L’ONU et les Etats membres s’engagent à mettre fin à la tuberculose

Les dirigeants mondiaux ont participé ce vendredi à une réunion de haut niveau sur la tuberculose ont approuvé une Déclaration politique assortie de nouveaux objectifs ambitieux pour les cinq prochaines années afin de mettre fin à cette épidémie.

C’est un plan de grande envergure : il vise à atteindre 90% des personnes bénéficiant de services de prévention et de soins de la tuberculose, en utilisant un test rapide recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme première méthode de diagnostic de la maladie.

Il entend aussi fournir des prestations sociales à toutes les personnes atteintes de tuberculose et assurer l’homologation d’au moins un nouveau vaccin contre la maladie.

D’ici 2027, il vise à combler les déficits de financement pour la recherche sur cette pathologie qui frappe chaque année 10 millions de personnes et reste, à raison d’un million de morts par an, l’une des principales causes de mortalité infectieuse dans le monde. 

« Pendant des millénaires, nos ancêtres ont souffert et sont morts de la tuberculose, sans savoir ce que c’était, ce qui la causait ou comment l’arrêter », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, le Directeur général de l’OMS. « Aujourd’hui, nous disposons de connaissances et d’outils dont ils ne pouvaient que rêver. La déclaration politique que les pays ont approuvée aujourd’hui, et les objectifs qu’ils se sont fixés, constituent un engagement à utiliser ces outils et à en développer de nouveaux pour écrire le dernier chapitre de l’histoire de la tuberculose ».

Une maladie évitable et curable

« Pourquoi, après tous les progrès que nous avons réalisés – de l’envoi de l’homme sur la lune à l’ère de la communication mondiale instantanée – n’avons-nous pas été en mesure de vaincre une maladie évitable et curable qui tue plus de 4.400 personnes par jour ? », s’est étonné Dennis Francis, Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, lors de son allocution d’ouverture de la réunion de haut niveau.

A ses yeux, les réponses sont évidentes : l’épidémie de tuberculose prospère en raison d’inégalités bien connuestelles que la pauvreté et la dénutrition. Et elle est encore exacerbée par les conflits, le changement climatique et d’autres crises.

« La pandémie de COVID-19 a anéanti des années de progrès dans la lutte contre la tuberculose, faisant peser un fardeau encore plus lourd sur les personnes touchées, en particulier les plus vulnérables », a ajouté Dennis Francis.

Le fossé dans l’accès aux services médicaux dans l’ensemble de la chaine de soins est criant, tandis que la stigmatisation et la discrimination continuent d’aggraver les vulnérabilités et d’entraver la réponse de santé publique.

Bilan mesuré des objectifs fixés en 2018

Evaluant les progrès accomplis dans la réalisation des cibles fixées en 2018 pour une période de cinq ans, l’OMS a indiqué que, bien que les efforts mondiaux de lutte contre la tuberculose aient permis de sauver plus de 75 millions de vies depuis l’an 2000, ils n’ont pas pour autant atteint leur but. Seules 34 millions de personnes sur les 40 millions atteintes de tuberculose ont reçu un traitement entre 2018 et 2022.

Par ailleurs, l’OMS constate que le financement des services de lutte contre la tuberculose dans les pays à revenu faible ou intermédiaire accuse un déficit de financement de 50% par rapport aux sommes requises pour la mise en œuvre des programmes de lutte contre la tuberculose. Le financement annuel de la recherche sur la tuberculose a varié de 0,9 milliard de dollars à 1,0 milliard de dollars entre 2018 et 2022, ce qui ne représente que la moitié de l’objectif fixé en 2018.

Offensive pour un vaccin antituberculeux

« L’innovation est vitale dans cette entreprise », a insisté Dennis Francis. « La recherche en sciences sociales et sur les systèmes de santé est essentielle ».

« Et nous avons également besoin de diagnostics rapides abordables et plus précis sur le lieu des soins, ainsi que de schémas thérapeutiques plus efficaces et non toxiques, en particulier pour la tuberculose pharmaco-résistante » qui touche un demi-million de personnes chaque année, a-t-il ajouté.

Plus encore, il n’existe pour l’instant qu’un seul vaccin homologué contre la tuberculose, le BCG, qui ne protège pas adéquatement, selon l’OMS, les adultes et les adolescents, sujets de 90% de la transmission de la maladie.

D’où l’importance de la récente création par le chef de l’OMS, du Conseil d’accélération du vaccin antituberculeux, dévolu à la recherche, la mise au point, l’homologation et l’utilisation de nouveaux vaccins antituberculeux. 

Le Conseil, appuyé par le secrétariat de l’OMS, sera dirigé par un conseil ministériel composé de neuf membres et vise à identifier des financements durables innovants, des solutions de marché et des partenariats entre les secteurs public, privé et philanthropique. Il tirera parti d’organisations et de plateformes telles que l’Union africaine, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), les pays BRICS (Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), le G20, le G7 et d’autres pour renforcer l’engagement et les actions en faveur du développement et de l’accès à un nouveau vaccin antituberculeux. 

Revoir les systèmes de santé

La réunion de haut niveau a aussi abordé l’adéquation des systèmes de santé à la riposte contre cette épidémie. Dennis Francis a évoqué les efforts en faveur d’une couverture sanitaire universelle. Il a rappelé à quel point l’accès équitable aux avantages de la recherche est également fondamental, quel que soit les capacités financières des bénéficiaires. 

Pour sa part, la Dre Tereza Kasaeva, Directrice du Programme mondial de lutte antituberculeuse de l’OMS, a appelé, par-delà la tuberculose, à saisir l’occasion d’améliorer la préparation des systèmes de santé à des pandémies et de tirer parti des enseignements de la Covid-19.

« Prévenir les difficultés financières liées à la tuberculose et prévenir le développement de la maladie dans les groupes vulnérables contribuera à réduire les inégalités au sein des pays et entre eux, contribuant ainsi à la réalisation des objectifs de développement durable », a-t-elle préconisé.

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