et demi.

Cancer du poumon : combien de cas en France ? 

Le cancer du poumon n’est pas rare ; il s’agit même du troisième cancer le plus fréquent en France, avec 46 363 nouveaux cas enregistrés en 2018. Mais attention : « il n’existe pas un cancer du poumon, mais plusieurs : c’est une maladie très hétérogène« , nous avertit d’emblée le Pr. Nicolas Girard, pneumo-oncologue à l’Institut Curie.

En effet : si, comme leur nom l’indique, tous les cancers du poumon se développent initialement dans les poumons, « la tumeur cancéreuse à proprement parler peut se développer à partir de différentes cellules pulmonaires, ce qui donne des « types » de cancers bien précis » remarque le spécialiste.

Quels sont les types de cancers du poumon ?

Le cancer du poumon le plus fréquent (il représente environ 85 % des cas en France), c’est le cancer du poumon non à petites cellules : la tumeur maligne se développe alors à la faveur de la multiplication anarchique des cellules de l’épithélium glandulaire des tissus pulmonaires (qui sont situées sur la surface extérieure du poumon) ou des cellules épithéliales des tissus pulmonaires (qui tapissent l’intérieur du poumon).

Arrive ensuite le cancer du poumon à petites cellules (qui représente 15 % des cas en France et que l’on appelle aussi Cancer Bronchique à Petites Cellules ou CBPC) qui se développe à partir des cellules neuroendocrines des bronches.

Cancer du poumon : quels sont les facteurs de risque ?

À savoir. Le cancer du poumon touche une majorité d’hommes « bien que cette maladie soit en progression chez les femmes » remarque le Pr. Nicolas Girard. L’âge au diagnostic est d’environ 67 ans pour les hommes, 65 ans pour les femmes. « Le cancer du poumon est très exceptionnel chez l’enfant » précise le pneumo-oncologue.

Quels sont les facteurs de risque du cancer du poumon ? Sans surprise, « le » facteur de risque principal du cancer du poumon, c’est le tabac. « Le tabagisme est impliqué dans environ 80 % des cas, et il est à l’origine de l’immense majorité des cancers du poumon à petites cellules » souligne le Pr. Nicolas Girard.

« Chez les fumeurs, le risque de développer un cancer du poumon croît de façon exponentielle et il est acquis au fil du temps. En clair : arrêter de fumer « bloque » la progression du risque mais ne permet pas de le faire redescendre » explique le spécialiste.

Toutefois, en France, 15 % des cancers du poumon surviennent chez des non-fumeurs : « il existe d’autres facteurs de risque qui sont plus rares, notamment l’exposition professionnelle à certains métaux lourds, à l’amiante, à l’arsenic… » note le Pr. Nicolas Girard.

Cancer du poumon : des symptômes ?

Malheureusement, dans la majorité des cas, le cancer du poumon débute de façon silencieuse : il n’y a aucun symptôme. Rarement, on peut observer l’apparition d’une toux chronique, des crachats parfois sanguinolents (hémoptysie), des difficultés à respirer (dyspnée ou essoufflement), des infections respiratoires à répétition (bronchite, pneumonie…), une perte d’appétit ou encore une perte de poids.

« Chez environ 70 % des patients, le cancer du poumon est diagnostiqué au stade métastatique, c’est-à-dire tardivement, lorsque le cancer s’est diffusé à d’autres organes que les poumons » explique le Pr. Nicolas Girard. En cas de cancer du poumon, on peut ainsi observer le développement de métastases au niveau du cerveau, du foie, des os ou encore des glandes surrénales. » Ces métastases donnent des symptômes « en fonction de leur localisation » : il peut notamment être question de douleurs osseuses, de crises convulsives, de paralysies…

Cancer du poumon : vers un dépistage organisé ?

« En France, il n’y a malheureusement pas de dépistage organisé du cancer du poumon : c’est pourtant le cas en Angleterre, aux Pays-Bas, en Belgique, au Canada et aux États-Unis » remarque le pneumo-oncologue.

