C’est l’un des évènements de la rentrée dans le monde de l’opéra : « Carmen » rejoué comme lors de sa première présentation il y a 150 ans. Une expérience originale menée à Rouen qui a demandé des mois de recherches et de préparation jusqu’à la veille de la première.
Carmen en ouverture de la rentrée lyrique. A première vue, on se dit que l’Opéra de Rouen Normandie a choisi la facilité en programmant l’opéra français le plus joué dans le monde. Mais il n’en est rien. Car la version présentée à six reprises jusqu’au 3 octobre est celle qui fut jouée en mars 1875 à l’Opéra-Comique à Paris, avec les costumes, les décors et la mise en scène de l’époque.
Cette première représentation de Carmen fut un fiasco tant public que critique. Pour son créateur Georges Bizet ce fut un terrible échec qui accéléra peut-être les dégâts causés par sa maladie pulmonaire ; le compositeur mourut trois mois après cette première.
Retour aux origines
A l’origine de ce projet, il y a une structure méconnue du grand public, le Palazzetto Bru Zane Centre de musique romantique française basé à Venise. La mission de ce lieu de recherche musicologique : mettre en valeur le répertoire français romantique (1780-1920). Pour Carmen, il a fallu mener une véritable enquête afin de retrouver des dessins et des carnets comportant des détails sur les costumes, les décors et la mise en scène comme les moments où entrent les solistes et les chœurs.
Les choeurs, un vrai personnage
Ces indications ont permis au jeune metteur en scène Romain Gilbert de travailler étroitement avec les chœurs. Des chœurs qui à la fin du XIXe siècle vécurent une vraie révolution avec ce Carmen de Bizet. « Avant, explique Romain Gilbert, les chœurs étaient compacts, ils entraient sur scène, chantaient puis sortaient.
Avec Carmen en 1875, pour la première fois, le chœur prend son essor, s’individualise et incarne de vrais personnages.
Chanter ce Carmen, un régal si l’on en croit les membres d’Accentus – un chœur de chambre fondé en 1997 par Laurence Equilbey. « C’est une partition qui fait la part belle aux chœurs. Avec Carmen, même si on n’est pas solistes, on n’a pas de frustration », confie Elise Beckers, choriste dans le choeur Accentus.
Un opéra où les chœurs jouent un grand rôle. Ils sont assurés par les membres du chœur Accentus et la Maîtrise du Conservatoire à rayonnement régional de Rouen. (France 3 Normandie)
Liste d’attente
Avec des costumes signées Christian Lacroix (il en a confectionné 155) et une distribution soignée – la Canadienne Deepa Johnny (Carmen), le ténor néo-zélandais Thomas Atkins (Don José) pour ne citer qu’eux -, ce spectacle a suscité l’engouement du public. Toutes les représentations sont en liste d’attente. Là où il est, Monsieur Bizet peut enfin se réjouir, sa Carmen est enfin reconnue à sa juste valeur.
francetvinfo