L’appel à l’aide déchirant d’Haïti, dépassé par la violence des gangs

L’appel à l’aide déchirant d’Haïti, dépassé par la violence des gangsL’appel à l’aide déchirant d’Haïti, dépassé par la violence des gangs

Les Etats-Unis ont annoncé vendredi que plusieurs pays comptaient contribuer sous la houlette du Kenya à cette force que Port-au-Prince réclame depuis un an, mais sa mise en place prendra sans doute encore quelques mois, sans parler de son déploiement effectif.

“La vie quotidienne du peuple haïtien est douloureuse, c’est pourquoi le Conseil de sécurité (…) doit agir d’urgence en autorisant le déploiement d’une mission multinationale d’appui sécuritaire, policier et militaire”, a imploré vendredi Ariel Henry. la plateforme de l’ONU, alors qu’un vote est attendu prochainement, peut-être la semaine prochaine.

« Je demande à la communauté internationale d’agir, et d’agir vite », a insisté le Premier ministre, énumérant les horreurs que les gangs font vivre à sa population. “Enlèvements contre rançon, pillages, incendies criminels, massacres récents, violences sexuelles et sexistes, trafic d’organes, trafic d’êtres humains, homicides, exécutions extrajudiciaires, recrutement d’enfants soldats, blocages routiers, principaux”, a-t-il déclaré.

Le Kenya propose de fournir 1 000 agents
Les gangs, qui contrôlent l’essentiel de la capitale de ce pauvre pays des Caraïbes et règnent dans la terreur, ont tué plus de 2.400 personnes depuis le début de l’année, selon l’ONU. La police nationale haïtienne n’est pas en mesure de les affronter, d’où l’idée d’une force multinationale en soutien à l’île qui connaît de multiples crises, politiques et humanitaires. « 10 à 12 pays ont fait des offres concrètes pour cette mission », a indiqué la numéro deux du Département d’État américain, Victoria Nuland, à l’issue d’une réunion ministérielle sur Haïti en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Elle a refusé de nommer les pays, mais la Jamaïque, les Bahamas et Antigua-et-Barbuda ont indiqué qu’elles participeraient. Le Kenya, qui s’est porté volontaire pour diriger cette force, a proposé de fournir 1 000 membres des forces de sécurité. Les États-Unis entendent apporter un soutien logistique important – transport aérien, communications, logement, médical – mais, a priori, pas de forces de sécurité terrestres.

“Cette mission de soutien ne remplacera pas les avancées sur le plan politique”, a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken lors de la réunion, disant espérer que cette force pourra être “déployée d’ici quelques mois” car “il n’y a pas de temps à perdre”. Le secrétaire d’État a également annoncé que le gouvernement de Joe Biden demanderait au Congrès 100 millions de dollars pour le financer.

La force internationale doit disposer d’une composante policière importante mais aussi d’une composante militaire, en appui à la police haïtienne. Sa mission sera d’apporter une assistance opérationnelle, d’assurer la sécurité des installations critiques et des voies de circulation, ainsi que de renforcer la police à long terme. Elle attend désormais le feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU pour être mise en place, même si elle ne se fera pas sous le drapeau de l’ONU.

Hésitation par peur d’un bourbier mortel
La Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, a déclaré qu’elle « espère que les membres du Conseil de sécurité admettront qu’ils ne peuvent pas utiliser Haïti comme un pion, parce que (les Haïtiens) souffrent depuis trop longtemps, entre les mains de beaucoup trop de pays ». , sans être plus précis. Un projet de résolution préparé par les Etats-Unis et l’Equateur doit être discuté la semaine prochaine à l’ONU, a déclaré Victoria Nuland, exprimant son “fort soutien” à ce texte.

Mardi à l’ONU, le président américain Joe Biden a appelé le Conseil de sécurité à « autoriser maintenant » l’envoi d’une force multinationale en Haïti car « le peuple haïtien ne peut plus attendre ». Son homologue kenyan William Ruto a fait de même jeudi, jugeant « hors de question » d’abandonner une population terrorisée par les gangs.

Depuis près d’un an, Ariel Henry, fragilisé par l’absence d’élections dans son pays depuis 2016, réclame l’envoi d’une telle force. Mais la communauté internationale, brûlée par les expériences passées et les risques de se retrouver coincée dans un bourbier meurtrier, peine à se mobiliser.

dayfr

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