Crise climatique, pétrole cher: les compagnies aériennes n’échappent pas à l’impératif de sobriété et sensibilisent leurs pilotes à chasser le gaspillage de kérosène au quotidien, mais pas au détriment de la sécurité.
Le transport aérien émet moins de 3% du CO2 mondial, mais est montré du doigt car seule une petite minorité l’emprunte. Et ses effets sur le réchauffement sont vraisemblablement supérieurs car il produit aussi des oxydes d’azote et des traînées de condensation.
Malgré un environnement contraint par la technologie des avions, le contrôle aérien ou la météo, les transporteurs disposent de plusieurs leviers qui, ensemble, permettent des gains notables.
Parmi ces solutions d' »écopilotage »: allumer un seul moteur lors des phases de déplacement au sol et gérer finement le déploiement du train d’atterrissage ou des volets accroissant la surface des ailes à basse vitesse.
Les partenaires industriels des compagnies les aident à modéliser des plans de vol les plus efficaces possible. Airbus équipe ses avions du système « Cost Index » s’apparentant à un bouton « éco » d’automobile, mais bien plus sophistiqué, permettant d’arbitrer entre la durée du vol et la consommation.
Autre illustration, les « approches continues », plus fluides, vers les aéroports. EasyJet a ainsi obtenu une révision des trajets à Nice-Côte d’Azur et milite pour une amélioration de l’efficacité du contrôle aérien via le « ciel unique européen » qui pourrait faire gagner 10% de consommation, explique à l’AFP le directeur général de la compagnie britannique pour la France et les Pays-Bas, Bertrand Godinot.
Le maître-mot reste la sécurité du vol, prévient Federico Ercules, pilote et instructeur au centre de formation d’easyJet près de Milan (Italie): « c’est seulement quand nous sommes sûrs à 100% que la sécurité n’est pas compromise que nous commençons à effectuer le vol le plus efficient possible ».
Chaque petite mesure ne fait peut-être gagner que 10 kg de kérosène sur trois tonnes consommées pendant un trajet de 1.000 km, « mais en fait, avec le nombre de vols qu’easyJet exploite, cela nous permettra d’économiser des tonnes et des tonnes de carburant », démontre-t-il. EasyJet estime que l’écopilotage lui permet de réduire ses émissions annuelles de 2,5%.
La compagnie, qui a publié il y a un an une feuille de route détaillée vers le « zéro émission nette » de CO2, objectif de tout le secteur aérien pour 2050, a réduit de « plus de 30% » ses émissions par passager au kilomètre ces 20 dernières années, et veut les faire à nouveau baisser « de 35% d’ici à 2035 », rappelle M. Godinot.
Elle et ses concurrents low-cost européens (Ryanair, Wizz Air, Transavia…) sont engagés dans le renouvellement graduel de leur flotte avec des appareils de dernière génération, Airbus A320neo ou Boeing 737 MAX. EasyJet, qui attend une centaine de « neo » neufs d’ici à 2028, soutient aussi le programme d’Airbus d’avion à hydrogène, promis pour une entrée en service en 2035.
La principale association internationale de compagnies aériennes, l’Iata, mène depuis 2005 des audits pour identifier les aspects des opérations pouvant être améliorés, obtenant en moyenne des économies de kérosène de 4,4% par compagnie.
Une mesure « bonne pour l’environnement et bonne pour la rentabilité », selon l’organisation dont les membres consacrent au carburant entre le quart et le tiers de leurs frais de fonctionnement.
afp