Le « général Armaggedon » avait disparu des écrans depuis la mutinerie du groupe de mercenaires fin juin. Cette fois, plusieurs photos de lui en Algérie avec une délégation du ministère de la Défense ont été rendues publiques dans la presse russe. L’avenir de Sergueï Sourovikine reste en pointillé.
Après une première photo il y a douze jours – publiée sur Telegram et non authentifiée – le montrant se rendant au restaurant, sans doute dans la région de la capitale russe, cette fois, il semble bien que Sergueï Sourovikine soit en vie. Et actif.
Plusieurs clichés le montrant ont d’abord été publiés mercredi dernier sur le compte Facebook d’une mosquée d’Oran. Y est précisé, qu’« une délégation russe de haut rang » a été reçue par le directeur des affaires religieuses et des dotations et par l’imam. Le général Sourovikine y apparaît en tenue sable, sans aucun insigne signalant un grade et sans médailles.
Depuis début septembre, sa biographie a d’ailleurs disparu du site internet du ministère de la Défense. Plusieurs médias russes avaient d’ailleurs rapporté auparavant sa démission de son poste de commandant des forces aérospatiales.
Commentaires anonymes
Il aura fallu deux jours pour que ces photos surgissent en Russie sur plusieurs chaînes Telegram dont certaines réputées proches du groupe Wagner, mais aussi dans la presse, avec cette fois des commentaires certes anonymes mais de sources militaires.
Pourquoi le général Sourovikine réapparaît-il ainsi, un peu plus de trois semaines après le crash de l’avion qui transportait Evgueni Prigojine ainsi que plusieurs de ses lieutenants, dont Dimitri Outkine ?
Selon l’une des sources militaires citées par le journal Kommersant, « il est évident que Sourovikine reste digne de confiance au plus haut niveau et il est possible que le voyage du général soit lié à une éventuelle future nomination ».
Une autre source citée cette fois par le quotidien Les Izvestia note qu’« il ne s’agit pas d’une visite militaire, mais d’une réunion intergouvernementale au cours de laquelle des systèmes d’armes sont proposés ». Sourovikine ne serait présent qu’en tant qu’« invité d’honneur ».
La chaîne Telegram VCHK-OGPU note elle que, « malgré le statut officiel de l’événement, Sourovikine portait des vêtements civils à toutes les réunions, ce qui confirme son licenciement des forces armées russes ». La même chaîne avance que ce serait en réalité l’administration présidentielle qui aurait réussi à obtenir l’autorisation pour le général de participer à des événements.
Pour VCHK-OGPU, « cela témoigne du début d’une campagne visant à remplacer Prigojine par la figure de Sourovikine, sur le marché intérieur et international, afin de contenir l’hégémonie croissante de Choïgou au sein du pouvoir. »
Depuis la mutinerie de fin juin, les images qui ont filtré des déplacements dans les pays où Wagner était présent, montraient uniquement des officiels et gradés russes, dont le vice-ministre de la Défense Yunus Bek-Yevkourov.
Il avait organisé la construction des lignes de défense
Sergueï Sourovikine avait été nommé commandant du Groupe conjoint des forces russes en Ukraine début octobre 2022. C’est lui qui a assumé le retrait de l’armée de la ville de Kherson et organisé la construction des lignes de défense. Le 11 janvier 2023, le président russe Vladimir Poutine le démettait pour le remplacer par Valery Gerasimov, le chef d’état-major général.
Désigné en mai 2023 par Evgueni Prigojine comme un interlocuteur entre l’armée et lui sur la question de l’approvisionnement des munitions, le général Sourovikine était apparu pour la dernière fois face au grand public russe la nuit de la mutinerie le 23 juin dernier.
Mitraillette sur les genoux, il demandait dans une vidéo aux combattants de Wagner de s’arrêter. Plusieurs médias depuis avancent qu’il lui aurait été reproché d’avoir été au courant des préparatifs de la rébellion.
RFI