Le nouveau bateau de croisière de la compagnie Ponant, le Commandant Charcot, a été conçu pour avoir un impact environnemental réduit. Ce brise-glace, qui multiplie les innovations technologiques, embarque des scientifiques au long cours, en vue de documenter les changements subis par les régions polaires, premières affectées par le dérèglement climatique.
Il y a deux ans, le 6 septembre 2021, le Commandant Charcot devenait le premier bateau français à atteindre le pôle Nord géographique au cours de son premier voyage en mer en vue de former l’équipage. Le 13 juillet 2022, le brise-glace de croisière a repris le chemin du pôle Nord géographique avec cette fois des passagers à son bord.
« Nous avons à cette occasion ouvert la voie au navire océanographique norvégien Kronprins Haakon, qui nous a accompagné durant trois jours de navigation vers le pôle Nord, se souvient le commandant Patrick Marchesseau. Ce fut un triste record, car la navigation a été très facile. Nous n’avons utilisé à cette occasion qu’un tiers de l’énergie du bateau, la navigation s’étant faite en grande partie en eaux libres…
« La conquête du pôle Nord, qui à la fin du 19e siècle a attiré de nombreux navigateurs, aventuriers et scientifiques au péril de leur vie, s’appuie aujourd’hui sur des images satellitaires qui permettent d’interpréter au mieux les images radar reçues en temps réel à la passerelle.
Le premier brise-glace de croisière au monde et un « navire d’opportunité »
Le Commandant Charcot, nouveau bateau de la compagnie Ponant, est le premier brise-glace de croisière au monde. Mais pour Johan Etourneau, chercheur à l’université de Bordeaux, c’est surtout un réel « navire d’opportunité ». Le spécialiste en paléoclimatologie, paléoocéanographie et géochimie organique a été le premier scientifique embarqué en 2021 pour une mission antarctique en mer de Weddell jusqu’à Ushuaïa.
Sa deuxième mission à bord s’est déroulée durant 30 jours en mars 2023, ce qui lui a permis de prélever des échantillons dans des lieux où il n’était jamais allé à cette saison. « Cela permet de collecter des données scientifiques en complément des missions océanographiques, explique le scientifique. Ces missions se déroulent durant un mois au maximum et seulement tous les deux à trois ans. Avec le Commandant Charcot, nous pouvons désormais enregistrer des données en continu. »
Échantillonnage de glace. A gauche, Johan Etourneau.
Dès la conception du bateau, des espaces ont en effet été prévus dans la coque pour y installer des capteurs qui mesurent en permanence salinité, température, pression et taux de dioxyde de carbone.
L’institut Paul-Emile Victor (IPEV) et l’Ifremer ont contribué à définir l’équipement des deux laboratoires aménagés au troisième pont, dont un laboratoire dit « humide », alimenté en eau de mer grâce à des pompes à eau placées sous le bateau.
Des prélèvements dans les profondeurs peuvent être faits à l’aide d’un treuil depuis la plage arrière du bateau.
Le climat antarctique, bien plus complexe qu’on ne le pensait
Les chercheurs de l’Institut allemand Alfred-Wegener pour la recherche polaire et marine ont par ailleurs développé un système (Sea Ice mesurement system) qui mesure en continu l’épaisseur de la banquise devant le navire.
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