Réchauffement climatique : a-t-on vraiment atteint le point de non-retour ?

La planète aurait peut-être déjà franchi le point de bascule, selon le climatologue Markus Rex, qui a mené la plus grande expédition scientifique au pôle Nord. La fonte de la banquise pourrait être irréversible. Et entraîner avec elle une « cascade » d’événements climatiques néfastes.

Huit mois après le retour de la mission scientifique MOSAIC à bord du brise-glace Polarstern, la plus importante jamais menée au pôle Nord, le couperet est tombé. La banquise pourrait bientôt n’être qu’un lointain souvenir.

Sa disparition dans l’Arctique en été « est l’une des premières mines dans le champ de mines, l’un des points de basculement que nous déclenchons en premier lorsque nous poussons le réchauffement trop loin », a alerté mardi 15 juin le chef de la mission, le climatologue et physicien allemand Markus Rex, lors d’une conférence de presse avec la ministre allemande de l’éducation et de la recherche, Anja Karliczek. « On peut vraiment se demander si nous n’avons pas déjà marché sur cette mine et déjà déclenché le début de l’explosion. »

Les prochaines années seront déterminantes pour sa sauvegarde. Selon le scientifique, la banquise est « l’épicentre du réchauffement global » et aurait reculé « plus vite durant le printemps 2020 que depuis le début de (la mise en place de) mesures (de ralentissement) ».

Rien d’étonnant, relativise Didier Swingedouw, climatologue au laboratoire environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux au CNRS et coauteur du rapport du Giec sur les océans et la cryosphère. « On s’attend à ce que l’Arctique soit libre de glace l’été d’ici peut-être une vingtaine ou une trentaine d’années. C’est un élément du système climatique qui peut changer rapidement mais elle n’est pas reconnue comme un élément de bascule », nuance-t-il.

D’autres « points de bascule »

Sans nier la gravité de l’accélération de sa fonte, celle de la calotte groenlandaise (épaisse de 3 kilomètres) ou celle de l’Antarctique serait autrement plus inquiétante car irréversible, met-il en garde. De même que la mort de la Grande Barrière de corail. C’est là, justement, l’une des inquiétudes de Markus Rex. Le récif corallien australien est en sursis, et « nous ne savons pas non plus si nous pouvons (le) sauver».

La fonte exponentielle de la banquise peut entraîner avec elle des effets indésirables « en cascade » sur le climat et « aggraver encore le réchauffement », « comme la disparition de la calotte glaciaire du Groenland ou le dégel de zones toujours plus vastes du permafrost arctique », a-t-il averti. Il y a urgence. Mais le seuil critique de 1,5 degré de réchauffement fixé par l’accord de Paris n’a pas été dépassé.

Encore un espoir

« On est à 1,07 degré en 2020 », observe Didier Swingedouw. « L’évolution climatique, par définition, peut prendre un peu de temps. L’objectif du 1,5 degré tient toujours. Il n’est pas trop tard pour ralentir le réchauffement, la crise du Covid nous a montré que c’était possible… mais il faut prendre ses responsabilités. » Les mesures de confinement ont fait baisser les émissions de dioxyde de carbone de 7 % en 2020. Un record.

La feuille de route du rapport spécial du Giec de 2018 prévoit de « réduire de 5 % nos émissions de carbone tous les ans dès 2019 si l’on veut rester sous le seuil des 2 degrés », rappelle Didier Swingedouw.

Source: lacroix

1 Commentaire

Laisser un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

You may like