Après les artistes, les étudiants du Sahel également indésirables en France ?

Minister for Higher Education and Research Sylvie Retailleau visits the headquarters of Parcoursup, the website portal for students wishing to apply to a French University in Toulouse, southwestern France on June 12, 2023. (Photo by Lionel BONAVENTURE / AFP)

Plusieurs étudiants originaires d’Afrique ont récemment vu leur venue dans l’Hexagone refusée en raison des coups d’Etats militaires au Niger, au Mali et au Burkina Faso, a révélé «Le Monde» vendredi 15 septembre.

A peine le président Macron a-t-il eu le temps de tenter de circonscrire la polémique sur la suspension française des collaborations avec les artistes du Sahel, que surgit celle sur les étudiants. Les arrivées dans l’Hexagone de plusieurs d’entre eux ont été annulées ces derniers jours, en raison de la situation diplomatique tendue avec les nouvelles autorités militaires de ces trois pays, a révélé Le Monde vendredi 15 septembre au soir.

Le quotidien cite le cas de Koffi et Aya, deux étudiants burkinabais en lien avec des universités à Aubervilliers et Lyon, qui se sont respectivement vu refuser leur bourse d’étude et leur visa. Le premier a reçu un mail d’un représentant ministère des Affaires étrangères, signifiant qu’après les «événements intervenus à Niamey [Niger] fin juillet […] la France a suspendu son aide au développement à destination du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Cette décision concerne également les bourses de mobilité du gouvernement français, dont vous êtes bénéficiaire».

En outre, «des dizaines d’étudiants se retrouvent immobilisés pour une durée inconnue et sont “les victimes innocentes de la crise diplomatique actuelle”», affirme le père de la jeune femme au Monde. L’an dernier, les représentants de ces trois nationalités ont représenté environ 7 000 étudiants en France.

«Accueillir les artistes, les intellectuels»
Vendredi, Emmanuel Macron avait pourtant réfuté tout «boycott» des représentants de ces pays africains victimes de coups d’Etat, martelant au contraire «la vocation de la France» a «accueillir les artistes, les intellectuels» afin de «les faire rayonner en toute liberté».

Du coté du ministère des Affaires étrangères, on met donc en avant les questions matérielles pour justifier ces blocages. «Le ‘‘contexte sécuritaire’’ a conduit à une forte réduction du nombre d’agents présents dans les consulats, ce qui limite la capacité à délivrer des visas», a expliqué le Quai-d’Orsay auprès du Monde.

C’est d’ailleurs la même défense qui avait été présentée vendredi matin par la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, au sujet de la limitation de la venue des artistes des pays du Sahel : «Dans ces conditions et dans cette violence qui monte, la France a décidé de réduire ses équipes et de fermer les services de visas. Matériellement, il n’est pas possible aujourd’hui de délivrer des visas».

«Il n’a jamais été question et il ne sera jamais question ni de faire payer les populations pour les erreurs de leurs dirigeants ni de confondre coopération scientifique et politique», plaide l’entourage de la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, auprès du Monde. Suivant l’évolution de la situation au Niger, au Burkina Faso et au Mali, la question de la délivrance des visas sera «réévaluée dans les semaines à venir», assure son cabinet.

En attendant, promet l’entourage de la ministre, «les intellectuels, les chercheurs et les étudiants qui doivent se rendre en France et qui détiennent déjà un visa pourront, comme les artistes, continuer de le faire». Idem pour les étudiants sahéliens en cours d’étude en France, qui pourront continuer à percevoir les aides financières de l’agence nationale Campus France.

liberation

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