« Les autorités sanitaires françaises ont tendance à adhérer à cette vieille croyance selon laquelle les patients seraient « responsables » de leur cancer du poumon parce qu’ils ont fumé : or, on sait aujourd’hui que le tabagisme est une addiction, donc une maladie. » Selon le spécialiste, ce dépistage organisé permettrait pourtant de réduire la mortalité du cancer du poumon d’environ 25 % chez l’homme et de 40 % chez la femme.

Le Pr. Nicolas Girard recommande un dépistage du cancer du poumon aux personnes à risque : « vous êtes à risque si vous avez plus de 50 ans et que vous avez fumé pendant / vous fumez depuis plus de 25 ans. » Ce dépistage prend la forme d’un scanner thoracique.

Cancer du poumon : comment est-il diagnostiqué ?

Le diagnostic du cancer du poumon se déroule en plusieurs étapes : outre le scanner thoracique (« la radiographie du poumon est inutile en cas de cancer du poumon » souligne le Pr. Nicolas Girard), le médecin prescrira un bilan d’extension afin de savoir s’il y a des métastases : celles-ci peuvent être observées à l’aide d’un PET-scan, éventuellement complété d’une IRM du cerveau. « Le diagnostic de cancer du poumon est confirmé à l’aide d’une biopsie » ajoute le spécialiste.

Cancer du poumon : quels traitements ?

Si le cancer est détecté avant le stade métastatique, une chirurgie peut être envisagée : « concrètement, cela consiste à enlever la tumeur et à compléter par une chimiothérapie » explique le spécialiste. Le risque de rechute est élevé (il est d’environ 50 % sous 5 ans) mais le taux de survie est important ; environ 60 % – 70 % à 5 ans.

« En cas de cancer du poumon métastatique, le test génétique est absolument essentiel » affirme le Pr. Nicolas Girard. L’objectif est de savoir s’il y a une anomalie ciblable dans les gènes de la tumeur cancéreuse : « si le test génétique met en évidence une anomalie ciblable, on va pouvoir recourir à un traitement ciblé qui va « éteindre » les effets de la mutation génétique. Si aucune anomalie particulière n’est mise en lumière, la prise en charge consiste en une immunothérapie qui va « réactiver » les défenses immunitaires du patient contre le cancer. Cette immunothérapie peut être complétée d’une chimiothérapie.« 

Attention ! « Lorsqu’il y a une anomalie ciblable, l’immunothérapie est inefficace : c’est tout l’enjeu du test génétique ! Le problème, c’est qu’il faut rechercher les anomalies génétiques pour les identifier. À l’heure actuelle, les autorités sanitaires recommandent la recherche d’au moins 4 anomalies sur la dizaine d’anomalies les plus fréquentes. Ainsi, encore trop de patients sont traités par immunothérapie alors qu’un traitement ciblé aurait pu être possible.« 

[Mise à jour, 12 avril 2022] Pour la première fois, une étude internationale de phase 3 (CheckMate-816) menée chez 358 patients atteintes de cancer du poumon de type « non à petites cellules » non métastatique, montre des bénéfices d’une combinaison d’immunothérapies avec une chimiothérapie, administrée avant la chirurgie. Approuvé en mars 2022 aux Etats-Unis par la FDA, ce nouveau traitement améliore significativement la survie et réduit de près de 40% le risque de récidive et de décès. En savoir plus sur cette avancée majeure contre le cancer du poumon.

Cancer du poumon : quelle est l’espérance de vie ?

Bonne nouvelle, la mortalité à deux ans a diminué en France, passant de 79 % en 2000 à 74 % en 2010, puis à 52 % en 2020, selon des résultats, non encore consolidés (étude KBP-2020-CPHG), présentée dimanche 29 janvier 2023, à l’occasion du Congrès de pneumologie de langue française à Marseille. La survie à un an est passée de 40 % en 2000 à 55 % en 2020.

Le taux de survie des patients atteints d’un cancer du poumon dépend du stade de la maladie. « Il est d’environ 30 % si le cancer est métastatique et traité par immunothérapie ; il est un peu plus élevé en cas de traitement ciblé » répond le pneumo-oncologue.

topsante

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