La réapparition du général russe Sergueï Sourovikine laisse entrevoir l’émergence d’une nouvelle milice, trois mois après la rébellion avortée du groupe Wagner.
Il avait disparu depuis la tentative de coup d’État du groupe Wagner. Le général russe Sergueï Sourovikine, l’un des commandants emblématiques de l’offensive russe en Ukraine, limogé en raison de ses liens avec le groupe Wagner, est réapparu après des mois d’absence en Algérie, à l’occasion d’une visite officielle. Il devrait être chargé par Vladimir Poutine de reconstruire une milice après la dissolution de Wagner.
Sur des images publiées mardi sur le compte Facebook de la grande mosquée d’Oran mais apparues dans des médias russes vendredi, on peut voir Sergueï Sourovikine dans une tenue civile beige aux côtés d’officiers russes en uniforme militaire et de l’imam de cette mosquée, Abou Abdallah Zebar.
« Une délégation russe de haut niveau a visité la Grande Mosquée Abdelhamid Ben Badis, et a été reçue par le Directeur des Affaires Religieuses et l’Imam de la Grande Mosquée », a-t-elle indiqué dans un message accompagnant ces photos.
Un proche de Wagner qui n’a pas soutenu la mutinerie
Le but de la visite de Sergueï Sourovikine en Algérie n’a pas été précisé et Moscou n’a pas communiqué à ce sujet, mais les spéculations sur son sort allaient bon train depuis sa disparition de l’espace public après la rébellion avortée du groupe Wagner en juin.
C’est lui que Vladimir Poutine aurait choisi pour créer et prendre la tête d’un nouvel organisme paramilitaire avec d’anciens membres de Wagner. Selon plusieurs médias russes, il avait été limogé de son poste de commandant en chef des forces aérospatiales en août, deux mois après la mutinerie de Wagner, dont il était jugé proche, mais qu’il n’a pas soutenu.
Lors de la révolte de 24 heures de Wagner qui a ébranlé le pouvoir russe, Sergueï Sourovikine avait appelé les mutins à « arrêter » et à rentrer dans leurs casernes « avant qu’il ne soit trop tard ». Mais le général était néanmoins jugé proche de son chef, Evguéni Prigojine, décédé dans un crash d’avion en août.
Réputé impitoyable, Sergueï Sourovikine a été l’un des principaux commandants de l’intervention militaire russe en Ukraine. Vétéran de la guerre soviétique en Afghanistan et de la deuxième guerre de Tchétchénie dans les années 2000, Sergueï Sourovikine a aussi participé à la brutale campagne russe en Syrie en 2015. Surnommé le « général Armageddon » pour ses méthodes brutales, il est également appelé « le boucher syrien » en référence à cette campagne.
Avant l’Ukraine, Sergueï Sourovikine, originaire de Sibérie, a été l’un des chefs des forces russes en Syrie. L’ONG Human Rights Watch l’a accusé en 2020 d’être l’un de ceux qui « ont pu assumer la responsabilité » d’attaques sur des zones résidentielles, des écoles et des hôpitaux.
En Russie, il est aussi connu pour avoir pris part à la tentative de coup d’Etat échouée de 1991, qui a signé l’arrêt de mort de l’URSS. Emprisonné après que les troupes sous son commandement eurent tué trois manifestants pro-démocratie, Sergueï Sourovikine avait été libéré quelques mois plus tard.
billault