La gestion des parcs nationaux au nord du Bénin plongée dans un contexte de pression terroriste

Le nord du Bénin a été le théâtre d’attaques depuis 2019, d’abord contre les forces de sécurité, puis contre les civils. Selon le bilan global donné par l’armée, elles ont tué 25 soldats et une quarantaine de civils. 63 terroristes ont été neutralisés. Les militaires de l’opération Mirador, déployée début 2022 pour lutter contre les terroristes et sécuriser les frontières, ont récemment accepté d’emmener plusieurs médias avec eux dans le Nord, dont Radio France internationale (RFI).

Selon Radio France internationale, près de l’entrée du parc national du W Bénin, une plaque en pierre, dix noms y sont inscrits, dont ceux de plusieurs rangers d’African Parks, l’ONG chargée de la gestion du parc, tués lors d’attaques il y a moins de deux ans : « Vous savez que nous sommes dans le parc national du W Bénin, dans la base opérationnelle d’Alpha Boira, à partir de laquelle nous déployons les opérations de conservation ».

Signalons que le nom du W vient de la forme que prend le fleuve Niger, tout au nord. Dans sa partie béninoise, ces 7 000 km2 de nature constituent une zone sauvage dont les terroristes peuvent tirer profit et qui est donc surveillée par l’armée. La formation des rangers a dû être adaptée. « Nous ne pouvons pas rester dans un contexte qui a changé sans aussi changer un peu notre façon de fonctionner, mais aussi donner aux équipes, surtout aux rangers, des attitudes pour pouvoir opérer dans un contexte aussi particulier en toute discrétion et en évitant les zones dangereuses », a expliqué à RFI Abdelaziz Bello, le directeur du parc.

Le parc de la Pendjari, plus à l’ouest, est également confronté à ce nouveau contexte sécuritaire. Il y a moins de deux semaines, African Parks annonçait la mort d’un de ses rangers dans une attaque qui a aussi tué deux soldats, à la limite de la Pendjari. Mais là aussi, l’ONG poursuit ses actions de conservation d’une faune exceptionnelle. « Nous avons plus de 360 espèces d’oiseaux et plus de 160 espèces de mammifères, décrit Orlus. En termes d’animaux phare, nous avons le lion, nous avons également les dernières populations de guépards, mais aussi de léopards, nous avons aussi la plus grande population d’éléphants en Afrique de l’Ouest. »

Les populations, une aide préciseuse

Une peau de guépard sèche sur le sol, devant un bâtiment orangé presque comme la terre. « Pour le moment, même s’il n’y a plus de touristes temporairement, nous faisons en sorte que les activités de conservation se poursuivent. Et que les communautés locales comprennent l’utilité de ces activités, indique Habteyesus Mathewos, le directeur du parc. Nous travaillons toujours avec les communautés, parce qu’elles peuvent parfois faire partie des problèmes, mais elles peuvent aussi être d’une grande aide, à condition qu’elles en tirent des bénéfices. »

Parmi les défis, dans les grands parcs du Bénin et les alentours : l’accès aux ressources naturelles pour les populations. Pour éviter que naissent des conflits qui peuvent constituer un terreau fertile pour les terroristes.

VivAfrik

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